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Des initiatives autour de propositions concrètes peuvent être prises afin de mobiliser les citoyens, du local au global.

Depuis la COP 21 à Paris, l’impression est tenace : la communauté internationale ne progresse pas dans la lutte contre le réchauffement climatique ! Les états-Unis sont sortis de l’accord, les COP suivant celle de Paris n’ont pas « transformé l’essai » ni donné d’impulsions nouvelles, les émissions de CO2 de l’Europe et de la France continuent à progresser. Un bilan globalement négatif donc !

Les citoyens mobilisés pour le climat
Dans le même temps, les citoyens ont fait irruption dans le débat avec des mobilisations massives et sous des formes variées. On pense aux marches climat mais aussi à la pétition « L’affaire du siècle » qui a été signée par plus de deux millions de nos concitoyens !
Cette pétition dénonce l’inaction de l’État sur la question et entend le poursuivre en justice. Un chiffre historique pour une pétition en ligne qui traduit l’exigence de réponses concrètes et d’actes politiques immédiats. Car les gens perçoivent qu’il est urgent d’agir mais aussi qu’il est possible d’agir. Cela conforte tous les sondages qui montrent que les préoccupations écologiques montent en puissance dans l’opinion. Le scrutin européen l’a d’ailleurs récemment mis en évidence, sous la forme d’une poussée du vote écologiste dans plusieurs pays (France, Allemagne, Irlande), vote qui est apparu comme étant le plus efficace sur ces questions.
La question se pose de cette inertie, de cette inaction des gouvernements. Le poids des groupes de pression, l’égoïsme du profit sont clairement mis en cause et le « système » est maintenant souvent directement interpellé par les manifestants avec des slogans tels que « Sauvons la banquise, pas les banquiers » ou « Pour de l’argent, ils tueraient terre et mer ». En France, 41 % de l’électorat de gauche attend d’un parti de gauche qu’il propose des solutions sur l’écologie. La perception qu’il faut s’attaquer au capitalisme sur ces questions-là monte en puissance. On peut donc parier sur un maintien à haut niveau des mobilisations citoyennes. Mais, jusqu’à présent, cela n’a pas suffi. L’urgence climatique commande des réponses immédiates. Comment les obtenir ?

Une campagne européenne pour des réponses concrètes
Au niveau international, la sortie des états-Unis de l’accord de Paris n’amène pas une dynamique positive, et les pays riches rechignent à donner l’aide financière promise. La Chine s’oriente a contrario vers une politique beaucoup plus environnementale. S’appuyer sur les opinions publiques pour créer un rapport de forces obligeant à l’action concrète nécessite que des pays donnent l’exemple avec des mesures vertueuses. L’Europe où les opinions publiques sont réceptives est un échelon adapté pour cela.

« La perception qu’il faut s’attaquer au capitalisme sur ces questions-là monte en puissance. »

Le Parti de la gauche européenne (PGE) est un bon outil pour mener une campagne coordonnée en faveur d’une réduction des gaz à effet de serre. Oui, une campagne européenne au niveau de ce qui a été fait sur les questions de la paix dans les années 1950 avec l’appel de Stockholm serait une initiative heureuse.
Pour lever un frein à la mobilisation, il est urgent de faire des propositions très concrètes et crédibles, appropriables par le plus grand nombre, des solutions rapides et de moyen terme pour faire baisser les émissions de CO2 :
• Gratuité des transports en commun, taxation du kérosène, baisse de la TVA sur le transport ferroviaire, doublement du fret ferroviaire et politique de grands travaux européens de développement du ferroviaire.
• Ferroutage (ou transport fluvial) pour les transports routiers qui ne relèvent pas de la desserte de proximité.
• Circuits courts agricoles et industriels encouragés par la taxation des productions « circuits longs ».
•Rénovation énergétique des bâtiments par un plan vigoureux d’aides financières aux particuliers comme aux organismes publics.
• Soutien à la recherche sur les questions énergétiques.
D’autres pistes sont envisageables et discutables. Mais il convient de marier des propositions à effet immédiat et simple (ex : taxation du kérosène) avec des solutions qui demandent un peu de temps pour entrer en application.
Il faut bousculer les « grands » de ce monde qui ne prennent pas de mesures radicales pour relever le défi climatique car celles-ci entravent leur liberté de faire du profit. Nous affirmons qu’il est possible de relever le défi climatique. Sans attendre la fumée blanche sortie d’une nouvelle conférence internationale (ce qui serait toutefois utile). Il faut avancer des propositions concrètes de nature à mobiliser nos concitoyens, du local au global !
Car si l’échelon européen est pertinent et donne du sens s’il est bien coordonné, il peut être utilement relayé par des actions plus locales comme la gratuité des transports en commun, qui permettent de mobiliser au plus proche, au plus nombreux, sans avoir l’impression de devoir compter sur une mobilisation internationale. Batailles locales qui, en outre, rendent crédibles des perspectives de changement, d’amélioration sans devoir « soulever des montagnes » hors de la portée du citoyen.
Les mobilisations climat vont se poursuivre. Les communistes y ont toute leur place ; ils peuvent contribuer à une montée en puissance des mobilisations, qu’elles soient à l’échelon européen ou local. Cette implication peut aboutir à des avancées, à des victoires qui confortent l’utilité du militantisme, et elle est potentiellement porteuse de propositions progressistes pour peu qu’on soit présent dans la bataille d’idées sur les solutions à apporter. Nous allons travailler à tout cela avec des initiatives dès l’université d’été du PCF fin août et lors des deuxièmes assises communistes de l’écologie à la fin de l’année 2019. Chacun y trouvera matière et arguments pour ces mobilisations nécessaires !

Alain Pagano est membre du comité exécutif national. Il est responsable de la commission écologie.

Cause commune n° 12 • juillet/août 2019