Par Michaël Orand
Graph. 1 Distances matinales parcourues par les utilisateurs de téléphone mobile
Source : Orange, Insee.
Graph. 2 Transactions par carte bancaire CB en magasin et à distance
Source : cartes bancaires CB, Insee.
Graph. 3 Part de personnes ayant connu une restriction d’activité selon le niveau de vie
Source : Insee, enquête Camme, mai 2020.
Graph. 4 Nombre de décès par semaine rapporté à la période 2015-2019
Source : Insee, statistiques d’état civil, fichier du 5 mai 2020.
Depuis le début de l’épidémie de covid-19, nous avons été habitués au commentaire, soir après soir, des chiffres des nouveaux cas, hospitalisations et décès. Mais il est vite apparu que nous étions confrontés à bien plus qu’une simple crise sanitaire.
La statistique publique a mobilisé rapidement de nombreux outils pour tenter de documenter les nombreux aspects de cette crise, parfois en ayant recours à des innovations très récentes, voire à l’expérimentation de nouvelles sources de données. C’est le cas par exemple pour les données de téléphonie mobile (graphique 1) et les données de transaction par carte bancaire (graphique 2), jusqu’alors utilisés uniquement de manière très ponctuelle. Ces données illustrent non seulement la rupture brutale des comportements au moment du confinement, mais permettent aussi d’avoir une première estimation de l’ampleur de la crise. Couplées aux enquêtes de conjoncture (graphique 3), elles permettent de confirmer et de quantifier le choc économique provoqué par l’épidémie et le confinement. Au total, l’Insee estime que la baisse d’activité pourrait être de l’ordre de 30 % pour le mois d’avril, de 20 % pour le mois de mai et de 12 % pour le mois de juin.
Les innovations techniques permettant un suivi en quasi-temps réel de l’activité n’ont cependant pas été les seules mises à contribution : les fonctions historiques de la statistique publique, et en particulier les études démographiques, nous éclairent également sur les conséquences sanitaires de l’épidémie. En complétant les statistiques de l’activité hospitalière, elles permettent de mesurer la surmortalité liée à la covid-19 (graphique 4). Entre le 1er mars et le 27 avril, ce sont ainsi 24 000 décès supplémentaires qui ont été recensés par l’Etat-civil par rapport aux années précédentes.
Cause commune n°18 • juillet/août 2020