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Quand tant de forces et de moyens sont à l’œuvre pour nous faire accepter le monde tel qu’il est, ne devons-nous pas apprécier autrement cette extraordinaire détermination de notre peuple à refuser les injustices et à construire et agir au jour le jour pour une société plus humaine ?

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Solidarité tous azimuts, notre bain quotidien
Un système de sécurité sociale, de retraites, des services publics… Des services sociaux, des hôpitaux publics avec un des meilleurs services de santé au monde, des transports publics développés, des milliers d’enseignants, de chercheurs… Des AMAP, des fab-labs, des cafés associatifs, des reprises d’entreprise par leurs salariés, Fralib, SCOP Hélio-Corbeil… Des militants syndicaux, politiques, des lanceurs d’alertes, des agriculteurs bios et alternatifs et des usagers ou travailleurs qui imaginent et inventent une autre approche de la nature, du monde animal et de nos consommations… Des zadistes, des communautés, des squatteurs qui organisent du logement collectif et citoyen, 16 millions de bénévoles dans des associations… des militants (soit 1 Français sur 4) qui agissent pour rendre la vie plus belle : notre pays la France n’est pas que ça, mais c’est surtout ÇA ! Nous sommes tous migrants, fonctionnaires, chômeurs, précaires, Uber, cheminots, travailleurs, jeunes, retraités, immigrés, sans-papiers… Nous sommes tous producteurs de biens pour les autres et tous consommateurs et usagers de biens produits par d’autres. Nous sommes tous interdépendants. C’est notre bain quotidien. Les liens qui nous unissent aux autres sont pour chacun les clefs d’une liberté véritable. Oui, nous sommes au cœur d’une lutte des classes violente, cupide et méprisante conduite par un tout petit clan aux valeurs mesquines face aux peuples du monde. Face à elle, notre immense atout est notre nombre et notre incoercible force est notre union.

Diviser pour mieux régner
Les dirigeants du pays n’ignorent pas le puissant bouillonnement qui existe dans notre pays et les droits que le monde du travail a su conquérir années après années. Coopérations, solidarités, collaborations, collectifs, partenariat, aides, mutualisation, coopératives sont des mots bannis de leur vocabulaire. Ou plutôt non, s’ils les utilisent et en abusent même, c’est pour afficher un côté positif à leurs projets de réformes et ainsi déguiser des mesures qui en définitive amplifieront encore l’accumulation d’argent pour les plus riches.
Ils savent qu’il faut nous diviser. Cheminots vs salariés, Français vs migrants… Il suffit de se souvenir d’Emmanuel Macron sur BFMTV, lors de l’interview avec Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel s’appliquer à expliquer qu’il n’y a rien de commun entre un cheminot et un zadiste de Notre-Dame-des-Landes ou encore entre un étudiant et une salariée d’un EHPAD… Selon lui : « Il y a des colères légitimes et d’autres illégitimes ».
Et puis ils s’efforcent de démontrer que les droits que nous défendons sont des acquis vieillots et démodés qui plombent l’économie. Ils peuvent ainsi, en se plaçant en experts du moment, convaincre les citoyens qui souffrent au présent que les réformes libérales sont nécessaires et que ceux qui les refusent font partie de l’ancien monde.
Selon eux : « Pour que l’avenir soit meilleur nous nous devons d’ouvrir à la concurrence… de gagner la compétition… d’être beaucoup plus compétitif… d’être réaliste et pragmatique… d’accepter de vivre plus mal aujourd’hui pour que ça aille mieux plus tard ». Voilà donc la société « merveilleuse » que nous proposent ceux qui dirigent le pays et en premier de cordée Monsieur Macron.

« Nous sommes au cœur d’une lutte des classes violente, cupide et méprisante conduite par un tout petit clan aux valeurs mesquines face aux peuples du monde. Face à elle, notre immense atout est notre nombre et notre incoercible force est notre union.»

L’immense majorité des citoyens de notre pays ne pense pas que ça ira mieux si on s’engage dans ce sens ; mais dans le petit monde Macronéconomique on le pense très fort.
Un petit monde médiocre avec une obsession centrale : organiser le système pour que les richesses passent des poches du plus grand nombre aux poches des plus grands riches. Car dans leurs discours, plus les riches seront riches plus les autres iront mieux et si, hélas, il ne leur reste pas grand-chose, c’est finalement qu’ils le « méritent ».
Dans ce petit monde, on n’y parle jamais des fins de mois difficiles, on parle ISF, actions, Bourse, niches fiscales, « coût » du travail… La valeur suprême est l’argent alors tout doit se vendre : éducation, transport, santé, culture, savoirs, amours, fans…
En grande partie appartenant aux plus riches du pays, les média (TV radios, journaux…) se doivent d’être au diapason et s’appliquent chaque jour à relayer cette pensée unique. Économistes, experts en tout, journalistes, essayistes et éditocrates zélés nous « informent » : la sélection, l’injustice, les humiliations ou les inégalités seraient normales et admises par le plus grand nombre, les grévistes sont manipulés par des syndicats archaïques, faciliter les licenciements permettrait de réduire le chômage, être moderne serait de consentir à des baisses de salaire, la solution à la pauvreté serait de se serrer la ceinture pour s’y habituer… Trop, c’est trop !

Notre rôle et notre devoir : unir pour gagner
Oui les gens préfèrent coopérer plutôt que d’être en concurrence entre eux. Ils préfèrent être solidaires plutôt qu’être indifférents aux souffrances d’autrui ; ils refusent les inégalités, sont scandalisés par les dividendes exorbitants et indécents que s’octroient actionnaires et grands patrons…
Ce monde de solidarités et de coopérations que nous vivons au jour le jour… C’est celui que nous défendons, c’est celui que nous construisons. C’est le nôtre ! Comme nous communistes, des millions de citoyens, de citoyennes ici et maintenant sont à la fois à la recherche d’un monde meilleur et participent à sa construction au jour le jour. Elles et ils refusent ce système niant l’humain et agissent avec leurs moyens pour que les choses ne restent pas en l’état et que leurs actes changent l’avenir qui nous est proposé. Cela fait partie intégrante de notre présent commun. Cette mobilisation permanente existe.
Alors que tout est fait pour faire renoncer notre peuple à agir et à lutter, n’y a-t-il pas là un rôle politique majeur à jouer à aider notre peuple à mesurer cette dynamique de résistance populaire et souterraine ?

« Il est primordial d’incarner la force consciente et confiante dans le fait qu’un avenir progressiste est possible, que ses racines sont déjà présentes et s’étendent chaque jour discrètement. »

Mettre en lumière ces solidarités concrètes, c’est redonner l’espoir que tout est possible. Ce rôle est double. D’abord, il est primordial d’incarner la force consciente et confiante dans le fait qu’un avenir progressiste est possible, que ses racines sont déjà présentes et s’étendent chaque jour discrètement. Et dans un même mouvement il est indispensable de mesurer et de faire mesurer le sens politique de cette contestation permanente du système pour contribuer à unir et à rassembler très largement. L’histoire et nos engagements passés et présents nous donnent raison. Toutes les avancées sociales sont le fruit de cette énergie et de cette intelligence populaire commune.
Notre combat communiste pour dépasser toutes les divisions est celui de l’avenir, de l’humain et du progrès social ; un fil rouge qui doit accompagner tous nos actes.

Frédo Coyère est graphiste. Il est membre du comité de rédaction de Cause commune.

Cause commune n° 7 - septembre/octobre 2018