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Georges Hassomeris naît en 1953 à Pont-de-Chéruy, petite ville industrielle de l’Isère où vit une forte communauté d’immigrés grecs, à laquelle il revendiquera toujours hautement son appartenance. Il vient plus tard s’installer à Lyon.

Après des études d’histoire et de philosophie, il occupe des emplois très divers, mais, souvent mêlées, la poésie et la politique (au sein du PCF) vont vite constituer l’axe moteur de sa vie. Il aura des responsabilités au sein de nombreuses associations culturelles (dont la Maison de la poésie Rhône-Alpes).
Compagnon du courant poétique « poésie sonore/poésie-action », investi en particulier dans le groupe des jeunes poètes de la revue BoXon, il se fera souvent performeur avec des interventions poétiques plus ou moins improvisées, souvent génialement loufoques. Il se définit cocassement comme « A&de cacophonique, meta/grec & crypto-Dada ».
Tous les dieux de la mythologie grecque, et le peuple des éternels voyageurs, des « métèques », sont souvent invoqués. Tout fait ventre dans sa poésie, des analyses politiques aux jeux de mots et fantaisies verbales, et joyeux ménage jusqu’à l’excès. Mais derrière l’humour, les apparences blagueuses, sa poésie (d’un lyrisme pudiquement mélancolique à ses débuts) se nourrit à une grande érudition et à une réalité qu’il décrypte sans tabou, et sans crainte de nouvelles expériences formelles.
Il a publié une vingtaine de recueils, a contribué à une Anthologie de la poésie protestataire des USA.
Une grave maladie respiratoire l’avait forcé à réduire ses activités depuis bien des années (mais non, grâce à l’informatique, sa présence et son attention toujours chaleureuses), et finira par l’emporter au début de l’année 2019.

Katherine L. Battaiellie


Lorsque je serai le cheval de Troie
Immobile devant l’éternité
Je demanderai aux déesses carnivores
Pas plus grandes qu’un brin d’herbe
De me tisser le beau manteau de neige
Indispensable aux voyageurs éternels
Mais
Aujourd’hui
Je suis
Le fleuve de cristal infini
Où pleuvent les Madone(s) de givre
Noyées sous la neige
Qui recouvre
Les pensées des hommes
Leurs souvenirs les plus stricts
& leurs ambitions
Déjà flétris
Par une main, inélégante
& incolore
Comme la mort
Comme le tain de ce miroir


Tombeau de Dionysos,
éditions Poésie-Rencontres, 1999.


Gustave Courbet aura passé sa vie, juges & policiers aux trousses. Un siècle après sa mort, ils ne le lâchent pas. Le 26 février, des policiers font irruption dans une librairie de Clermont/Ferrand & exigent le retrait du livre de Jacques Henric de la vitrine, au nom de l’article 283 du Code pénal. Le 16 mars, c’est la police municipale de Besançon qui fait irruption aux Sandales d’Empédocle, pour informer que des plaintes sont parvenues contre la couverture de cet ouvrage exposé en vitrine. L’objet de ces descentes d’argousins : un tableau de G/Courbet.

& c’est sur Courbet que ça retombe. Il fallut déjà qu’il tâte de la taule & se retape la Colonne (La Vendôme, à ses frais, pour délit de mise à bas sous la Commune). Mais jusqu’à quand les spectres grimaçants de Thiers et de Pétain vont/ils revenir tirer ce pays par les pieds ?
TARTUFFES !

Le Nombril d’or, VOIXéditions, 2002.


ICON(n)ERIES
(Poèmes pour obtenir le Nobel de Mathématique)

et toujours refuser de se taire sauf
(Peut/&tre)
Sous la torture
& tomber amoureux fou
D’une jeune Palestinienne
À la taille de sablier

& traduire en réalisme révolutionnaire
TOUTES
Les pulsions utopiques de notre temps

Vive la baisse tendancielle du taux de profit moyen !, Le Temps des Cerises, 2008.

Cause commune n° 14/15 • janvier/février 2020