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Avec l’agence Odoxa, le Conseil national des barreaux s’est intéressé à la perception par les justiciables de leur justice. Quels rapports les concitoyens entretiennent avec la justice du quotidien ?

Selon la journaliste Paule Gonzales, « ils déplorent la difficulté d’y accéder et réclament des professionnels capables de les guider dans le dédale judiciaire ». L’étude traduit un malaise, le sentiment que les libertés publiques régressent en France. Selon l’enquête, « 77% des Français ont le sentiment que les libertés et les droits fondamentaux ont tendance à reculer ».
Certes, les restrictions de la crise sanitaire (confinement, couvre-feu) pèsent mais le Conseil national des barreaux souligne que ce sentiment existe depuis des années, une précédente étude de 2019 montrait la même exaspération.
L’idée de régression est liée « à la difficulté d’accéder aux tribunaux pour bien des citoyens ». Pour des raisons géographiques : « Plus d’un Français sur trois affirme que là où il habite, il est difficile d’accéder aux tribunaux (35%). » Mais pour Gael Sliman, responsable d’Odoxa, la variable décisive est sociale : plus le niveau de diplôme du sondé est élevé, plus ce dernier a le sentiment qu’avoir accès à la justice est important.
Dans le même temps, « le taux des justiciables estimant avoir des difficultés à faire valoir leurs droits, c’est-à-dire à faire avancer leur contentieux devant les tribunaux est tout aussi inquiétant ».
Les sondés semblent opter, par défaut sans doute, pour la digitalisation de la justice. 71% se déclarent favorables à une dématérialisation des procédures judiciaires comme c’est déjà le cas pour les plaintes, préplaintes ou les saisines de juge en ligne.
Cela dit, la confiance dans les sites juridiques et les procédures numériques reste très mesurée. Si 40% des sondés disent y avoir recours, 67% assurent s’en défier et plébiscitent un meilleur accès à l’avocat. Près de la moitié des sondés dit avoir déjà utilisé les services d’un avocat. « 66% affirment que c’est spontanément vers l’avocat qu’ils se tourneraient en cas de problématiques juridiques bien avant les notaires ou les huissiers de justice ».
Enfin, parmi les priorités des sondés, les problématiques du droit du travail ou de la famille viennent loin devant les questions de procédure pénale. 

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Cause commune n° 25 • septembre/octobre 2021