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Le collectif d’étude du « Mouvement des idées » se met en place pour se mettre au service du combat émancipateur.

Après la séquence électorale et le séisme politique qu’elle a engendré, le PCF entreprend un vaste chantier de travail sur lui-même et sur la construction à gauche. Son Conseil national a adopté une résolution qui fait état des analyses, des méthodes, et établit un calendrier pour aller vers un congrès extraordinaire en 2018. S’il veut véritablement être extraordinaire, le déroulement de sa préparation doit devenir aussi un acte politique majeur riche de nombreux débats, de bilans et d’explorations de pistes d’avenir.

Des questions et des thèmes seront ouverts, instruits et débattus et les communistes en seront entièrement partie prenante et décisionnaire afin de réussir les révolutions à opérer.

Dans le même mouvement, l’ouverture et les échanges avec toutes celles et tous ceux qui sont sensibles à l’existence d’une alternative de transformation sociale de progrès qui font une priorité de l’émancipation humaine sont nécessaires et utiles. Leur apport, qu’elles ou ils soient chercheurs, syndicalistes, associatifs, intellectuels, et les échanges constructifs avec toutes et tous seront d’une très grande utilité. Et il est tout autant utile que toutes et tous peuvent vérifier ce que nous disons et faisons, et non pas ce qu’on nous fait dire. Elles et ils sont et seront invités à participer à cet immense travail. Nous avons beaucoup à partager et à construire ensemble.

Appréhender le monde pour mieux agir

Un des objectifs de travail du collectif « Mouvement des idées » est de contribuer à ce travail en profondeur. Il y a besoin d’appréhender le monde, de recenser les travaux mais aussi d’améliorer les coordinations et les enrichissements mutuels entre les lieux de réflexion que sont les revues, les fondations…

Collectif de la direction du PCF, le collectif se fixe des objectifs politiques et met en œuvre des travaux. Il organisera les auditions et les rencontres nécessaires. Ce collectif a commencé le travail pour instruire des débats. Il fournira des notes de synthèse pour le parti, et éditera des documents. Il concentrera les données de la bataille idéologique en favorisant les passerelles avec toutes les productions déjà engagées.

Les outils à notre disposition sont efficients : nos revues au sein desquelles des intelligences collectives et individuelles travaillent, écrivent, se confrontent et produisent. La fondation Gabriel-Péri et Espace Marx, chacun dans ses domaines de compétences et avec caractéristiques et statuts propres, entretiennent un travail collectif et produisent eux aussi. Les travaux du LEM qui, des années durant a labouré le terrain des idées se sont inscrits dans l’état d’esprit de ces constructions transversales. Le collectif se mobilisera pour dépasser une certaine confidentialité parfois dans la diffusion des travaux et favorisera aussi toutes les coopérations fructueuses.


« Mettre notre énergie à donner sens et force aux contenus transformateurs, tisser du lien interactif avec celles et ceux qui appréhendent à leur manière cet enjeu et refusent les démissions est donc une dimension essentielle de notre activité. »

Comprendre mieux le monde d’aujourd’hui, mesurer ses défis, agir sur ces réalités en mouvement, nécessite bien plus que la foi du charbonnier ou la répétition de concepts solidifiés par le temps. Comprendre pour mieux agir, pour gagner en pertinence, appréhender les idées dans leur mouvement, n’est pas de toute nouveauté certes, mais les ressauts de notre société, les accélérations, les changements de paradigme dans bien des domaines questionnent notre ambition de transformation sociale.

Travail en profondeur et urgence politique

J’y ajoute que la dimension d’urgence est là aussi : la montée en puissance des idées liberticides ou rétrogrades, les usurpations du domaine social par les nouveaux national-populismes, tout cela fait face à des attentes sourdes mais fortement présentes pour un avenir se libérant des dominations. Nous vivons un bras de fer historique. Mettre notre énergie à donner sens et force aux contenus transformateurs, tisser du lien interactif avec celles et ceux qui appréhendent à leur manière cet enjeu et refusent les démissions est donc une dimension essentielle de notre activité.

L’ensemble de ce travail passe par la politique. Il est la politique. Mettre en commun travaux et recherches en cours au sein de notre parti aidera à faire plus de commun et plus de pertinence. Pousser les débats et les recherches, auditionner chercheurs et penseurs et échanger avec eux, en passant de l’écoute à la coconstruction quand c’est possible enrichira réflexions et prises de décision. Susciter intérêt et envie aux militants du Parti communiste ce sera aider au militantisme et à l’engagement.

Méthodes et moyens

« Le désespoir des uns et les humiliations sociales des autres peuvent conduire au pire. La réalité et le sentiment de déclassement des classes moyennes, les colères et les frustrations des classes populaires peuvent les faire basculer du côté des populistes, des nationalistes ou bien du côté de cette vieille droite maurassienne réconciliée aujourd’hui avec le néolibéralisme et la globalisation.[...] Pour être crédible et en finir avec les paroles à responsabilités limitées aux échéances électorales, il nous faut à la fois être réalistes et utopiques» Roland Gori

Pour être réalistes et utopiques, nous avons besoin de travailler. Des questions lourdes sont et seront à traiter : avec Macron, le libéralisme aurait-il emporté la partie alors que tel n’expriment pas les aspirations populaires ? Comment en est-on arrivé à des personnalisations à outrance de la politique ? Les représentations de la société sont-elles toujours majoritairement forgées par les conditions sociales objectives ou bien la complexité des situations les occultent-elles ? La perception de classe est-elle si dévaluée au point que des rhétoriques simplistes du « peuple » ou des « gens » l’emportent. Est-ce qu’on ne passe pas d’une logique de présentation à une forte logique d’identification ?

Le collectif s’est donné comme feuille de route de les traiter par des notes et des auditions.

Au sein de ces questions structurelles, six items sont en travaux pour la rentrée de septembre : sur les populismes, le clivage gauche/droite ; sur le vécu de la politique ; sur la notion de communs ; sur les causes idéologiques de la réussite de Macron ; sur Europe-monde avec cette question : « Sur quoi butons-nous ? » ; sur le progrès scientifique : potentiel et peurs.

Ces notes feront le point sur les enjeux idéologiques, sur l’état des questionnements, les pistes de réponses et feront des propositions afin de nourrir les débats. Des auditions sur ces thématiques seront organisées et des publications dans la revue Cause commune feront partager régulièrement ce travail afin de l’enrichir. Une initiative publique de débats sur ces enjeux devrait également se tenir à la Fête de l’Humanité à laquelle nous vous donnons rendez-vous. 

*Marc Brynhole est membre du Comité exécutif national, chargé du collectif Idées.