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Notre 38e congrès était un jalon important sur le chemin qui nous conduit aux élections européennes de mai 2019.

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J’ai la conviction qu’il nous permet de sortir renforcés et en ordre de marche pour la bataille qui nous attend. Nous avons collectivement fait la preuve de notre unité. Nous nous sommes dotés d’une nouvelle identité visuelle et d’un nouveau secrétaire national, Fabien Roussel. Nous avons pris l’initiative de proposer une liste de large rassemblement conduite par le Parti communiste à tous ceux qui veulent une Europe réellement progressiste. Enfin, j’ai pu appeler à la mobilisation des communistes et présenter de premiers candidats, comme Marie-Hélène Bourlard, ouvrière retraitée, syndicaliste CGT, héroïne du film Merci patron ! dont nous avons bien l’intention de faire, en mai prochain, la toute première ouvrière euro­députée.

« Le mouvement des gilets jaunes met au tout premier plan la question sociale et celle du pouvoir d’achat. »

Ces acquis sont importants pour lancer désormais toutes nos forces dans cette campagne. D’autant que l’actualité sociale nous met du vent dans les voiles. Le mouvement des gilets jaunes place au tout premier plan la question sociale et celle du pouvoir d’achat, et la nécessité désormais très largement partagée d’envoyer à la poubelle les politiques libérales. Un gigantesque débat s’est ouvert en France dans le sillage des colères qui s’expriment. Ce sont des revendications très fortes qui s’y affirment ; c’est toujours aux plus petits qu’on demande des efforts et pas aux gros. Il faut améliorer la feuille de paie, rétablir l’ISF, s’en prendre enfin à l’évasion fiscale.

Une politique de Gribouille
Face à cette situation, le gouvernement, acculé, a multiplié les couacs, les annonces et les reculades. Emmanuel Macron, qui travaille d’arrache-pied à la compression des salaires, a dû partiellement reculer sur la hausse de la CSG, et promettre 100 euros aux salariés au SMIC. Pour tenir cette promesse sans augmenter réellement les salaires, il a accéléré le calendrier de versement de la prime d’activité qu’il avait d’ores et déjà promis et budgété pour 2019 et 2020. Ainsi ce sont les contribuables qui sont priés de mettre la main au portefeuille, pour protéger les employeurs et les grandes fortunes, principaux soutiens, financeurs et bénéficiaires de la politique gouvernementale. Mais l’annonce cachait en fait une escroquerie : seule la moitié des salariés au SMIC bénéficieront de ce « geste », la prime d’activité étant versée sous condition de ressources. Nouveau mensonge : le paiement ne pourra pas avoir lieu en janvier, et la somme totale pourrait être plus proche de 90 euros que de 100 euros…

« Cette élection sera la première respiration démocratique où les Français pourront utiliser leur bulletin de vote pour sanctionner les politiques d’austérité menée depuis Bruxelles et à Paris. »

Le résultat de cette politique de gribouille, c’est que si Emmanuel Macron veut que son budget respecte les critères européens et la fameuse règle d’or des moins de 3% de déficit, il devra accroître les recettes fiscales… ou faire encore plus d’économies aux dépens des services publics. Car pour le président des riches, il est évidemment hors de question de rétablir l’ISF, comme le lui demandent les gilets jaunes et 70% des Français selon un tout récent sondage publié par L’Humanité. Pourtant, même la droite traditionnelle le presse de mettre à contribution les plus hauts revenus. Celle-ci pourrait proposer la création de deux nouvelles tranches de l’impôt sur le revenu.

Des revendications fortes
Dans ce contexte, qui remet au centre les revendications du monde du travail, la campagne européenne sera un terrain crucial. Cette élection sera la première respiration démocratique où les Français pourront utiliser leur bulletin de vote pour sanctionner les politiques d’austérité menées depuis Bruxelles et à Paris. L’Europe c’est l’échelon grâce auquel nous pourrons imposer une transformation politique d’ampleur, comme la mise au pas des multinationales, notamment les GAFAM, ou la lutte contre la fraude fiscale de ces géants et des grandes fortunes. Nous avons d’ores et déjà mis sur la table des propositions très fortes. À nous de les marteler auprès des citoyens, qu’ils portent un gilet jaune ou non, dans nos quartiers, dans nos territoires, sur les lieux de travail : vraie augmentation du SMIC de 200 €, ouverture de négociations salariales dans le privé comme dans le public, hausse des retraites, rétablissement de l’ISF, prélèvement à la source de l’impôt sur les bénéfices des multinationales…
Nous ferons campagne sans rien lâcher sur la transition énergétique. Mais il est hors de question de la faire financer par ceux qui ont déjà du mal à finir leur mois. L’effort doit être porté par les gros : gros patrimoines, grosses entreprises, gros pollueurs, et non par les salariés qui utilisent leur voiture pour aller travailler. C’est la raison pour laquelle il faut taxer le kérosène des avions ou le fioul des paquebots ou des porte-containers. Il faut imposer les bénéfices des compagnies pétrolières comme Total, qui utilisent les circuits financiers offshore pour minimiser leur contribution à la société. Il faut mener la bataille contre les « réformes » qui libéralisent le rail, organisent la concurrence et la casse de nos services publics : elles engendrent l’abandon du fret ferroviaire et la fermeture de petites lignes SNCF… Nous voulons également réduire la TVA sur les véhicules propres et les transports en commun.

Une liste du monde du travail
La liste proposée par le PCF sera celle du monde du travail. Les salariés y auront la plus grande place, celles et ceux qui ont maille à partir avec les effets de l’Union européenne telle qu’elle est. Femmes et hommes, ouvriers, employés, syndicalistes, gilets jaunes, fonctionnaires, pompiers, postiers, élus locaux, agriculteurs, cheminots, électriciens, barragistes, étudiants, enseignants, chercheurs, cadres, avocats, artistes, créateurs et créatrices… Elle sera la liste de ces hommes et de ces femmes qui travaillent, qui ont travaillé ou qui veulent travailler, et qui réclament non pas l’aumône présidentielle mais des droits réels, des mesures sonnantes et trébuchantes pour vivre mieux, et la rupture avec les logiques d'austérité de l’Europe d’aujourd’hui.
Pour mener cette campagne, nous avons besoin de l’énergie de tous les communistes. Il nous faut nous démultiplier. Structurer notre action région par région, département par département. Faire connaître notre liste, nos propositions. En disant cela, je pense au nécessaire rassemblement : nous faisons le pari que c’est en investissant pleinement le débat national, en rendant visibles le PCF et sa liste, que nous créons les conditions de possibilité d’une large union.

Ian Brossat est tête de liste du PCF aux élections européennes.


Mode de scrutin pour les européennes en France

La loi du 25 juin 2018 relative à l’élection des représentants au parlement européen rétablit une circonscription unique qui était déjà en vigueur avant les élections de 2004 (pour les élections de 2004 et de 2009, le territoire était découpé en huit circonscriptions régionales, sept pour la métropole, une pour l’outre-mer).
Les élections européennes ont lieu au suffrage universel direct à un tour. Les candidats sont élus pour cinq ans selon les règles de la représentation proportionnelle à scrutin de liste à la plus forte moyenne. Les partis ayant obtenu plus de 5% des suffrages bénéficient d’un nombre de sièges proportionnel à leur nombre de voix.

Cause commune n° 9 • janvier/février 2019