Propos recueillis par Pierre Crépel
Chantal
employée retraitée, franco-algérienne
Il y a longtemps que je ne lis plus de journaux papier, sauf le bulletin municipal qu’on a dans la boîte deux fois par mois. Mon mari regarde les actualités sur France 2, moi pas. Il écoute un peu la radio, surtout en période de ramadan pour savoir l’heure de la prière et de la rupture du jeûne, moi pas. Il me donne aussi des nouvelles de l’Algérie. Je m’informe par mon ordinateur : quand mes proches ou des bruits parlent de ceci ou de cela, je tape par exemple « Gaza » ou « essence » sur Google et je regarde ce qui se dit. Je picore uniquement des informations gratuites, je n’ai pas d’abonnement. Je ne gobe pas tout, grâce à mon passé militant, j’ai quelque idée de ce que sont les uns et les autres. En plus, il y a des militants du PCF et du Mouvement de la paix qui m’ont mis sur leurs listes, alors je lis leurs messages. Mais mes enfants (30 et 35 ans) se désintéressent de tout ça, voici ce qu’ils pensent : « quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, les hommes politiques n’en tiennent jamais compte, alors à quoi ça sert de se tenir au courant ? ». Ils sont plutôt de gauche, mais ne s’engagent pas.
Yacine
poissonnier sur le marché
Je ne lis pas les journaux, j'écoute un peu la radio et la télévision, mais je vais surtout sur le Net, j'ai un fil d'actualité sur mon téléphone (il me montre : foot, météo, guerre, mode, chanteurs, élections). Si on aime, on le signale et puis il sort automatiquement des choses du même genre ou sur le même sujet ; sinon on l'ignore et on est tranquille.
Camille
gardien municipal, 40 ans
Je n’ai jamais été abonné à la presse papier, mon père recevait Le Progrès, je le lisais de temps en temps. Dans les transports en commun, je lisais 20 minutes et Métro, ça m’arrive encore, c’est très limité. En revanche, je lisais des magazines spécialisés comme Sciences et Vie junior ou d’autres sur la moto. J’écoute RMC le matin en voiture ou quand je fais mes rondes, je ne regarde pas le journal télévisé. Sur mon téléphone j’ai un fil d’actualité, ce n’est pas moi qui l’ai choisi. Je m’intéresse un peu à tout : quand quelque chose arrive, je clique ou je ne clique pas, c’est selon, je n’ai pas twitter et ces trucs-là. Quand un sujet qui m’arrive m’intéresse, je vais parfois chercher ce qu’on en dit ailleurs sur Internet. Qu’est-ce que j’en crois ? C’est difficile à dire, je n’ai pas assez de connaissances pour trancher, je regarde souvent si les sources sont indiquées. Les journalistes, on est presque obligé de les croire, mais des fois ils disent blanc un jour et puis noir deux jours plus tard, c’est à prendre avec des pincettes, il y a beaucoup de « putaclic », du buzz, donc on est un peu perdu. Les discussions nous aident, mais pas en famille, où ça peut mal tourner.
Lou, Victoire, Ambroise
élèves du conservatoire de théâtre
Je ne lis pas de journaux, je regarde la télévision occasionnellement mais pas tellement pour les infos, sauf « Quotidien » que j'aime bien. Quant à moi, je lisais le Canard, mais je ne le lis plus, je feuillette un peu le journal chez mes parents le dimanche ; j'écoute France-Inter le matin, la télévision rarement (quand même pour les résultats électoraux et pour des émissions culturelles); mon grand-père qui est abonné au Monde m'envoie des articles de temps en temps. Et moi, c'est un peu pareil, je ne lis pas les journaux mais mon grand-père m'envoie aussi des articles ; le matin, je regarde « le dessous des images » sur Arte et j'écoute quelques podcasts.
Sur Internet ou les réseaux sociaux, je vais chercher des infos orientées mais gratuites, par exemple sur Médiapart (avec le compte d'un autre) ou à propos de Lyon. Moi, je vais un peu sur les réseaux sociaux, je décide de ce que je veux entendre, mais c'est vrai qu'on a parfois l'attention attirée par des unes qu'on n'a pas choisies, alors on va voir. Moi, je me suis retiré des réseaux sociaux, parce que ça me gavait et ça me plombait. Mais on a beaucoup de discussions entre nous dans la promotion, qui font qu'on est un peu au courant de ce qui se passe.
Cause commune n° 40 • septembre/octobre 2024