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Une façon originale d’observer les inégalités sociales est d’étudier les différentes notes au baccalauréat en fonction du prénom de chaque candidat… Une analyse que réalise Baptiste Coulmont tous les ans depuis 2011.

Chaque année, quelque 700 000 candidats se présentent aux examens du baccalauréat toutes filières confondues. Une façon originale d’observer les inégalités sociales entre les candidats est d’étudier les différentes notes au baccalauréat en fonction du prénom. C’est ce que réalise Baptiste Coulmont tous les ans depuis 2011. Et les résultats sont assez parlants : si 17% des Louise et des Théophile ont une mention TB, seuls 3% des Anissa et des Dylan l’obtiennent ; à l’inverse, seulement 8% des Joséphine ont leur baccalauréat suite aux oraux de rattrapage contre 24% des Bryan. Bien qu’ils soient un reflet indirect et donc imparfait de l’origine sociale, les prénoms donnent un aperçu des inégalités qu’il peut exister entre les candidats. Ces différences entre prénoms sont globalement stables d’une année sur l’autre (sauf pour les prénoms rares), alors même que la proportion d’élèves obtenant la mention augmente d’année en année.

« Bien qu’ils soient un reflet indirect et donc imparfait de l’origine sociale, les prénoms donnent un aperçu des inégalités qu’il peut exister entre les candidats. »

Ces différences ne tiennent évidemment pas aux prénoms en eux-mêmes. En revanche, le choix du prénom ainsi que la réussite scolaire sont en partie déterminés par l’origine sociale des parents. Bryan, Anissa, Dylan ou Brandon ne sont pas dans les mêmes lycées, dans les mêmes séries, dans les mêmes filières que Joséphine, Théophile ou Louise, parce qu’ils n’ont pas les mêmes parents.
Choisir les variables mention TB ou rattrapage intensifient a priori les écarts entre groupes de prénoms : on pourrait par exemple relever que 81% des Joséphine n’obtiennent pas la mention TB et que 75% des Bryan obtiennent leur baccalauréat sans passer par les épreuves de rattrapage. Or le calcul d’un « taux de survie » dans le système scolaire montre les mêmes résultats : faire le rapport entre le nombre de candidats au bac par prénom et le nombre d’enfants nés avec ce même prénom dix-huit ans auparavant montre des écarts tout aussi criants entre les prénoms. Ainsi, sur les 969 Brandon nés en 1997, seuls 112 (11%) avaient ensuite passé le bac général et technologique en 2015. à l’inverse, sur les 1162 Joséphine nées en 1997, 76% d’entre elles avaient passé le bac en 2015. évidemment, ce taux présente des biais à cause des redoublements et sauts de classe par exemple, mais cela montre bien que le prénom est indicateur des origines sociales de celui ou celle qui le porte.

Fanny Chartier

RESULTATS DES CANDIDATS ADMIS AU BACCALAUREAT GENERAL ET TECHNOLOGIQUE
ENTRE 2012 ET 2017(1) ET TAUX DE SURVIE EN 2015(2), EN %tab.jpg

1) Données produites par Baptiste Coulmont, sociologue au CNRS, et disponibles sur le site : coulmont.com/bac/nuage.html
2) Données obtenues sur le site dataaddict.fr/prénoms

Cause commune n°1 - septembre/octobre 2017