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Les résultats de l’enquête Viavoice pour les Assises internationales du journalisme, en partenariat avec le Journal du dimanche, France Médias Monde, France Télévisions et Radio France, ont été rendus publics à la mi-mars.fake.jpg

 

Les résultats de l’enquête Viavoice pour les Assises internationales du journalisme, en partenariat avec le Journal du dimanche, France Médias Monde, France Télévisions et Radio France, ont été rendus publics à la mi-mars. Les assises
(à Tours) étaient consacrées à l’utilité du métier de journaliste et les organisateurs, conséquemment, voulaient savoir si, aux yeux de l’opinion, le journalisme était utile. Les voilà rassurés. Pour 92 % des Français, il est utile ! Résultat plutôt attendu, mais qui ne règle en rien le contentieux d’une large partie de l’opinion, très défiante à l’égard des média. Passons.
Plus intéressant est le questionnement sur ce que les Français attendent des journalistes et des média. Leurs attentes sont précises. Ils veulent « qu’ils vérifient les informations fausses, les rumeurs, la désinformation » (61 %) ; « qu’ils leur apportent des informations pratiques, utiles au quotidien » (49 %) ; « qu’ils révèlent des faits ou des pratiques illégales ou choquantes » (48 %). Ce qui fait dire à Aurélien Preud’homme, directeur d’études chez Viavoice : « Les Français veulent d’abord des média lanceurs d’alerte. » Voilà qui est notable. Et qui va un peu (beaucoup) contre un « air du temps » conformiste, résigné et frileux dans nombre de rédactions où, trop souvent, les lanceurs d’alerte se sont fait taper sur les doigts quand ils n’ont pas été poursuivis par la justice.

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Mais le même Aurélien Preud’homme poursuit : « Les Français veulent des média qui informent plutôt que des média engagés qui leur disent quoi penser ; ils souhaitent pouvoir réfléchir par eux-mêmes sur les faits. » Voilà bien un commentaire vicieux. Apparemment irréfutable mais derrière ces mots, qui vise-t-on ? C’est qui le pro qui informe et l’engagé qui désinforme ? Quand on voit le nom des sponsors du sondage, le JDD et la télé publique, macronien de cœur et de fric pour l’un, macronien par soumission pour l’autre, on est perplexe. Si opposition il y a, c’est entre un journalisme d’investigation, indépendant du pouvoir et de l’argent, et un journalisme aux ordres, couché et stipendié. Mais ce genre d’interrogation n’a pas été proposé par Viavoice à ses sondeurs.

Cause commune n° 6 - juillet/août 2018