Pendant la crise sanitaire du coronavirus, le nombre de décès a fortement augmenté en France, avec des différences marquées selon les caractéristiques des individus et notamment selon le pays de naissance. Toutes causes de décès confondues, les décès en mars et avril 2020 de personnes nées à l’étranger ont augmenté de 48 % par rapport à la même période en 2019, contre + 22 % pour les décès de personnes nées en France. La hausse a été la plus forte pour les personnes nées en Afrique (+ 54 % pour les décès de personnes nées au Maghreb, + 114 % pour celles nées dans un autre pays d’Afrique) ou en Asie (+ 91 %). Comment expliquer cette surmortalité ?
D’abord, les personnes nées en Afrique ou en Asie résident environ deux fois plus souvent dans les territoires les plus densément peuplés, et particulièrement en Île-de-France, là où la hausse des décès a été la plus forte et ce quel que soit le pays de naissance. En effet, si 35 % des personnes nées en France résident dans les communes les plus densément peuplées, c’est le cas de 65 % de celles nées dans un pays du Maghreb et de plus de 70 % de celles nées dans un autre pays d’Afrique ou en Asie.
Ensuite, les conditions d’existence ont joué un rôle dans l’ampleur de la hausse des décès pendant la pandémie et sur les possibilités de distanciation physique : les personnes nées en Afrique hors Maghreb et celles nées au Maghreb ont les logements les plus exigus (respectivement 1,3 pièce par occupant et 1,6, contre 1,8 pour l’ensemble des habitants) et sont celles qui utilisent habituellement le plus les transports en commun pour aller travailler (respectivement 49 % et 28 % en 2016, contre 15 %). Les personnes nées en Asie utilisent aussi davantage les transports en commun pour se rendre à leur travail (31 %) et ont des logements plus petits (1,3 pièce). D’autres facteurs comme l’état de santé ou l’accès aux soins ont aussi pu contribuer aux écarts observés et mériteraient d’être étudiés.
Enfin, les personnes nées en Afrique sont parmi les plus exposées au risque de contamination en raison de leur métier : elles sont surreprésentées parmi les « travailleurs clés »*, c’est-à-dire les professions en contact avec le public et qui ont continué à travailler sur site pendant la période de confinement : 14 % des personnes en emploi et nées dans un pays du Maghreb et 15 % de celles nées dans un autre pays d’Afrique sont des « travailleurs clés », contre 11 % parmi celles nées en France ou 12 % parmi celles nées en Asie.
statistiquesn°19
Une surmortalité deux fois plus élevée des personnes nées à l’étranger
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