La neuvième vague du baromètre IFOP « Être de gauche aujourd’hui », à l’initiative du journal L’Humanité (septembre 2022), présente des résultats contradictoires. D’un côté, elle contredit plutôt le discours dominant sur la droitisation de la société. Ainsi 88% de l’opinion estiment qu’« il faut que les richesses du pays ne soient pas accaparées par une minorité » ; pour 88% également, « les aides publiques doivent être accordées aux entreprises mais avec des contreparties environnementales et sociales » ; 81% enfin jugent que « les très grands profits réalisés par les entreprises au moment de la crise de la covid devraient être taxés ». Bref, des positions résolument de gauche. Comme l’écrit Frédéric Dabi, directeur général de l’IFOP, « l’enquête montre que la défaite électorale ne veut pas dire défaite sur le plan des idées car les Français expriment une adhésion très forte à une série de propositions de la gauche ».
Toutefois, sur un certain nombre de sujets (immigration, dette, sécurité par exemple), les Français dans leur ensemble se montrent plutôt conservateurs. Ils sont 61 % à ne se sentir en sécurité nulle part, et autant à penser qu’ « il faut que l’État donne plus de liberté aux chefs d’entreprise ». On retiendra notamment l’évolution de l’opinion sur l’ « assistanat ». 67 % des sondés pensent que « les chômeurs pourraient trouver du travail s’ils le voulaient vraiment ». Certes, l’opinion de gauche est plus réservée mais majoritairement (55%) elle dit la même chose. Soit 11 % de plus qu’en 2014, lors du lancement du baromètre IFOP.
Commentaire de Frédéric Dabi :« Avec la petite musique des emplois non pourvus, les chômeurs sont invisibilisés, alors que le sentiment d’injustice se porte davantage sur le fait d’avoir un travail qui paie mal. »
Cause commune n° 31 • novembre/décembre 2022