À la veille de l’élection présidentielle, Fabien Roussel, candidat présenté par le Parti communiste français et d’autres organisations de gauche, interrogé par Cause commune revient sur quelques-unes des propositions phares qu’il défend…
Vous avez placé votre campagne sous le signe du pouvoir d’achat. Lors du meeting de Marseille, vous avez proposé de remplacer le « ruissellement » par le « roussellement ». De quoi s’agit-il ?
On nous explique depuis des années que la vie sera plus belle quand les riches seront plus riches : on pourra mettre du beurre dans les épinards grâce aux éclaboussures de leur richesse. C’est ça, la théorie du ruissellement. Sauf que, dans la vie réelle, ça ne se passe comme ça : les riches s’enrichissent, la finance rafle tout, et voilà tout. Ce que je propose : augmenter les salaires et les pensions. Tout de suite : un salaire minimum à 1 500 euros net et, je précise, 1 923 euros brut car il ne s’agit pas d’asphyxier la Sécurité sociale ; pas une pension au-dessous de 1 200 euros. Au-delà : conférence générale des salaires pour tirer vers le haut la rémunération de celles et ceux qui travaillent. Augmentation de 30 % des salaires dans la fonction publique. Ce n’est pas de la charité, c’est une simple question de justice. Je veux porter le droit à vivre dignement de son travail. C’est ça, le « roussellement ».
Alors que le chômage de masse est une réalité depuis des décennies dans notre pays, vous revendiquez un emploi ou une formation pour toutes et tous. Comment y parvenir ?
C’est vrai que ça fait des décennies que notre pays vit en condamnant des millions de personnes au chômage. Un ancien président déclarait même, il y a bientôt trente ans, que contre le chômage « on a tout essayé ». Je sais que ça crée parfois de la résignation et du doute quand on propose d’éradiquer le chômage. Pourtant, c’est cet objectif que nous voulons nous fixer résolument. À la Libération, avec d’autres, nous avons eu la force et l’intelligence de créer la sécurité sociale. Pourtant, le pays était en ruines. Aujourd’hui, il est grand temps de créer une Sécurité d’emploi ou de formation qui garantisse à toutes et tous un emploi de qualité, dignement rémunéré, ou une formation permettant d’aller vers un emploi de qualité. Nous voulons faire vivre le droit universel au travail. Il y a tant à faire, dans tant de domaines, si on veut répondre aux besoins de notre peuple et relever le défi de la transition écologique. Il y a des dizaines de milliers d’emplois à créer dans l’industrie, l’école, la recherche… On n’aura pas de trop de tous les bras et de tous les cerveaux de France !
Vous avez par ailleurs réussi à imposer dans le débat la question du mix énergétique comprenant une part de nucléaire. Pourquoi considérez-vous qu’il s’agît d’un enjeu de première importance ?
Dans notre pays, tout le monde ne peut pas s’éclairer, se chauffer, se déplacer normalement. Est-ce que ça vous paraît tolérable au XXIe siècle ? Il faut faire entrer dans la vie le droit à l’énergie dans notre pays. Mais nous voulons plus encore : nous voulons réindustrialiser la France, développer le transport ferroviaire, permettre à des millions de Françaises et de Français de passer à une voiture électrique… Il va donc falloir produire plus d’électricité. Quelle électricité voulons-nous produire ? Il faut qu’elle soit décarbonée et nous voulons qu’elle soit sûre et qu’elle ne soit pas ruineuse. Cette équation nous amène à porter l’exigence d’un mix énergétique avec du nucléaire et du renouvelable. Le nucléaire est incontournable pour sortir des énergies fossiles et produire une électricité à prix raisonnable. C’est une énergie pilotable et qui ne dépend pas de la pluie ou du beau temps : on peut renforcer la production quand les besoins montent. Il faut évidemment qu’elle soit sûre, et c’est la raison pour laquelle nous voulons le retour d’EDF et d’Engie sous l’autorité de la nation. C’est trop sérieux pour être laissé aux mains d’actionnaires qui ne pensent qu’au profit ! Les énergies renouvelables sont aussi une part de la réponse, à commencer par l’hydraulique. Rien ne sera à négliger pour sortir des énergies fossiles.
Vous évoquez ici les questions environnementales. Quelle vision est la vôtre en la matière ?
Pour nous, c’est un enjeu majeur et nous ne pensons pas que le libre marché permettra de régler le problème. On sait bien comment marchent les actionnaires et les boursicoteurs : profit, profit, profit et peu importe le reste. Comme disait Octavio Paz : « Le marché n’a ni conscience ni miséricorde » … D’un autre côté, certains portent une écologie centrée sur les seuls individus : baissez le chauffage de 2 degrés, etc., sans se rendre compte qu’on demande toujours les efforts aux mêmes et qu’on passe complètement à côté du sujet. C’est une révolution d’une autre échelle qu’il faut initier pour faire face à ce défi !
Je propose d’inclure la dimension environnementale dans les critères pour la commande publique. Quand l’État achète, il ne peut pas le faire sans prendre en compte une série de critères : l’égalité femmes-hommes, la qualité de la rémunération et du statut des salariés, la dimension environnementale. Même chose pour les crédits bancaires proposés aux entreprises et qu’aura à « flécher » un pôle financier public, ajoutant aux actuels établissements publics la nationalisation de la BNP, de la Société générale et d’Axa. On se donne ici des armes solides pour réorienter l’économie dans un sens durable.
« Nous voulons faire vivre le droit universel au travail. Il y a tant à faire, dans tant de domaines, si on veut répondre aux besoins de notre peuple et relever le défi de la transition écologique. »
J’ajoute qu’il faut aller vers la création d’un grand fonds européen de développement social et environnemental. La question environnementale est importante et urgente : il va falloir de l’argent. C’est au moins 10 milliards par an pour la rénovation énergétique des logements et des bâtiments publics. C’est un grand plan national de développement du fret et du chemin de fer. C’est le développement des transports collectifs et leur gratuité. C’est le renforcement de services publics comme celui de l’Office national des forêts, si attaqué par les différents pouvoirs libéraux qui se sont succédé. C’est la fin des projets irresponsables et inhumains, du type de la ferme des mille vaches ou le projet de Montagne d’or en Guyane.
Il faut aussi une voix très différente de la France à l’échelle internationale : la France d’Emmanuel Macron s’est abstenue il y a quelques mois quand a été proposée l’interdiction de l’exploitation minière des fonds marins. Avec moi, c’est clair : c’est l’humain et la planète d’abord.
Vous insistez sur le fait que la jeunesse est notre avenir et que nous devons investir pour elle, pour construire les Jours heureux : quelles sont vos trois propositions phares pour cette jeunesse ?
J’en ai bien plus que trois mais, si vous en voulez trois, je peux déjà commencer par celles-ci. Je veux éradiquer le chômage, je vous l’ai dit, mais je veux commencer d’abord par celui des jeunes. Pas un jeune au chômage : voilà le premier objectif à se fixer dès ce printemps. Je veux la jeunesse la mieux formée. Cela implique un gigantesque effort de rattrapage et de développement de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Il faut augmenter de 50 % leur budget, recruter cent mille enseignants et enseignants-chercheurs pour accueillir et former notre jeunesse avec des effectifs par classe réduits et du temps pour accompagner les jeunes dans la réalisation de leur travail à l’école même. Des jeunes bien formés, c’est un droit pour chaque jeune, c’est aussi une nécessité que pour que notre pays relève les défis des révolutions informationnelle et numérique : il faudra y consacrer les moyens nécessaires, ce qui passe aussi par la création d’un revenu permettant aux étudiants d’étudier, quels que soient leurs moyens ou ceux de leur famille.
« Le nucléaire est incontournable pour sortir des énergies fossiles et produire une électricité à prix raisonnable. Il faut évidemment qu’elle soit sûre, et c’est la raison pour laquelle nous voulons le retour d’EDF et d’Engie sous l’autorité de la nation. »
J’ajoute une troisième mesure, puisque vous m’en demandez trois : la gratuité du permis de conduire. Être jeune, c’est aller vers l’autonomie et, dans presque toute la France, ça passe par le permis de conduire. Aujourd’hui, ça représente un coût énorme pour les familles et crée, de fait, une inégalité énorme. Il faut en finir.
Le mois de mars est marqué par la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. En février dernier, lors de votre passage à Sciences-Po, vous avez évoqué la nécessité d’atteindre l’égalité femmes-hommes, et ce, malgré le « grincement de dents » des économistes. Que voulez-vous mettre en place pour y parvenir ?
Ça va bientôt faire un demi-siècle que des lois se donnent l’objectif d’aller vers l’égalité femmes-hommes. Et on n’y est toujours pas ! Loin de là ! C’est insupportable qu’à qualification égale et poste égal, une femme gagne moins qu’un homme dans notre pays. Sans compter que, justement, on ne laisse pas toujours les femmes accéder aux mêmes postes que les hommes…
Pour ce qui est des salaires, il faut taper fort pour que les choses avancent enfin : je laisserai six mois à la fonction publique pour que l’objectif soit atteint et un an aux entreprises privées pour réaliser l’égalité salariale. Faute de quoi, un administrateur judiciaire se chargera de la faire, à la place de l’employeur. C’est simple, c’est net. Je sais que ça va coûter
– on me le répète assez quand je croise des âmes sensibles aux hyperprofits des actionnaires – mais ça va aussi rapporter : de bons salaires pour les femmes et vous pouvez dire adieu au « trou de la Sécu » !
« L’agression de l’Ukraine par le pouvoir de Poutine est inadmissible et intolérable. Dans l’immédiat, la France doit tout mettre
en œuvre pour obtenir un cessez-le-feu et le retrait des troupes russes. »
L’égalité femmes-hommes, ça passe aussi par la gratuité de dépenses que les femmes font seules. Être femme, ça ne peut pas vouloir dire être payée moins et devoir payer plus pour sa vie quotidienne. Les protections hygiéniques doivent être gratuites et des distributeurs installés dans les lieux publics.
Malgré des effets d’annonce, le gouvernement en place n’a pas su enrayer ou tout du moins freiner les violences sexistes et sexuelles. Que proposez-vous pour lutter contre ces violences ?
D’abord, il faut créer un ministère de plein droit des Droits des femmes avec un budget, une administration propre. Il faut de l’humain, des responsabilités et des moyens pour engager résolument notre pays sur cette voie. Je propose une loi-cadre contre ces violences et un milliard d’euros pour ce combat. Ça passera aussi, nécessairement, par l’école : l’égalité, ça se vit et ça s’apprend.
Dans l’immédiat, les mentalités et les pratiques étant encore ce qu’elles sont, je veux créer des lieux d’accueil pour les victimes de violences conjugales et sexuelles pour qu’elles puissent être reçues, écoutées, conseillées, épaulées, orientées. C’est toute une politique du logement qui est nécessaire pour garantir la décohabitation quand la violence s’exerce dans le couple. C’est aussi un développement des services publics comme ceux de la psychotraumatologie ; le renforcement de celui de la police et de la justice, avec des personnels plus nombreux et mieux formés à ces grands enjeux.
La crise sanitaire a fortement affecté un monde de la culture déjà fragilisé par bien des années de vache maigre. Dans cette campagne, on entend peu parler de culture. Qu’en est-il de votre côté ?
Je parle toujours de mon combat pour le monde du travail et de la création. Pour moi, la culture, c’est tout sauf un supplément d’âme. Quand je parle de droit au bon en défendant la possibilité pour toutes et tous d’accéder à la gastronomie, je parle tout autant de droit au beau. Ça appelle une augmentation des salaires et une diminution du temps de travail pour que tout le monde ait les moyens et le temps d’aller au théâtre, au cinéma, au musée, au concert, de pratiquer aussi.
Ça nécessite aussi la construction de nouveaux équipements : tout le monde n’a pas la chance d’avoir un maire communiste et il y a donc, aujourd’hui, beaucoup trop de territoires qui sont des déserts culturels et pour lesquels il faut au moins entreprendre un rattrapage. L’école a aussi un rôle à jouer car tout commence très tôt : je défends la mise en place d’un grand plan national pour l’éducation artistique et culturelle de la maternelle à l’université.
« C’est l’esprit des Lumières qui nous anime. Ça devrait relever de l’évidence dans notre pays mais force est de constater
que les anti-Lumières ont marqué des points dans les consciences ».
Ça exige des statuts protecteurs pour les créateurs, qu’ils soient intermittents, artistes, auteurs…
La culture, bien sûr, ce n’est pas que le secteur public et je sais la richesse du travail de nombreuses structures privées ou associatives. Nous les conforterons. Dans le même élan, je défends un puissant service public de la culture. Il faut le sortir des griffes de l’austérité et lui donner de l’air pour respirer et faire respirer. La culture, ce n’est pas une marchandise. Je n’oublie pas les États généraux de la culture qu’avait pilotés notre cher Jack Ralite : « Un peuple qui abandonne son imaginaire culturel à l’affairisme se condamne à des libertés précaires. » Ça se passe de commentaires tant c’est, hélas, d’actualité. Je veux dire un mot particulier du service public audiovisuel : il est voué aux gémonies par la droite et l’extrême droite, il est sérieusement attaqué par le pouvoir macroniste. Je veux le défendre et le développer, en lui permettant de remplir toutes ses missions, y compris la création. Il doit être un espace de pluralisme et de découverte avec un financement lui garantissant une liberté réelle.
Face au manque criant de moyens, quelles sont vos ambitions pour l’enseignement supérieur et la recherche ?
Il faut d’abord dire un mot de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Avec le péril historique qui menace le climat et la biodiversité, nous sommes confrontés à un défi historique. Comme toujours dans pareil cas, il y a plusieurs réponses possibles : la politique de l’autruche, les demi-mesures, la panique… Nous, nous pensons qu’il faut mobiliser avec force l’intelligence et la rationalité humaines pour faire face, mettre en œuvre les réponses qui ont déjà été identifiées, j’en ai parlé tout à l’heure, mais aussi chercher, inventer, trouver celles qui nous manquent encore et qui permettront de concevoir l’avion propre, d’affronter la question des déchets nucléaires… Ça ne tombera pas du ciel : il faut dès maintenant faire vivre une grande ambition pour la recherche fondamentale et la recherche appliquée. On a besoin pour cela d’institutions fortes, ce qui implique de tout autres moyens pour l’Université, le CNRS, le CEA…
Quelle République laïque voulez-vous construire pour la France des Jours heureux ?
Cette question, pour moi, ne manque pas de lien avec la précédente. C’est l’esprit des Lumières qui nous anime. Ça devrait relever de l’évidence dans notre pays mais force est de constater que les anti-Lumières ont marqué des points dans les consciences. Certains ont abandonné la grande idée de laïcité ; d’autres ont adopté le mot mais en ont perverti le sens. Dans le droit-fil de la Grande Révolution, de Jaurès, de l’histoire du PCF qui a fait entrer le mot « laïque » dans la Constitution, nous portons le projet d’une République pleinement laïque. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut d’abord dire d’une République qui garantit l’égalité et la liberté : l’égalité des citoyens, quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions ; la liberté pour chaque citoyen de croire en ceci ou cela, de ne pas croire, sans jamais avoir plus ou moins de droits, sans jamais être assigné à telle ou telle « communauté ». Aujourd’hui, allumez la télévision, la machine à fantasmes contre les musulmans tourne à plein régime. Fermez la télévision et promenez-vous dans notre beau pays : vous y verrez fleurir les écoles hors contrat liées à toutes les confessions. Elles enseignent sans aucun contrôle public tout ce qu’elles veulent. Il faut aussi regarder dans les yeux la question du terrorisme et, notamment, du terrorisme islamiste. La réponse ne peut pas être la « guerre des civilisations ». La réponse passe par beaucoup de chemins mais nécessairement par le chemin d’une République pleinement laïque. C’est une exigence majeure.
J’ajoute, dans le même sens, que le racisme et l’antisémitisme sont des poisons que nous n’entendons pas laisser impunément se diffuser dans la société. C’est pour ça que j’ai proposé que soit inéligible toute personne condamnée pour incitation à la haine raciale. C’est la moindre des choses. Et qu’on ne vienne pas me parler de liberté d’expression : le racisme, ce n’est pas une opinion qu’on peut défendre en insultant toute la journée des gens qui n’ont rien demandé à personne ; le racisme, c’est un délit. La liberté d’expression, c’est tout autre chose et vous me trouverez toujours pour la défendre : faire vivre le débat d’idées en soutenant le pluralisme, en permettant à La Croix comme à L’Humanité de vivre, à votre belle revue aussi, ça, oui, et trois fois oui. Laisser des agitateurs vomir leur haine des étrangers, des musulmans, des juifs, des Noirs, des arabes…, ça, non, et trois fois non.
Les tensions internationales sont très vives. Quelle serait la politique internationale du président Roussel ?
À l’heure où nous parlons commence une guerre terrible en Ukraine, dont on ne peut pas anticiper l’issue. Quels qu’aient pu être les torts des uns et des autres, la guerre est une menace pour l’humanité et vous ne me verrez pas hésiter à le dire : l’agression de l’Ukraine par le pouvoir de Poutine est inadmissible et intolérable. Dans l’immédiat, la France doit tout mettre en œuvre pour obtenir un cessez-le-feu et le retrait des troupes russes. Elle doit plaider pour l’accueil digne des réfugiés. Et je précise : sans faire de tri. La guerre ne fait pas de tri, la solidarité humaine ne doit pas en faire davantage. Dans le même temps, il faut travailler à une grande conférence pour la sécurité en Europe : on ne s’en sortira pas durablement sans ça. C’est le chemin de la paix.
C’est ce chemin que, partout, nous voulons promouvoir face aux va-t-en-guerre qui poussent au massacre par-ci par-là. Nous disons diplomatie plutôt que guerre. Nous disons aussi sortie de l’armement nucléaire à l’échelle de la planète. Quand la France va-t-elle enfin mettre tout son poids dans une grande mobilisation pour le désarmement nucléaire multilatéral ? Nous disons coopération et solidarité internationale : sortons des traités de libre échange qui mettent les peuples en concurrence et augmentons l’aide publique au développement. Nous disons ONU plutôt que décisions unilatérales ou d’un petit club « occidental », de pays riches type G7, etc. La démocratie qu’on porte en France, on la porte aussi à l’échelle du monde.
Justement, la Ve République, notamment sous la présidence d’Emmanuel Macron, a montré une fois encore toute sa verticalité, son éloignement vis-à-vis des citoyens. Quelle conception de la démocratie portez-vous ?
Je suis candidat à l’élection présidentielle mais mon projet, c’est de donner le pouvoir aux habitantes et habitants de ce pays pour le sortir des griffes de la finance. Il faut démocratiser profondément la vie politique. Ça passe déjà par le renforcement du parlement. Vous avez vu, dans la dernière période, toutes les décisions prises en « conseil de défense », les parlementaires mis de côté… Avec moi, ça, c’est fini. Comme le fameux « 49.3 » qui permet au gouvernement de passer en force. Il faut mettre en œuvre la proportionnelle et permettre l’élection d’une Assemblée nationale plus proche de notre peuple. Démocratiser la vie politique, ça implique de donner plus de pouvoirs à ces élus qui sont au contact direct de nos concitoyens, je veux bien sûr parler des maires que les différentes réformes récentes ont tendance à déshabiller et affaiblir quand il s’agirait de les renforcer. Il faut aussi donner plus de pouvoir direct aux citoyens avec un droit de pétition par exemple et des conférences citoyennes chargées de l’élaboration des lois-cadres avec les parlementaires.
« La guerre ne fait pas de tri, la solidarité humaine ne doit pas en faire davantage ».
Mais ma conception de la démocratie ne s’arrête pas aux portes de l’entreprise. Le droit syndical doit être protégé et étendu. Plus, les salariés doivent avoir leur mot à dire dans la gestion des entreprises : ils doivent pouvoir bloquer ces projets de licenciements qui sacrifient les salariés sur l’autel du profit, agir sur le contenu du travail, peser en faveur d’un nouveau modèle de développement, socialement juste et écologiquement soutenable. Les travailleurs ne sont jamais le problème, ils sont la solution. Faisons-leur confiance. Donnons-leur du pouvoir : le pays ne s’en portera que mieux.
Cause commune • mars/avril 2022