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En cette veille d’élection, le Parti de la gauche européenne (PGE) veut ouvrir la porte du Parlement européen au monde du travail, en relais des luttes et construire une communauté de peuples libres et associés.

C’est un moment crucial pour l’avenir de notre pays et de l’Europe. Le 9 juin 2024, nous aurons à choisir nos représentants et représentantes au Parlement européen, qui auront la responsabilité de défendre les intérêts et les droits des peuples face aux institutions et aux groupes de pression qui dominent l’Union européenne. Cette élection est une opportunité historique pour faire entendre la voix des travailleurs et des travailleuses, la voix du monde du travail, de celles et de ceux qui ne sont que très peu représentés au parlement en France, comme en Europe. C’est une opportunité à un moment historique aussi pour le Parti communiste français, comme pour le Parti de la gauche européenne, sur les enjeux européens.
Nous sommes les seuls, à avoir à la fois lutté avec constance contre tous les traités et toutes les directives libérales, mais aussi, et dans le même mouvement, les seuls à porter un contreprojet européen, des peuples libres souverains et associés, un contreprojet de coopération entre les peuples européens, bien loin des nationalismes.

Un large rassemblement de gauche
C’est sur ces fondements que le PCF propose de construire un large rassemblement de gauche. Ces fondements avec lesquels il ne transigera pas. Pour faire élire des députés qui dévoileront les responsables des politiques d’austérité et qui ouvriront la porte de cette institution au peuple en étant le relais des luttes.
Le Parti de la gauche européenne (PGE) œuvre à l’élaboration d’un manifeste électoral commun avec ses partis membres, dont le PCF, mettant l’accent sur les services publics, le coût de la vie et les droits sociaux, mais aussi sur l’enjeu de la paix et de la lutte contre le réchauffement climatique.

« Le PGE a l'ambition d'être l'instrument d'une nouvelle unité de la gauche en Europe au-delà des clivages politiques, en travaillant à la convergence et à l'action commune de toutes les forces progressistes et vertes. »

Cette élection intervient dans une situation compliquée pour le PGE, marquée par les crises existentielles en cours au sein de nombreux partis de gauche en Europe, telles que celles vécues par Syriza en Grèce ou Die Linke en Allemagne, conséquence de crises démocratiques et économiques plus larges qui traversent toute l’Europe.
Les partis membres du PGE se sont réunis en assemblée générale à Ljubjana en Slovénie, le 24 fevrier 2024, et sont restés unis autour de combats communs avec un manifeste voté, c’est-à-dire une plateforme commune de propositions entre l’ensemble des partis membres, pas seulement en opposition mais aussi et surtout en propositions alternatives.
Nos partis sont enracinés dans la lutte contre le fascisme et la guerre. Nous y puisons notre force et nous nous appuierons sur les victoires durement acquises aujourd’hui, en Amérique latine et ailleurs, où les peuples se mobilisent pour une autre société et pour vaincre la haine et la peur, et nous les étendrons. Les forces antifascistes et de gauche doivent construire une coopération internationale pour soutenir et populariser cette vision – et pour rejeter l’anticommunisme croissant qui va de pair avec la montée de l’extrême droite.

Dans son manifeste, le PGE propose des initiatives concrètes suivantes :
• la mise en œuvre intégrale de la résolution du Parlement européen sur l’augmentation de la violence néofasciste et l’interdiction de toutes les organisations et fondations néofascistes et
néonazies ;
• la construction d’un centre européen antifasciste de documentation, de recherche scientifique et d’éducation ;
• la proposition de faire du 25 avril une journée européenne de la lutte contre le fascisme.
Le PGE a l’ambition d’être l’instrument d’une nouvelle unité de la gauche en Europe au-delà des clivages politiques, en travaillant à la convergence et à l’action commune de toutes les forces progressistes et vertes. Le manifeste électoral qui a été élaboré est l’objet de débats pour tous ceux et toutes celles qui veulent travailler pour une Europe démocratique, juste, féministe et écologique, basée sur un nouveau paradigme de développement durable.
Les partis membres du PGE croient en une Europe capable de faire des choix politiques différents, mettant fin aux politiques économiques libérales prédatrices et favorisant la coopération et la paix. Pourtant, la situation est exacerbée, les fondements libéraux capitalistes de l’Union européenne ont des conséquences concrètes. La dérégulation interne a renforcé les inégalités, tandis que les politiques de concurrence et de libéralisme ont pris le pas sur les besoins sociaux. Plus que ça, l’économie de guerre, sur fond d’impérialisme, se met en place partout dans les pays de l'Union européenne.

Un programme pour la législature 2024-2029
En renforçant ses échanges avec la Confédération européenne des syndicats, et avec les syndicats lors des forums et des universités d’été 2024, les partis membres du PGE aspirent à une Union européenne où les mouvements sociaux jouent un rôle central et sont écoutés pour réorienter les choix politiques, contre le néolibéralisme actuel de l’UE.
Des agriculteurs et des pêcheurs mobilisés en France pour une réforme des politiques européennes telles que la PAC, aux luttes pour les salaires, le pouvoir d’achat, les retraites et les revendications féministes et écologiques à l’échelle européenne, ces mouvements sont essentiels pour changer les politiques européennes.

« Cette élection est une opportunité historique pour faire entendre la voix du monde du travail, de celles et de ceux qui ne sont que très peu représentés au parlement en France, comme en Europe. »

Le coût de la vie en Europe augmente constamment, rendant l’accès aux biens de consommation courante difficile. Les politiques d’austérité ont dégradé les services publics, augmenté les prix et détérioré les conditions de vie des citoyens. Logement, santé, éducation… des pans entiers du public sont offerts aux appétits du marché partout dans l’Union européenne.
Le logement est devenu partout un problème majeur, avec des prix élevés et une pénurie d’offres. La crise du logement est une conséquence directe des politiques néolibérales de l’UE et de ses États membres.
L’éducation doit être accessible à toutes et à tous et libre de l’influence des intérêts privés ou religieux. Le PGE s’oppose aux politiques de privatisation de l’enseignement supérieur, qui sont aujourd’hui massives, et se bat pour des échanges internationaux accessibles à tous, étudiantes et étudiants.
De même, les systèmes de santé subissent les effets des politiques de contraction des dépenses publiques, tandis que la pandémie de covid a mis en lumière les défis liés à la coopération internationale en matière de santé.
La protection sociale doit être renforcée pour réduire les taux de pauvreté. Les politiques d’austérité menacent ces systèmes et remettent en cause les acquis sociaux. Les politiques de l’UE ont contribué à la dégradation des services publics, avec des conséquences désastreuses pour les citoyens et les citoyennes.

« Les services publics et la protection sociale peuvent constituer des points d’appui précieux pour trouver une issue de progrès humain à la crise systémique et aux défis de la période historique que nous vivons. »

Les politiques du marché du travail ont rendu plus difficile pour les jeunes de trouver un emploi stable et bien rémunéré. Majoritaires parmi les employés des services publics, les femmes subissent une précarité accrue. Les inégalités salariales et professionnelles persistent en France comme en Europe, générant des conséquences graves et concrètes sur les vies et les droits des femmes. Au sein de l’Union européenne, les salaires féminins sont en moyenne inférieurs de 12%. Les femmes sont seulement 66 % à occuper un emploi. Pourtant plus diplômées, elles sont présentes dans un tiers des postes d’encadrement.
Dans le cadre du programme du PGE pour la législature du Parlement européen 2024-2029, plusieurs points essentiels sont mis en avant : les services publics doivent être renforcés partout pour les usagers mais aussi pour permettre de mener une politique de recrutement ambitieuse, être des employeurs exemplaires en matière de rémunération et d’écoute des employés sur l’organisation du travail. Ils doivent éviter d’imposer le travail à temps partiel et veiller à ce que les ressources et le financement permettent de garantir un travail émancipateur.
Pour le Parti de la gauche européenne, la priorité est de lutter contre la pauvreté croissante en Europe en garantissant un alignement par le haut dans tous les domaines relevant des droits humains et des boucliers sociaux.
Le PGE se bat pour que l’Union européenne conditionne systématiquement les aides publiques à des critères sociaux et environnementaux, en collaboration avec les salariés et leurs représentants, hommes et femmes.
Engagés pour une UE transparente, les partis membres du PGE défendent la création d’un observatoire indépendant des services publics en Europe, au sein des instances de la Commission européenne. Cet observatoire serait chargé de mesurer et d’évaluer les améliorations ou les détériorations de ces services, permettant ainsi de réorienter les politiques européennes. Contrairement à l’approche actuelle de l’Union européenne axée sur la concurrence, nous voulons des coopérations entre les principaux services publics nationaux, basées sur des valeurs solidaires, pour répondre aux besoins humains de tous.
Le PGE et ses partis membres rejettent les solutions simplistes telles que la sortie de l’UE ou la désobéissance sans perspective de changement réel. De même, il s’oppose à l’idée d’une Europe fédérale imposant ses choix aux peuples. Ces approches ne feraient que renforcer l’extrême droite, qui progresse sur fond de désespoir en Europe. Il est urgent de contester les règles budgétaires restrictives et de redonner aux peuples leur souveraineté démocratique, en favorisant des coopérations basées sur des projets communs bénéfiques à tous.

« Engagés pour une UE transparente, les partis membres du PGE défendent la création d’un observatoire indépendant des services publics en Europe. »

Les partis membres du PGE défendent une Europe basée sur des projets partagés et utiles aux peuples, plutôt que sur la concurrence et le néolibéralisme. Ils se battent pour une Europe démocratique et sociale, où les droits humains et les boucliers sociaux sont prioritaires.
Les services publics et la protection sociale, peuvent constituer des points d’appui précieux dans le processus de dépassement du capitalisme, indispensable pour trouver une issue de progrès humain à la crise systémique et aux défis de la période historique actuelle. Les services publics sont des sillons existants pour creuser de nouveaux chemins d’humanité.

Hélène Bidard est membre du comité exécutif national du PCF. Elle est membre du secrétariat du PGE.

Cause commune n° 38 • mars/avril/mai 2024