Igor Zamichiei, responsable national à la vie du parti, coordinateur du comité exécutif national, présente le contexte et les raisons de la campagne de renforcement que vient de lancer le Parti communiste français, son articulation avec la campagne électorale ainsi qu’avec le travail des sections sur le terrain.
Propos recueillis par Ségolène Mathieu
Le Parti communiste français lance une grande campagne d’adhésions. Pourquoi ?
Renforcer le parti est un enjeu décisif pour l’action collective. Pour tout de suite, car nous devons faire connaître nos candidats et nos propositions dans les campagnes présidentielle et législatives. Et pour demain, car de notre nombre dépend notre capacité d’intervention dans la vie nationale tout au long du prochain quinquennat.
Mesurons en effet à quel point les défaites de ces dernières années sont avant tout la conséquence d’une incapacité du mouvement ouvrier, des forces syndicales et politiques de gauche, et parmi elles du PCF, à construire une union populaire agissante pour reprendre les termes de notre dernier congrès.
Et aujourd’hui la précampagne présidentielle montre la grande instabilité de la situation politique et la capacité de fractions du capital à donner telle ou telle direction à la recomposition politique. Si nous ne nous renforçons pas, nous sommes condamnés à regarder de manière impuissante agir les forces du capital, de Bernard Arnaud au profit de Macron à Vincent Bolloré au profit de Zemmour.
« Ces comités des jours heureux n’ont pas vocation à être simplement des comités de soutien de la candidature de Fabien Roussel, ils doivent aussi devenir une vraie force d’initiative tout au long des campagnes électorales. »
Quel que soit le résultat des échéances de 2022, nous aurons besoin d’un parti renforcé, pour créer les conditions de grandes conquêtes sociales et démocratiques, comme pour résister aux côtés des travailleurs du pays à toute offensive réactionnaire.
Enfin, le renforcement est indispensable pour la vie même de notre parti, qui doit en permanence être tourné vers l’extérieur pour être utile à nos concitoyens. De nouveaux adhérents, c’est de l’énergie, de l’inspiration, des compétences nouvelles au service de l’action collective.
Quelle est la stratégie mise en place pour atteindre l’objectif de dix mille adhésions d’ici juin 2022 ?
Cette campagne de renforcement du parti s’articule étroitement avec nos campagnes présidentielle et législatives de 2022. Présenter un candidat communiste à l’élection présidentielle contribue à une meilleure visibilité de nos valeurs, de nos propositions, de notre parti. L’élection en elle-même peut être un formidable moment de politisation pour des centaines de milliers de nos concitoyens : des milliers de personnes sont actuellement à la recherche d’une alternative à la situation politique, ils ont besoin d’espaces où parler de leurs besoins, de leurs attentes et où ils peuvent mettre en œuvre leur volonté de changement. C’est donc un moment privilégié pour faire découvrir le Parti communiste français, démontrer son utilité sociale et politique et convaincre des concitoyens de nous rejoindre.
Cet objectif de dix mille adhésions en quelques mois est à la fois ambitieux et accessible. À la mi-octobre, alors même que la campagne n’est pas encore au cœur de la vie des Français, nous en avons déjà réalisé plus d’un millier depuis mai. Décliner notre objectif par fédération et par section, travailler à faire réfléchir les adhérents aux possibles adhésions dans leur entourage, sera décisif pour l’atteindre.
« Renforcer le parti sur le long terme, et non pas seulement sur le temps court des campagnes présidentielle et législatives afin de prendre toute notre place politique dans les départements et sur la scène politique nationale. »
Mener cette campagne d’adhésion implique de nous emparer pleinement de la campagne de Fabien Roussel, de ne pas être spectateur mais acteur de la campagne, d’être sur le terrain et sur les réseaux sociaux pour porter nos idées communes.
Il est rare que l’adhésion au PCF se fasse de manière spontanée, c’est bien souvent un acte réfléchi qui vient concrétiser des engagements antérieurs, quelle que soit leur forme. Pour démarrer cette campagne d’adhésion, nous pouvons commencer par nous rapprocher du cercle de nos proches, compagnons de route, et leur proposer de rejoindre le parti.
Comment cette campagne va-t-elle s’articuler dans les mois à venir ? Quelle forme va-t-elle prendre ?
La campagne de renforcement doit se faire au plus près du terrain. Nous devons être au pied des immeubles de nos quartiers, à la sortie des entreprises, des usines, devant les services publics, les gares et tous les lieux de transport, sur les murs grâce à nos affiches. Ne pas simplement diffuser le matériel de campagne mais prendre le temps d’aller réellement à la rencontre de nos concitoyens.La pétition est l’un des moyens les plus simples pour avoir un contact direct avec une personne, que ce soit sur le marché, dans une manifestation ou lors d’un porte-à-porte. C’est un outil militant indispensable, il nous permet d’entamer une discussion sur un sujet qui préoccupe les gens et de proposer des mesures efficaces, par exemple pour développer les services publics, faire baisser les prix ou augmenter les salaires… Les coordonnées recueillies nous ouvrent la possibilité ensuite de nouer avec les personnes que nous avons rencontrées un lien politique pouvant aller jusqu’à l’adhésion.
Avec une pétition, un tract généraliste ou sur une thématique comme support, le porte-à-porte doit également être au cœur de notre campagne. Il permet de rencontrer de nombreuses personnes en peu de temps et sur un territoire ciblé en fonction de nos scores électoraux. Il est très efficace dans une campagne électorale et peut être le premier contact avec des personnes avec lesquelles on pourra ensuite entretenir un lien privilégié parce que nous sommes allés les rencontrer directement avec considération et conviction.
« Si nous ne nous renforçons pas, nous sommes condamnés à regarder de manière impuissante les forces du capital agir, de Bernard Arnaud au profit de Macron à Vincent Bolloré au profit de Zemmour. »
Si notre présence est indispensable sur les murs ou dans les rues de nos villes, elle doit également s’accompagner d’un contact avec les personnes dont nous avons recueilli les coordonnées, quelle qu’en soit la manière (mail, appel téléphonique, SMS…). Nos fichiers mis à jour régulièrement doivent nous servir à maintenir le lien avec nos adhérents effectifs ou potentiels.
Tout au long de la campagne présidentielle, des rencontres vont être organisées, comme c’est déjà le cas avec les rencontres nationales des jours heureux, qui peuvent donner lieu à des prolongements locaux, des rencontres lors desquelles Fabien Roussel ou ses porte-parole se déplacent dans un département pour discuter avec les camarades et les habitants des sujets de notre campagne. Ces initiatives nationales comme nos initiatives locales, dans le cadre également des législatives, doivent être l’occasion d’aller à la rencontre de personnes intéressées par le parti et de leur poser la question de l’adhésion.
Quels sont les objectifs de cette campagne, au niveau national et des fédérations ?
D’abord, retrouver confiance en notre capacité à nous renforcer pour un rayonnement toujours plus important de nos idées. Il nous faut sortir du sempiternel apitoiement sur l’érosion de notre base militante – qui reste malgré tout une des plus importantes des partis du pays – et des scores parfois faibles que nous avons réalisé à telle ou telle élection, pour travailler concrètement les enjeux des territoires dans lesquels on milite, les attentes de la population.
Ensuite, dix mille adhérents supplémentaires constitueraient bien évidemment une force considérable, allant de plusieurs dizaines de camarades en plus dans certains départements à plusieurs centaines là où nous sommes déjà bien implantés aujourd’hui. Ce serait autant de nouveaux points d’appui dans des lieux, quartiers, villages ou entreprises où nous ne sommes pas forcément encore implantés par exemple et dans lesquels ces adhésions nous permettraient de rayonner.
Enfin, il s’agit de renforcer le parti sur le long terme, et non pas seulement sur le temps court des campagnes présidentielle et législative afin de prendre toute notre place politique dans les départements et sur la scène politique nationale. Au-delà du renforcement des structures actuelles, on peut viser le développement de nouvelles organisations du parti, locales ou dans des entreprises.
« Mener cette campagne d’adhésion implique de nous emparer pleinement de la campagne de Fabien Roussel, de ne pas être spectateur mais acteur de la campagne, d’être sur le terrain et sur les réseaux sociaux pour porter nos idées communes. »
Renforcer le parti c’est former de nouvelles générations de militants. La formation est un atout pour bien vivre son activité politique, ne pas se décourager, gagner en efficacité, prendre des responsabilités et participer au renouvellement des directions.
Quels sont les outils mis à disposition des sections pour parvenir à cet objectif de dix mille adhésions ?
Le principal support est bien évidemment le nouveau bulletin d’adhésion aux couleurs de la campagne présidentielle. Il doit accompagner les camarades lors de chaque initiative, que ce soit une distribution de tracts, un porte-à-porte ou une manifestation. Le matériel national ou local créé lors de la campagne présidentielle peut servir de point de départ à un échange débouchant sur l’adhésion au parti.
La charte graphique de la campagne, mise à disposition des fédérations et des sections, permet à tous les camarades, quelle que soit leur fédération, de créer leur propre contenu afin de l’adapter aux batailles menées localement. Dans l’espace de partage national en ligne, chaque fédération peut déposer son matériel, ce qui permet aux autres fédérations de s’en inspirer.
Comment cette campagne va-t-elle s’inscrire dans la mise en place des comités des Jours heureux ?
Le premier enjeu qui doit nous mobiliser, dans les fédérations et les sections, est la mise en mouvement du plus grand nombre de militants mais également de citoyens prêts à s’impliquer dans la campagne présidentielle.
« Prendre le temps d’aller réellement à la rencontre de nos concitoyennes et concitoyens. Le porte-à-porte doit être au cœur de notre campagne. »
Ces comités n’ont pas vocation à être simplement des comités de soutien à la candidature de Fabien Roussel, ils doivent aussi devenir une vraie force d’initiative tout au long des campagnes électorales. De nombreuses sections ou fédérations en ont déjà mis en place et il s’agit maintenant de travailler à élargir leur périmètre au-delà des adhérents. Un kit militant est disponible. Nous devons faire en sorte de donner envie à nos sympathisants, aux syndicalistes, membres d’associations dont nous partageons les valeurs, citoyens engagés, de s’impliquer, de contribuer à notre campagne pour recueillir des propositions concrètes et construire ensemble un programme à la hauteur des défis de la période.
Comment impliquer les personnes qui rejoignent le PCF et pérenniser ces nouvelles adhésions ?
L’adhésion au PCF vient souvent d’une envie d’agir, de changer les choses et d’être utile à l’intérêt général. Chaque nouvel adhérent est porteur d’un vécu et d’un espoir. Lors d’une campagne électorale, la tentation peut parfois être grande de parer au plus pressé et d’être le plus réactif possible, parfois au détriment de la mobilisation du plus grand nombre ; au contraire, c’est un moment privilégié pour solliciter les nouvelles et nouveaux camarades, écouter leurs propositions, les impliquer dans les initiatives prévues et les associer le plus largement possible à nos actions.
Le plus important dans cette grande campagne de renforcement est de permettre à chacune et chacun de trouver sa place au sein de notre parti, de construire son action militante grâce aux apports des camarades et aux débats que nous organisons. Le parti ne doit pas seulement être un lieu d’action politique, il doit également permettre l’épanouissement personnel et l’émancipation de chacune et chacun.
Cause commune • novembre/décembre 2021