On a déjà évoqué dans cette rubrique, dans La Revue du projet puis dans Cause commune, le baromètre annuel de la confiance, établi par le Centre d’étude de la vie politique OpinionWay (CEVIPOF). Cette série d’enquêtes sur la longue durée, sollicitant un nombre important de sondés, est l’étude d’opinion la plus fiable qui soit.
Certes, cette dernière recherche est en partie datée. Réalisée du 13 au 24 décembre 2018, et rendue publique à la mi-janvier, dans un moment de crise aiguë, elle traduit « un tsunami de défiance contre les institutions politiques » (Le Figaro). Reste que les tendances lourdes de l’étude, six mois après, demeurent valables.
Si les Français, depuis dix ans, font part de « morosité » et de « méfiance », cette fois la progression de ces sentiments est spectaculaire. Leur sévérité à l’égard de la politique est inégalée. Cela vaut pour (contre) Macron. « La colère, note Bruno Cautrès du CNRS/CEVIPOF, la déception, les tensions, le sentiment d’abandon : tout se passe comme si le projet de dépassement du “vieux monde” avait été déchiré en quelques mois ». Interrogés sur leur confiance dans les responsables politiques, la hiérarchie, inchangée depuis dix ans, suit le degré de proximité : la confiance en son maire progresse, celle pour le député recule, celle du chef de l’État s’effondre. Le doute à l’égard de la démocratie est massif. Depuis 2009, l’écart entre ceux qui considèrent que « la démocratie fonctionne bien ou assez bien » et ceux qui pensent qu’elle ne fonctionne « pas bien ou pas bien du tout » n’a cessé de se creuser. En un an cet écart s’est accru de dix-huit points.
Autre donnée significative de cette enquête : le vote aux élections est de moins en moins perçu comme un bon moyen pour « peser sur les décisions prises en France », alors que la manifestation et le référendum ont la cote.