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par Mickaël Orand

L’abstention aux scrutins de 2017 a été en moyenne de 39 % : 22 % au premier tour et 25 % au second tour pour l’élection présidentielle, 51 % et 57 % aux premier et second tours pour les élections législatives.

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L’abstention aux scrutins de 2017 a été en moyenne de 39 % : 22 % au premier tour et 25 % au second tour pour l’élection présidentielle, 51 % et 57 % aux premier et second tours pour les élections législatives.

Mais au total, seulement 13 % des inscrits (un sur sept) n’ont voté à aucun de ces scrutins(1). 36 % des inscrits ont au contraire voté à chacun des quatre scrutins, et 51 % des inscrits ont donc voté par intermittence, s’abstenant à au moins un des scrutins. L’élection présidentielle reste beaucoup plus mobilisatrice que les législatives : parmi les inscrits n’ayant voté à aucun des deux tours de la présidentielle, à peine 6 % ont participé aux législatives : à l’inverse, les deux tiers des personnes s’étant abstenues aux législatives ont voté à au moins un tour à la présidentielle.

« Les cadres ne sont que 6 % à s’être abstenus à tous les scrutins, contre 16 % des ouvriers. »

Le passage au quinquennat et l’inversion du calendrier électoral depuis 2002 ont au moins un côté positif : ils permettent de comparer les scrutins successifs plus précisément. En 2017, l’abstention systématique aux quatre scrutins a légèrement augmenté par rapport aux années précédentes (cf. graphique), et la participation systématique a baissé fortement : elle était de plus de 47 % des inscrits en 2002, 2007 et 2012, contre seulement 36 % en 2017. En particulier, la participation aux législatives a faibli fortement. En 2017, 20 % des inscrits ont voté aux deux tours de la présidentielle mais pas aux législatives : cette part était de 9 % seulement en 2002, de 18 % en 2007 et de 15 % en 2012.
L’abstention systématique concerne plus souvent les classes populaires : 25 % des personnes sans diplôme se sont abstenues systématiquement en 2017, contre 8 % des titulaires d’un diplôme supérieur au bac, les cadres ne sont que 6 % à s’être abstenus à tous les scrutins, contre 16 % des ouvriers ; enfin, parmi les 25 % de Français les plus pauvres, l’abstention systématique s’élève à 21 %, contre 7 % pour les 25 % de Français les plus riches.
Soulignons pour terminer que ces statistiques concernent les inscrits sur les listes électorales. Or l’inscription elle-même laisse apparaître de fortes inégalités sociales(2), avec une inscription moins fréquente chez les plus jeunes, chez les moins diplômés, ou encore chez les employés et ouvriers. Rappelons également que les étrangers résidant en France, même européens, n’ont pas le droit de vote aux élections présidentielles et législatives. L’électorat français est donc encore loin d’être représentatif des personnes vivant en France.

1) Guillemette Buisson et Sandrine Penant, « Élections présidentielles et législatives de 2002 à 2017 : une participation atypique en 2017 » et « Élections présidentielle et législatives de 2017 : neuf inscrits sur dix ont voté à au moins un tour de scrutin »,
INSEE Première, n° 1671 et 1670.
2) Voir Sébastien Durier et Guillaume Touré « Élections de 2017 : 6,5 % des citoyens ont fait une démarche volontaire pour s’inscrire », INSEE Focus, n° 80.

Cause commune n° 4 - mars/avril 2018