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La jeunesse regorge de forces créatrices, d’idées novatrices et d’ingéniosité, nécessaires pour répondre aux défis économiques, sociaux, sanitaires et environnementaux auxquels notre pays est confronté. Les nombreuses rencontres délocalisées avec les jeunes, organisées par le PCF et le MJCF depuis l’été, ont contribué à l’élaboration du pacte pour la jeunesse.

La jeunesse est aujourd’hui dans une situation d’urgence. En septembre 2021, on dénombrait un million et demi de jeunes sans emploi ni formation, auxquels il faut ajouter les dizaines de milliers d’autres alternant entre contrats précaires (intérims, CDD, service civique…) et chômage. Les effets de cette situation sont très concrets : plus d’un jeune sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. Côté formation aussi, la situation se dégrade fortement. Les derniers rapports du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), bien que non exhaustifs, montrent que les inégalités scolaires augmentent en France, faisant de notre système éducatif un des plus inégalitaires d’Europe. Le retrait d’une demi-journée en primaire, la mise en concurrence des établissements scolaires, la réforme du baccalauréat, la quasi-disparition d’un tronc commun général dans la filière professionnelle ont déroulé le tapis rouge à l’enseignement privé sur tout le territoire et sapé les fondements d’une école pour toutes et tous. À quoi s’ajoute la mise en place d’une sélection généralisée, de l’entrée à l’université jusqu’au master, renforçant en bout de chaîne la sélection sociale opérée par l’école.

« Cette période charnière de la vie n’est pas appréhendée de la bonne manière par nos responsables politiques, prisonniers d’un dogme libéral incapable de répondre aux besoins
et aux aspirations des jeunes. »

« Il faut que jeunesse se passe »
Si la situation a été mise en lumière pendant la pandémie, elle est loin d’être nouvelle. Alors que la jeunesse devrait être une période de découverte et de formation dans tous les domaines, elle se voit au contraire depuis longtemps acculée à la résignation et à l’abandon de ses projets. La jeunesse pâtit d’un manque d’ambition politique à son égard. Cette période charnière de la vie n’est pas appréhendée de la bonne manière par nos responsables politiques, prisonniers d’un dogme libéral incapable de répondre aux besoins et aux aspirations des jeunes.
Chaque gouvernement laisse entendre qu’« il faut que jeunesse se passe », et se passe le plus rapidement possible. Il accompagne la jeunesse d’une série de mesurettes sporadiques pour qu’elle tienne le coup. Il la voit comme une période de vie compliquée, pleine d’erreurs inévitables, dont il vaudrait mieux sortir au plus vite, car pénible tant pour les jeunes que pour leur entourage, et coûteuse pour le pays.
C’est pourtant tout le contraire : c’est précisément à cette période de la vie qu’il faut construire l’avenir commun à toute cette génération.
Alors, plutôt que jeunesse se passe, je l’affirme, il faut que jeunesse se fasse, pour répondre aux enjeux et aux défis d’aujourd’hui et de demain. Loin d’être une difficulté à traiter, la jeunesse est une richesse collective pour l’avenir. Loin d’être le problème, elle est la solution. C’est elle qui pousse à des comportements nouveaux dans la société, pour l’égalité des droits, la fin du patriarcat, le respect de la dignité humaine comme de nos ressources naturelles. La jeunesse regorge de forces créatrices, d’idées novatrices et d’ingéniosité, nécessaires pour répondre aux défis économiques, sociaux, sanitaires et environnementaux auxquels notre pays est confronté. Pour nous qui considérons qu’un changement radical de système, un dépassement de l’ordre capitaliste est non seulement souhaitable mais possible, la jeunesse en constitue indubitablement un des principaux leviers.

Le PCF propose un pacte à la jeunesse
Le Parti communiste français propose un pacte à la jeunesse, qui en toute cohérence s’élabore avec les jeunes eux-mêmes. En effet, qui de mieux placé que les jeunes pour construire leur propre projet ? C’est la garantie d’un programme répondant à leurs besoins et à leurs aspirations. Ainsi, dès l’été dernier, nous avons réuni l’ensemble des organisations de jeunesse communistes pour construire les premières revendications, dont nous avons dégagé les priorités.
• Première ambition : une jeunesse mieux formée. Nous souhaitons augmenter le temps passé à l’école et mettre fin aux devoirs à la maison : ce qui doit être appris à l’école le sera dorénavant à l’école. Cette mesure ira de pair avec le dédoublement des classes pour limiter à vingt-cinq le nombre d’élèves par classe.

« La jeunesse est une richesse collective pour l’avenir. Loin d’être le problème, elle est la solution. »

Nous proposons la création d’un revenu pour tous les étudiants afin de les sortir de la précarité et du salariat et qu’ils puissent se consacrer à plein temps à leurs études. Cette ambition répond à la fois aux besoins de la jeunesse mais aussi de la société tout entière, afin de relever les défis de demain. D’un côté nous avons besoin d’avoir de meilleurs médecins, ingénieurs, enseignants, métallurgistes, tourneurs-fraiseurs, etc. ; de l’autre, des centaines de milliers de jeunes sont sans emploi ni formation. Nous les formerons et les recruterons.
• Seconde ambition : mettre fin au bizutage social que constitue l’entrée sur le marché du travail. Nous nous donnons pour ambition qu’aucun jeune ne soit au chômage. Trop souvent l’entrée dans la vie active est synonyme de précarité et c’est là le premier facteur de résignation. Mis en concurrence les uns avec les autres, les jeunes sont poussés bien souvent à accepter des emplois sous-payés, précaires et ne correspondant pas à leurs aspirations. Pour y remédier nous créerons un service public de l’emploi qui aura pour mission de proposer a minima à chaque jeune un CDI à la sortie de ses études. Parallèlement nous mettrons en place un système de prérecrutement dans le service public pour planifier les besoins.
• Troisièmement ambition enfin : nous voulons créer un statut social pour en finir avec la minorité sociale jusqu’à 25 ans et au-delà. L’épanouissement n’est pas qu’une question d’emploi et d’éducation, c’est aussi des transports gratuits, un droit au logement, l’accès au sport, à la culture, aux loisirs... Nous garantirons de nouveaux droits aux jeunes.
Depuis l’été dernier, les militants du PCF et du MJCF arpentent les rues de leur ville, de leur village, mais aussi les lycées et les universités, pour mettre ces propositions en débat. Partout en France plus de cent rencontres sont déjà programmées et bien d’autres sont à prévoir. À côté de cela, les jeunes communistes organisent un processus d’assises de la jeunesse permettant aux jeunes d’un territoire de se rencontrer pour échanger sur leur situation et construire ensemble une alternative. De ces rencontres sortira un projet politique global, qui sera présenté au début de l’année 2022 et qui constituera un véritable pacte pour la jeunesse.

Léon Deffontaines est secrétaire général du Mouvement jeunes communistes de France (MJCF).

Cause commune • janvier/février 2022