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Par Gérard Streiff

L’été dernier, le Sénat organisait un colloque intitulé « Comment réenchanter l’audiovisuel public à l’heure du numérique ? ».

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L’été dernier, le Sénat organisait un colloque intitulé « Comment réenchanter l’audiovisuel public à l’heure du numérique ? ». Un sondage était commandé à cette occasion montrant que « la frontière entre média publics et privés devient de plus en plus floue ». Si 87 % des plus de 65 ans identifient France 2 comme une chaîne de service public, quasiment un jeune adulte sur deux (de 18 à 24 ans) fait la distinction inverse. Mieux ou pire : près de 30 % de cette tranche de la population pensent que TF1 est un média public. « C’est dire à quel point le service public est aujourd’hui perçu comme un grand fourre-tout », note la journaliste du Figaro Caroline Sallé.
Selon la présidente de la commission culture du Sénat, trois facteurs expliquent cette confusion. D’abord « la course à l’audimat (qui) a conduit à une homogénéisation des programmes » ; ainsi 57 % des sondés estiment que l’information en provenance des média de service public est identique à celle du privé. Et plus de la moitié des personnes interrogées assurent que les séries, films et divertissements de l’audiovisuel public sont identiques aux offres du privé.
Ensuite, il y a un doute de l’opinion sur l’indépendance de l’audiovisuel public vis-à-vis du pouvoir politique. Enfin, la présence de la publicité fait que « beaucoup ont le sentiment que les patrons du privé ainsi que les grandes entreprises ont une influence sur les média publics. Les entreprises publiques n’étant pas vraiment incarnées, cela renforce d’autant les interrogations sur son manque d’indépendance ».
On notera aussi que si 56 % des Français se disent satisfaits des programmes proposés par le service public, ce chiffre grimpe, en Grande-Bretagne, à 86 % : « Les Britanniques nourrissent un attachement affectif vis-à-vis de la BBC. Leur lien est quasiment d’ordre patrimonial. »
L’enquête soulève une question sur le financement. « Pourquoi consentir à payer une redevance si chaînes privées et publiques sont indistinctes ? Alors que la frontière entre offre privée et publique s’estompe, les Français ont très clairement le sentiment de subir une double peine. Ils s’acquittent toujours d’une redevance alors que la publicité n’a pas été totalement supprimée. Si la publicité doit rester, ils demandent à payer moins, voire à ne plus payer du tout. »
Dernier enseignement : « Les Français se disent massivement opposés à l’idée de voir apparaître demain des publicités ciblées dans leurs programmes, via la captation et l’exploitation de leurs données personnelles. Ils y voient une mesure contraire à l’esprit du service public. »

Cause commune n°9 • janvier/février 2019