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Un rapport d’experts sur l’OTAN très inquiétant !

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Organisation du Traité de l’Atlantique nord en projection.

Le 1er décembre dernier a été publié un rapport sous le titre OTAN 2030 – Unis pour une nouvelle ère, émanant d’un groupe d’ « experts » nommés par l’OTAN pour préconiser des réformes de l’alliance atlantique. Jens Stoltenberg, son secrétaire général, a annoncé que ce rapport servirait de base à un document d’orientation qui sera soumis aux chefs d’État et de gouvernement lors du prochain sommet, prévu en mars 2021 à Bruxelles en présence de Joe Biden.
Il contient plusieurs propositions très inquiétantes, dessinant une sorte d’impérialisme high tech. Il s’agit en premier lieu d’accentuer l’intégration des États dans l’alliance en limitant le droit de véto, en renforçant les pouvoirs du secrétaire général et en faisant de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres une véritable instance centralisée, où les décisions seraient pour la plupart prises à la majorité. Concrètement, une opération militaire pourrait être décidée contre la volonté d’un ou plusieurs États.

Une logique d’affrontement contre la Russie et la Chine
Par ailleurs, la logique de l’OTAN se considérant comme héraut de l’impérialisme occidental sort renforcée de ce rapport, qui systématise la logique d’affrontement contre la Russie et la Chine. L’ancienne ministre des Affaires étrangères polonaise, du parti réactionnaire PiS, Anna Fotyga, qui a participé à ce groupe « d’experts », déclare qu’il s’agit d’envoyer « un message d’unité de l’Occident » ! Dans ce rapport, l’outil technologique et numérique est une arme d’affrontement tournée contre Moscou et contre Pékin. La confrontation directe avec la Russie se voit par la résurrection du commandement du 5e corps d’armée américain, à Poznan, le 20 novembre dernier, et par la constitution d’un groupement divisionnaire d’Europe centrale basé à Szolnok, en Hongrie, à partir de début 2021. La préparation de l’exercice militaire Defender-Europe 21, qui se tiendra dans les Balkans et dans la région de la mer Noire en mai et juin prochains, va bon train. L’affrontement avec la Chine s’est exacerbé du fait des évolutions du capitalisme mondial à partir de la crise de 2008 et du recentrage du capitalisme américain qui est à la recherche d’une certaine autosuffisance intérieure. Joe Biden ne va pas atténuer mais au contraire renforcer cette logique. La politique de Trump lui a d’ailleurs ouvert un champ de possibilités d’alliances renforcées avec une série de pays d’Asie du Sud-Est, de l’Inde à l’Indonésie. Dans ce contexte, le rapport sur l’évolution de l’OTAN appelle justement à un renforcement des liens avec cette région du globe où les enjeux stratégiques, en particulier pour l’impérialisme américain, sont majeurs.

« Concrètement, une opération militaire pourrait être décidée contre la volonté d’un ou plusieurs États. »

Par ailleurs, et dans la même logique, ce rapport préconise le renforcement des relations avec l’Union européenne, ce qui rejoint les appels de Charles Michel à organiser en 2021 une série de sommets stratégiques entre l’UE et les États-Unis en y associant l’OTAN. Les orientations de ce rapport sont en réalité en phase avec celles défendues par une partie des bourgeoisies européennes : à savoir l’orientation que l’on pourra qualifier d’allemande, qui est de renforcer PESCO, la « coopération structurée permanente », formalisée dans le traité de Lisbonne, en l’associant plus étroitement à l’OTAN, d’une part, et, d’autre part, une orientation que l’on pourra qualifier de polono-balte qui se résume, dans une obsession russophobe, à se mettre sous le parapluie américain.

Pour une conférence de sécurité collective
On le voit, dans le contexte d’une nouvelle course aux armements et de dislocation des traités internationaux, l’OTAN est la principale menace sur la paix. La ratification du traité TIAN sur l’interdiction des armes nucléaires, qui va entrer en vigueur le 22 janvier 2021, par les pays européens, en particulier par la France, est un impératif pour la sécurité des nations européennes. La dissolution de l’OTAN l’est tout autant. Un premier pas serait la sortie de la France du commandement intégré de l’alliance. Mais la perspective à défendre est bien la sortie de l’OTAN et sa dissolution. Il existe une alternative à l’OTAN et à sa logique impérialiste, qui est un espace commun de paix, de coopération et de sécurité collective de Brest à Vladivostok, voire à Pékin. L’idée de sécurité collective, qui signifie que les mesures de sécurité des uns ne doivent pas menacer la sécurité des autres, est au cœur des principes de l’ONU, à laquelle l’OTAN cherche à se substituer. C’est une alternative à la logique mortifère et belliciste des blocs dans laquelle l’OTAN emmène l’Europe. En pleine guerre froide, la conférence d’Helsinki fut possible. Il est donc, à plus forte raison aujourd’hui, possible de mettre l’ensemble des pays européens et la Russie autour d’une même table pour une négociation globale dans une conférence de sécurité collective du même type. Ce serait une étape majeure pour un nouvel ordre du monde !

Cause commune n° 21 • janvier/février 2021