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Jack Hirschman est né à New York en 1933 et est mort à San Francisco en 2021.

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Il fut l’ami de poètes de la Beat Generation, comme Lawrence Ferlinghetti, dont il partage le refus de la guerre et le rejet du capitalisme américain ; mais son parcours est différent.
Sa poésie est révolutionnaire à la fois par ses thèmes et par sa forme. Il fut aux côtés des sans-logis, des immigrés, des Noirs, des Latinos, des femmes en lutte… Et sa parole poétique, qui ne recule ni devant le métissage ni devant les néologismes, transfigure l’idiome américain.
Marxiste, il était aussi un passionné de la Kabbale et l’un des traducteurs d’Antonin Artaud en américain. Il a d’ailleurs traduit de très nombreux poètes (comme Pasolini, René Depestre, Aït Djafer…)
Son œuvre, qui comprend une centaine de titres et son activité militante inlassable pour un monde plus fraternel, en font la figure majeure de la Street Poetry aux États-Unis. Il fut l’initiateur des Brigades des poètes révolutionnaires et le coordinateur du Mouvement mondial des poètes (WPM). Membre de la Ligue des révolutionnaires pour une nouvelle Amérique, il entendait donner la parole à la « nouvelle classe » dont le capitalisme moderne fait des exclus.
Il est l’inventeur de la notion de « planétariat ».

Francis Combes

 

Pour Terry Garvin

Elle se tenait debout
contre le mur
de l’hôtel Tevere, tenant à la main
un gobelet de plastique
quand il commença à pleuvoir.
Je me dirigeai vers elle
fouillai dans ma poche
à la recherche d’une pièce
et la jetai dans le gobelet.
La pièce tomba
au fond d’une boisson orange.
Je rougis et la regardai
à travers ses yeux ravagés et sa peau
et ses cheveux prématurément
gris, et dis
que j’étais désolé, j’avais cru
qu’elle faisait la manche…
« C’est ce que je fais… » dit-elle
et elle sourit : « Mais là, j’étais juste
en train de boire
un petit coup. »
Et nous sommes restés là,
tous les deux, à rire,
en regardant les gouttes de pluie
qui tombaient sur le lac orange

Cause commune • novembre/décembre 2021