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Les élections européennes auront lieu dans neuf mois, le dimanche 26 mai 2019. D’aucuns pourraient considérer que l’échéance est lointaine. C’est vrai et faux à la fois. Vrai parce que l’actualité des mois à venir sera riche, qu’elle sera remplie par d’autres événements : la bataille des retraites, la réforme constitutionnelle, et pour ce qui concerne le PCF par un Congrès qui aura lieu à la fin du mois de novembre. Faux parce que les enjeux européens sont d’ores et déjà sur le devant de la scène et que ces élections européennes revêtiront un enjeu majeur. J’identifie cinq raisons au moins de prendre très au sérieux cette échéance. Cinq raisons de s’engager dès maintenant. Cinq raisons d’y croire.

1. Sanctionner Macron
Les élections européennes seront les premières élections nationales depuis la victoire d’Emmanuel Macron en mai 2017. Elles seront donc un test pour toutes les formations politiques. Le résultat sera d’autant plus lisible que le mode de scrutin a changé. Il s’agit désormais d’un scrutin national, et non plus par circonscriptions, toujours à la proportionnelle. Il sera observé, commenté, interprété.
Il s’agira donc en premier lieu de sanctionner Macron, sa politique, et la cohorte de malheurs qu’elle draine. Casse sociale, fragilisation des services publics, cadeaux aux plus riches, précarisation du travail, sur fond de pratique autoritaire du pouvoir conduisant à des dérives telles que celles révélées par l’affaire Benalla.
Il s’agira en second lieu de montrer qu’il se passe quelque chose à gauche. Les élections européennes ne peuvent pas être le remake de 2017. Elles ne doivent pas l’être. Nous voulons faire émerger du neuf dans cette élection. C’est le sens de notre démarche, de la main que nous tendons au mouvement social, à tous ceux qui à gauche aspirent à d’autres politiques en France et en Europe.

2. Parce qu’il y a péril en la demeure « Europe »
Le contexte de ces élections n’a rien de banal. Partout, l’extrême droite et les nationalismes progressent. C’est le cas en Pologne, en Hongrie, dans les pays de l’ex-Europe de l’Est. Les pays fondateurs de l’Union européenne ne sont pas épargnés non plus. On le voit en Italie. Cette situation politique a des conséquences très concrètes. Sur la question du traitement des réfugiés, à l’issue du dernier sommet européen, les États européens se sont alignés sur les positions de l’extrême droite. Ils ont décidé de concentrer tous leurs efforts non pas à élaborer des solutions d’accueil dignes, mais au renforcement des frontières extérieures de l’Europe. Autrement dit, à empêcher ceux qui veulent fuir de trouver refuge en Europe.

« Nous voulons faire émerger du neuf dans cette élection. C’est le sens de notre démarche, de la main que nous tendons au mouvement social, à tous ceux qui à gauche aspirent à d’autres politiques en France et en Europe.»

Cette montée des nationalismes n’est pas le fruit du hasard. Elle est directement connectée aux politiques libérales menées depuis des années au sein de l’Union européenne. Les libéraux ont fini par dégoûter les Européens de l’Europe à force de leur imposer des politiques libérales, y compris lorsque les peuples les ont rejetées par les urnes. Ils ont donc une responsabilité écrasante dans cette progression des nationalismes.

3. Pour refuser la fausse alternative entre libéraux et fachos
Macron tente, dans ce contexte, de s’ériger en premier opposant à l’extrême droite. Il serait la digue à laquelle les démocrates pourraient se raccrocher. Les citoyens européens auraient donc un choix, un seul : libéralisme ou nationalisme.
Ce choix est, en réalité une triple impasse.

« Les libéraux ont fini par dégoûter les Européens de l’Europe à force de leur imposer des politiques libérales, y compris lorsque les peuples les ont rejetées par les urnes.»

D’abord parce qu’il passe sous silence la responsabilité des libéraux dans cette situation. Si l’Europe avait été autre chose qu’une machine à imposer des politiques d’austérité à coups de lattes et à mettre en concurrence les salariés européens entre eux, nous n’en serions pas là. Les libéraux ont fait le lit des fachos. Toute l’Europe en paie le prix aujourd’hui.
Ensuite, c’est oublier un peu vite les connexions entre libéraux et nationalistes. Deux exemples : c’est un gouvernement d’union entre droite et extrême droite en Autriche qui met en place la semaine de 60 heures. De même, Orban, en Hongrie, s’est fait l’apôtre de la flat-tax, un même taux d’imposition sur le revenu à 15 % qu’on soit pauvre ou millionnaire. Autrement dit, une politique très compatible avec les dogmes libéraux sur le plan économique.
Enfin, cette fausse « alternative » est très périlleuse. Car elle renvoie dans les bras de l’extrême droite tous ceux qui, à raison, contestent le cours actuel de l’Europe.

4. Parce que l’exigence d’une autre Europe est plus que jamais nécessaire
Dans ce contexte, il y a donc urgence à faire émerger une autre Europe, à donner force et crédibilité à une alternative en Europe.
L’Union européenne actuelle souffre d’une tare fondamentale. Elle tient en trois mots. Priorité aux marchés. Depuis 10 ans, la Banque centrale européenne (BCE) a procuré plus de 3 000 milliards d’euros aux banques privées sans la moindre condition.
Dans le même temps, les traités européens organisent le dumping social qui tire les travailleurs vers le bas. Elle permet aussi le dumping fiscal. Avec l’optimisation et l’évasion fiscale, ce sont chaque année 1 000 milliards d’euros qui partent en fumée au sein de l’Union européenne.
Nous rejetons cette logique-là. À cette Europe de l’argent-roi, nous opposons celle de l’humain d’abord. Nous proposons une autre utilisation de l’argent. La BCE pourrait ainsi alimenter un fonds européen dédié au développement des services publics.

5. Parce que ce peut être le début de la reconquête
Ne nous le cachons : pour nous, les communistes, 2017 a été une année difficile. 2019 peut être pour nous une année de reconquête. Nous avons fait le choix de partir tôt en campagne, de nous doter un an avant l’échéance d’axes de campagnes, d’une équipe chargée de l’animer. J’en suis le chef de file. Et je constate partout de l’envie, de l’énergie. Nous pouvons montrer à des millions de gens ce dont les communistes sont capables. De fait, nous n’en avons pas eu l’occasion il y a un an. Nous pouvons le faire cette fois-ci. Allons-y !

Ian Brossat est chef de file des communistes pour les élections européennes 2019.

Cause commune n° 7 - septembre/octobre 2018