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Par leur engagement et leur mobilisation les jeunes ont contribué à une dynamique d’accompagnement des habitants en particulier durant la crise sanitaire.

Dans la ville la plus jeune de l’Essonne, comment les jeunes participent-ils à la vie de la cité ?
À Grigny on se souvient de la période du confinement, pendant laquelle la mobilisation des jeunes a été remarquable. Par leur engagement et leur mobilisation, ils ont pleinement contribué à une dynamique d’accompagnement des habitants durant cette crise, tant au niveau sanitaire que social. Je me souviens encore des jeunes joueurs et entraîneurs de l’union sportive de Grigny prêtant main forte aux élus et aux agents de la ville pour distribuer des masques à chacun et chacune dans tous les quartiers de la ville. On se souviendra de ces jeunes qui par leur dévouement ont contribué à donner sens au service public et à la reconnaissance qu’il mérite. Au-delà de la distribution de masques, je me souviens des jeunes de Grigny 2 (la plus grande copropriété d’Europe), qui se sont mobilisés chaque samedi pour nettoyer leur quartier, sensibiliser les habitants à garder leur environnement propre et à ne pas jeter leurs déchets par la fenêtre. Identifiables à leur gilet jaune, ils donnaient l’exemple pour que tout le monde puisse vivre dans un bon cadre de vie. La mobilisation des jeunes de Grigny s’est manifestée aussi dans le cadre de la lutte des villes populaires contre la pauvreté. La crise sanitaire a fait exploser la précarité. Nous n’oublierons pas les images d’étudiants faisant la queue devant les associations solidaires pour se nourrir. Face à ces besoins, les jeunes ont massivement investi les associations solidaires de la ville.

Comment faire en sorte que ces jeunes puissent se mobiliser pour le service public et l’intérêt général au-delà de cette période aiguë de la crise ?
C’est tout l’objet de réflexion que nous menons avec le maire, les élus et les services de la ville. La ville de Grigny a longtemps compté des conseils municipaux de collégiens et d’enfants. Créé en 2011, le premier réunissait trente élèves des trois collèges grignois. Le conseil municipal des enfants comptait quarante élèves issus des différentes écoles élémentaires. Ces instances avaient pour rôle de permettre aux enfants d’accéder à l’information, de débattre sur les politiques municipales, d’agir, de faire émerger des idées et de les concrétiser. Ces enfants et ces jeunes sont les citoyens de demain, ceux qui prendront notre place, il est important de nous engager pour eux tous les jours, de les accompagner, de les écouter et de faire d’eux peu à peu des acteurs et des actrices de notre ville.

« Les jeunes sont les citoyens de demain, ceux qui prendront notre place, il est important de nous engager pour eux tous les jours, de les accompagner, les écouter et faire d’eux peu à peu des acteurs et actrices de notre ville. »

Cette année, le mandat impulsé par le maire Philippe Rio accorde une place importante aux étudiants. La casse de l’enseignement supérieur et les lois contre la recherche ont poussé l’instance politique la plus proche des habitants, la mairie, à pallier le désengagement de l’État en proposant aux étudiants une aide et un accompagnement. C’est ainsi qu’est né le « pack étudiant », composé d’un coup de pouce financier et d’informations concernant la santé, l’accès aux droits et la mobilité internationale. Peu de villes ont pris ce genre d’initiative, se satisfaisant d’en laisser le monopole à l’État ou à la région.
L’équipe municipale a mené une importante réflexion sur la manière dont toutes les générations de notre ville pouvaient contribuer à son épanouissement. Le label « Cité éducative » dont bénéficie la ville de Grigny et qui accompagne la réussite des 0-25 ans nous a naturellement orientés vers l’idée de créer un comité d’usagers qui permettra de réunir élèves, collégiens, lycéens et étudiants afin qu’ils puissent échanger, s’informer et donner du sens aux actions municipales. Ainsi peut s’opérer une transmission à la nouvelle génération, à la relève, tout en faisant de leur voix une voix d’ores et déjà légitime et audible.

« Penser avec les jeunes, pour les jeunes, ce n’est jamais perdre son temps que d’inclure les jeunes à l’activité politique. »

Nous relèverons ce défi de réunir les générations et d’en faire notre force. Penser avec et pour les jeunes, leur présenter nos politiques, les informer des dispositifs de la ville, permettre aux plus grands de soutenir les plus petits, les laisser s’exprimer, proposer des initiatives, se mobiliser, expliquer parfois des choses toutes simples, pourquoi par exemple le maire dépose une gerbe à l’anniversaire de dates historiques : ce n’est jamais perdre son temps que d’inclure les jeunes à l’activité politique.

Anaïs Köse est conseillère municipale déléguée, chargée de la réussite lycéenne et étudiante à Grigny.

Cause commune • janvier/février 2022