Négociations et conflictualité en 2020
Et si faire grève était le plus sûr moyen d’obtenir satisfaction ? C’est ce que semble montrer une récente étude du ministère du Travail faisant le bilan des négociations collectives lors de l’année 2020. Si la conflictualité concerne une minorité d’entreprises (1,6 % des entreprises), il existe une corrélation très forte entre la signature d’un accord d’établissement, d’entreprise, d’unité économique et sociale (UES) ou de groupe et la conflictualité dans l’entreprise : en effet, 70 % des entreprises ayant connu au moins un conflit du travail, quelle que soit sa forme, ont engagé des négociations. C’est le cas de 72 % de celles qui ont déclaré une grève et 68 % de celles qui ont connu une autre forme de conflit (rassemblement, pétition…), contre seulement 16 % des entreprises n’ayant connu ni conflit ni grève. Parmi les entreprises ne déclarant pas de conflit, 13 % ont conclu au moins un accord en 2020 ; contre 59 % pour celles ayant connu un conflit, 63 % si le conflit a pris la forme d’une grève, 58 % s’il a pris une autre forme.
Mais le lien entre négociations, signature d’accord et conflictualité dans l’entreprise n’est pas si mécanique : les capacités de mobilisation et de négociation des salariés supposent la présence de syndicats dans l’entreprise pour organiser collectivement les travailleurs, élaborer avec eux des revendications et mener les négociations.
L’étude montre notamment que c’est dans le domaine des primes et des salaires que la présence de délégués syndicaux a l’influence la plus décisive sur la tenue de négociations : 84,9 % des entreprises qui en sont pourvues ont négocié sur ce thème en 2020, contre 34,3 % de celles qui ne disposent que d’élus. Une nouvelle démonstration que l’organisation et la mobilisation collective sont toujours plus que nécessaires, bien loin des fables sur le « dialogue social » !
Pour davantage d’informations, lire Mathilde Pesenti, « La négociation collective d’entreprise en 2020. » DARES Résultats, n° 33, juillet 2022.
