Par

Pour les uns, la guerre froide, c’est Churchill et Truman ; pour les autres, c’est Staline. Un parti communiste d’un pays occidental se trouvait forcément pris en tenaille.
Entretien avec Jean Vigreux

D’abord que signifie l’expression « guerre froide », qui l’a inventée ?
La formule est née en octobre 1945 ; c’est George Orwell dans son essai Nous et la bombe atomique qui reprend une expression déjà utilisée auparavant dans d’autres contextes. Comme le souligne l’historien Georges-Henri Soutou, elle est popularisée par le journaliste américain Walter Lippmann afin de décrire la forte tension américano-soviétique en 1947, et par Bernard Baruch : cold war ou en russe xолодная война (kholodnaïa voïna) ». Si la guerre froide est qualifiée par Raymond Aron, comme un moment de « paix impossible, guerre improbable », la belle formule ne vaut que pour les pays concernés, l’Europe et les deux blocs. La guerre froide sait être aussi une guerre chaude (Corée, etc.). Toutefois, la formule a le mérite d’évoquer en arrière-plan les règles du jeu qui s’installent durablement entre l’Est et l’Ouest. C’est un conflit idéologique, de conception du monde, tout en étant un conflit de puissance, donc d’impérialisme : un affrontement entre d’une part le « marxisme-léninisme », figé comme tel à partir de 1928 par Staline – c’est ce qu’on appelle le « socialisme réel » qu’incarnent le parti État (l’URSS), puis les « démocraties populaires » – et d’autre part le système capitaliste, voire les « démocraties libérales » ou des régimes autoritaires comme l’Espagne de Franco et le Portugal de Salazar, un conflit qui s’inscrit dans la durée.

Quand a commencé la guerre froide ? Est-ce par le discours de Churchill à Fulton le 5 mars 1946 ? Quels sont les moments clés et les séquences de la guerre froide ? Par exemple quelle est la place de l’appel de Stockholm ?
Contrairement à l’idée d’un partage du monde à Yalta en 1945, la guerre froide se met en place progressivement entre 1946 et 1947. Il ne faut pas oublier que les vainqueurs de la guerre ont créé l’ONU et organisé le procès de Nuremberg pour juger les crimes du nazisme et celui des dirigeants japonais. Pourtant, la grande alliance se délite rapidement. Des signes de tension sont perceptibles : lors des dernières grandes conférences interalliées, on pouvait noter, en particulier, une divergence de points de vue sur l’avenir de l’Europe. Les discussions de l’année 1946 laissent apparaître, pour reprendre l’expression de Churchill à Fulton, qu’un « rideau de fer » s’est abattu sur l’Europe. Il s’agit dorénavant, face aux conquêtes du camp communiste, d’endiguer, voire de repousser l’ennemi pour le camp américain. 1947 constitue à cet égard une coupure importante. Effectivement, si les partenaires sont d’accord pour reconnaître que la paix ne peut être signée que si l’Allemagne est unifiée, aucun n’est prêt à abandonner sa domination sur ce pays démembré. La conférence de Moscou de mars-avril 1947 devait essayer de régler ce différend. Mais, deux jours après le début de la conférence, le 12 mars 1947, la déclaration de Truman, président des États-Unis, stipule que : « Pour se défendre contre la subversion interne et la menace extérieure communiste, la Grèce et la Turquie vont recevoir une aide importante des États-Unis. » Connu sous le nom de « doctrine Truman », ce discours accélère, voire enclenche le processus de guerre froide. Le président américain concrétise la thèse du containment ou de l’endiguement.

« “Pour se défendre contre la subversion interne et la menace extérieure communiste, la Grèce et la Turquie vont recevoir une aide importante des États-Unis [Truman].” Connu sous le nom de “doctrine Truman”, ce discours accélère, voire enclenche le processus de guerre froide. »

Il est nécessaire d’évoquer pourquoi il juge utile d’intervenir. C’est d’abord lié au fait que la Méditerranée orientale, qui était jusqu’alors sous contrôle anglais, est abandonnée par la puissance britannique. Effectivement, le travailliste Clement Attlee, qui est à la tête du gouvernement, déclare avec son ministre des Affaires étrangères Ernest Bevin que l’Angleterre est désormais trop pauvre pour assurer la défense de la Méditerranée de l’Est. Bref, ils cèdent le terrain aux États-Unis.
Cette partie du monde connaît alors plusieurs foyers de tension : premièrement, celui de la Palestine. Deuxièmement, la Grèce où, depuis 1946, fait rage une guerre civile entre les communistes (partisans des maquis) et les tenants de la monarchie, qui avaient rappelé le roi de Grèce, soutenus par les Anglais. Les communistes grecs étaient eux soutenus dans leur entreprise par trois pays dirigés par les communistes, situés au nord de la Grèce : la Bulgarie, la Yougoslavie et l’Albanie… La Grèce risquait de basculer dans le camp communiste. Enfin le troisième foyer de tension, c’est la Turquie. Depuis la défaite allemande, l’URSS avait fait savoir qu’elle souhaitait partager avec la Turquie le contrôle des détroits du Bosphore et des Dardanelles, tout en récupérant des territoires perdus en 1921 au nord-est du pays.

« La guerre froide va durer jusqu’à l’effondrement du système bipolaire (1990-1991). Mais il faut penser qu’elle n’a pas toujours les mêmes temporalités selon les espaces. »

Les Américains profitent du décès d’un haut dignitaire turc aux États-Unis pour transporter son corps en Turquie sous haute escorte militaire ; la flotte américaine est en Méditerranée. Ainsi, l’abandon britannique et la nécessité de réagir face au « péril rouge », conduisent Truman à cette déclaration du 12 mars.
Le reste de l’Europe est dans une situation de faiblesse (problème de la reconstruction, etc.). La « peur du rouge », liée aux offensives des communistes derrière le rideau de fer, conduit les Européens au rapprochement avec les États-Unis. Cette alliance s’explique également par le rôle nouveau de banquier du monde joué par ces derniers. C’est en quelque sorte la finalité du plan Marshall, rendu public en juin 1947.
De leur côté, les Soviétiques ne sont pas en reste… La naissance du Bureau d’information des partis communistes et ouvriers (en abréviation russe, le Kominform), en septembre 1947 à Szklarska Poreba en Pologne, est rendue publique le 5 octobre 1947. La création de cet organisme correspond au souci de contrer le plan Marshall, c’est un outil de la guerre froide, dans un monde divisé, selon le rapport principal d’Andreï Jdanov, en deux camps : l’un dominé par les États-Unis, qui incarnent l’impérialisme, la guerre et la négation de la démocratie, et l’autre, guidé par la patrie du socialisme, l’URSS, qui incarne l’anti-impérialisme, la paix et la démocratie véritable. Cet organisme est aussi un organe de contrôle du PCUS sur les autres partis communistes.
Cette conférence, où neuf partis communistes sont présents (sept de l’Europe de l’Est : soviétique, bulgare, hongrois, polonais, roumain, tchécoslovaque, yougoslave – ni les Albanais ni les Allemands ne sont conviés – et deux occidentaux : italien et français), décide d’éditer un journal Pour une paix durable, Pour une démocratie populaire, dont le siège est fixé à Belgrade. À cette conférence, le PCF et le PCI sont fortement critiqués pour leur opportunisme, voire leur ministérialisme.

« L’entretien accordé par Maurice Thorez au Times de Londres, le 18 novembre 1946 permet de comprendre l’un des éléments de la culture politique du PCF, qui souhaite incarner un modèle républicain émancipateur, héritier de 1789, des luttes pour le droit au bonheur, du Front populaire et du projet du CNR. »

La prise de contrôle de la Tchécoslovaquie par le parti communiste en février 1948 révèle les ambitions géopolitiques des Soviétiques : élargir les démocraties populaires et faire un glacis protecteur à l’ouest de l’URSS. Ce coup de Prague choque profondément l’Occident. Quatre mois plus tard, en juin 1948, la conférence du Kominform marque la rupture entre le PCUS et les Yougoslaves : le parti yougoslave est exclu du Kominform et on dénonce avec virulence la théorie de Tito selon laquelle chaque pays peut choisir sa voie au socialisme. De 1948 à 1952, on dénombre des incidents militaires aux frontières yougoslaves : les voisins fidèles à Staline exercent un blocus et une pression continue.
Dès lors, le siège du Kominform est transféré à Bucarest. L’alignement des partis communistes est total et, fin 1948, on peut lire dans les colonnes de L’Humanité : « Le peuple de France ne fera pas, ne fera jamais la guerre à l’Union soviétique. » Deux organisations participent alors à la lutte pour la paix : le Congrès mondial des intellectuels pour la paix, et le Congrès mondial des partisans de la paix.

« Maurice Thorez est atterré par la découverte du rapport que Khrouchtchev a lu, à huis clos, devant les délégués abasourdis du XXe Congrès du PC soviétique. L’ère de la déstalinisation provoque des débats houleux en France. »

La conférence suivante, en novembre 1949 en Hongrie, lance la campagne mondiale pour la paix. Dans cette vision binaire du monde, les communistes dénoncent l’impérialisme américain et proposent de soutenir le camp de la paix, celui de l’URSS et des démocraties populaires. Cette forte mobilisation débouche sur l’appel de Stockholm en mars 1950. La théorie de Jdanov d’un monde divisé en deux camps devient la référence idéologique des partis communistes et donne le sens du combat de tous les militants, en particulier des intellectuels : c’est la défense du modèle socialiste qui guide leur action. Cette période voit la naissance d’une « science prolétarienne »… Ce durcissement idéologique s’accompagne également d’un retour en force des procès et des épurations, parfois teintés d’antisémitisme.

Quand la guerre froide finit-elle ? Au XXe congrès du PCUS en 1956 ? Après la crise des fusées de Cuba en 1962 ? À la chute de l’URSS en 1991 ?
À partir de 1950, le Kominform tombe en sommeil, puis la mort de Staline en 1953 et le XXe Congrès du PCUS sonnent le glas d’une organisation inscrite dans le contexte de la guerre froide. En 1956, le XXe Congrès du PCUS, qui dénonce officiellement les crimes de Staline et le culte de la personnalité, marque un tournant important, une évolution certaine appelée le « dégel » ou la « coexistence pacifique », avec pourtant des moments de tensions intenses (événements de Hongrie et de Pologne en 1956, mur de Berlin, Cuba et le redéploiement des missiles en 1962, etc.).
La guerre froide va durer jusqu’à l’effondrement du système bipolaire (1990-1991). Mais il faut aussi penser qu’elle n’a pas toujours les mêmes temporalités selon les espaces ; si elle touche l’Europe, puis l’Asie au cours des années 1950, elle n’arrive en Amérique latine qu’à la fin des années 1950 et se développe au cours de la décennie 1960, pour enfin toucher l’Afrique au cours des années 1970…

Comment situer les pays « non alignés » par rapport à la guerre froide ?
Les mouvements de contestation de la présence coloniale européenne en Afrique et en Asie connaissent un regain de vitalité au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, qui s’achève dans les années 1960. Les États nés de la décolonisation prennent rapidement conscience des solidarités qui les rapprochent. Dès la conférence de Bandung (ou Bandoeng) en 1955, un « troisième monde » apparaît, celui du Sud, qui accepte volontiers, par référence à la société d’Ancien Régime, l’étiquette de « tiers monde » due au démographe français Alfred Sauvy (1952). À Bandung, vingt-neuf États d’Afrique et d’Asie (Proche, Moyen et Extrême-Orient) se retrouvent en 1955 à l’initiative de Nehru, président de l’Union indienne. Ils proclament la liberté des nouveaux États, la liberté des peuples et l’égalité des États. Ils entendent traiter d’égal à égal avec les grandes puissances. Ils dénoncent donc la dépendance, le colonialisme, le racisme et l’usage de la force. Ils se définissent comme solidaires et choisissent le « neutralisme » par rapport aux deux blocs.

« Dans cette vision binaire du monde, les communistes dénoncent l’impérialisme américain et proposent de soutenir le camp de la paix, celui de l’URSS et des démocraties populaires. »

Mais ce monde, qui revendique un non-alignement lors d’importantes conférences internationales (comme la conférence d’Alger en 1973), doit rapidement faire le constat de ses difficultés et de sa diversité. Toutefois, on peut aussi parfois tracer des convergences entre mouvement communiste et pays non alignés, en particulier dans la lutte contre l’impérialisme. Les conférences ultérieures reprennent ces thèmes et théorisent davantage ce qu’on a appelé le « tiers-mondisme ». Elles ont lieu, pour ne citer que les plus importantes, à Belgrade, chez Tito en 1961, et à Alger, en 1973.

Comment le PCF a-t-il analysé cette période à ses débuts ? L’entretien de Maurice Thorez au Times le 18 novembre 1946 est-il une réponse originale à la guerre froide ?
En France dès la Libération, les communistes sont au gouvernement. À partir de janvier 1946, depuis le départ du général de Gaulle, c’est une alliance de trois partis (tripartisme) qui gouverne le pays : communistes, socialistes et chrétiens démocrates du MRP (Mouvement républicain populaire). La reconstruction, soutenue activement par le PCF qui lance la « bataille de la production », conduit à des revendications sociales importantes.
L’entretien accordé par Maurice Thorez au Times, le 18 novembre 1946, est un moment important de la vie du PCF devenu premier parti de France depuis la Libération. Cette reconnaissance par le grand quotidien britannique souligne non seulement la place qu’occupe le PCF au sein de la République et de la société, mais surtout la stature d’homme d’État de Maurice Thorez. Thorez n’est pas seulement le dirigeant du parti, le député, il est aussi le vice-président du Conseil depuis janvier 1946 : il occupe alors une position de tout premier plan au sein de la nouvelle IVe République. L’entretien reflète un moment ou un élément tactique ; il permet de comprendre l’une des composantes de la culture politique du PCF, qui souhaite incarner un modèle républicain émancipateur, héritier de 1789, des luttes pour le droit au bonheur, du Front populaire et du projet du CNR. Mais, en aucun cas, il n’incarne un autre modèle que celui initié en URSS et dans « les démocraties nouvelles », même s’il profite de la politique d’ouverture que tente dans les Balkans l’ancien dirigeant de l’Internationale Georgi Dimitrov (1882-1949). L’entretien reprend aussi un élément important qui structure la réflexion et l’action des communistes depuis 1945, la « bataille de la production ». Au-delà de ce discours, il faut aussi penser le contexte tendu de l’après-guerre. C’est le début violent de la décolonisation, notamment en Indochine ou à Madagascar. Le 19 mars 1947, les communistes refusent de voter les crédits de guerre pour l’Indochine.
L’effort considérable qui est demandé à la classe ouvrière induit un mouvement revendicatif important. Ainsi, au printemps 1947, des grèves éclatent chez Renault. Le PCF, qui ne soutient pas le mouvement au début, se rallie aux revendications ouvrières. Au Parlement, ses députés votent contre la politique économique et sociale du gouvernement Ramadier. Ce dernier révoque aussitôt les quatre ministres communistes (François Billoux, Ambroise Croizat, Maurice Thorez et Charles Tillon). C’est la fin du tripartisme. Cette séparation entre dans la durée du fait de la guerre froide.

Le PCF a-t-il toujours pris unilatéralement le parti de l’URSS ?
Globalement oui, d’autant plus que le PCF est chassé du gouvernement en mai 1947. Ainsi, la formule « Nous ne ferons jamais la guerre à l’URSS » participe de cet alignement. L’aide américaine accordée à la France, comme aux autres pays, implique deux conditions : lutter contre les communistes, les tenir hors du gouvernement ; accepter une coopération avec l’Allemagne.
Par ailleurs, les communistes français, qui se font rappeler à l’ordre, lors de la première réunion du Kominform, pour avoir participé à des gouvernements bourgeois, sont, comme leurs homologues italiens, suspectés d’opportunisme. Le fossé ne cesse dès lors de se creuser. Toutefois, il y a des divergences : pour mémoire, citons comment le PCF a aidé Artur London, vice-ministre des Affaires étrangères tchèque et mari de Lise Ricol, victime d’un procès stalinien en Tchécoslovaquie. Les liens avec l’URSS s’enveniment parfois. En 1965, le PCF soutient François Mitterrand contre de Gaulle, alors que l’agence de presse soviétique TASS déclare être favorable à de Gaulle. En 1966, lors des procès Daniel et Slansky, puis pendant le Printemps de Prague en 1968 avec le « socialisme à visage humain », le conflit est ouvert, même si la « normalisation » est acceptée ensuite par le PCF…

Le PCF a renâclé devant la déstalinisation. Comment a-t-il apprécié le rapport Khrouchtchev ?
La réception du XXe congrès du PCUS est un choc. Si le rapport Khrouchtchev prône la coexistence pacifique et dénonce le culte de la personnalité, c’est une remise en cause totale du Kominform. Maurice Thorez est atterré par la découverte du rapport que Khrouchtchev a lu, à huis clos, devant les délégués abasourdis du XXe Congrès du PC soviétique, dans la nuit du 24 au 25 février 1956. L’ère de la déstalinisation provoque des débats houleux en France, mais rien ne filtre.
Les « fuites » dans la presse internationale conduisent L’Humanité à évoquer le 19 mars « l’existence d’un second rapport », puis on parlera du « rapport attribué au camarade Khrouchtchev ». Le 6 juillet 1956, la position du PCF est connue à la suite de son comité central où le rôle de Staline, quant à la victoire de 1945, est révisé : « Ce n’est pas Staline, mais bien le parti tout entier, le gouvernement soviétique, notre héroïque armée, ses chefs talentueux et ses braves soldats, la nation soviétique tout entière qui ont remporté la victoire dans la guerre patriotique. » Le texte condamne aussi la position du dirigeant communiste italien Palmiro Togliatti, qui, à côté de « nombreuses considérations justes », développe une thèse erronée, celle de « la dégénérescence de la société soviétique ». La contestation est alors muselée : au bout du compte, c’est la « lecture Mao-Molotov-Thorez » qui l’emporte. Le PCF refuse donc de s’engager sur le terrain de l’ouverture, afin d’éviter toute nouvelle critique et se borne à être le porte-parole du PCUS… C’est cette ligne qui est reprise au XIVe Congrès du PCF, au cours duquel Maurice Thorez déclare, dans son rapport introductif, que « nous refusons d’authentifier » le rapport publié dans Le Monde. L’épisode du rapport Khrouchtchev est clos par la volonté de la direction.

Que savaient vraiment les communistes de la situation réelle en URSS ?
Tout était connu à partir de 1956, mais encore fallait-il vouloir le dire : cela renvoie à la formule « Croire plutôt que voir »…

Jean Vigreux est professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bourgogne.

Cause commune n° 14/15 • janvier/février 2020