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La campagne pour l’élection présidentielle, les Jours heureux, portée par notre candidat Fabien Roussel, a démarré. L’un de ses leitmotivs : nous sommes tous candidats, nous portons tous ce qu’il porte, ce que le parti porte, autour de nous. Certains vont être amenés à porter nos valeurs plus haut encore : nos candidats aux élections législatives. L’objectif est clair : un groupe renforcé à l’Assemblée nationale, pour porter plus fort nos propositions au service du bien-être de la population.

Mais comment fait-on pour se démarquer, donner de l’élan à cette campagne et l’envisager non comme un aboutissement mais au contraire une étape dans la vie de la section ?
Ce n’est pas toujours simple à penser quand on doit d’abord organiser un comité de campagne, éditer des affiches et trouver des bras pour distribuer les tracts... Ce dossier vous propose, non pas une manière de faire clés en main, car chacune de nos sections est différente, mais des idées, des méthodes qui ont fait leurs preuves ici ou là.
Car si à chaque collectif militant correspondra une campagne, les gestes d’organisation restent des valeurs sûres. Ils sont garants de la pérennité de notre action politique et leur développement est un enjeu pour pouvoir se lancer dans des campagnes qui continuent à nous renforcer et à nous construire. Les législatives sont autant que la présidentielle des séquences durant lesquelles penser le renforcement est indispensable.
Bonne campagne à tous et à toutes !
Delphine Miquel


Tour d’horizon des dernières campagnes législatives

Paris, 20e arrondissement, 15e circonscription, 2021

Un infirmier à l’Assemblée !

Entretien avec Thomas Roger

Des élections législatives partielles ont eu lieu les 30 mai et 6 juin 2021 à Paris 20e. Le choix a été fait de présenter Thomas, infirmier, 29 ans. En pleine crise de la covid, il y avait eu cet élan vers le monde de la santé. Il fallait transformer les applaudissements en vote, la compréhension de ce qu’avaient vécu les travailleurs du monde médical en une prise en main du système. « Vous l’avez applaudi, votez pour lui ».

Vous avez fait le choix d’une campagne basée sur ton métier ?
Cette candidature cumulait deux marqueurs importants : la jeunesse et la légitimité du monde du travail. Au milieu d’autres candidats tous professionnels de la politique, notre campagne « Un infirmier à l’Assemblée » est donc apparue comme une proposition politique et démocratique en elle-même. Ce slogan a été utilisé sur nos affiches, en hashtag, etc. Cela peut sembler populiste, mais cela ne l’était pas du tout. Parce qu’en vrai, combien de candidats sont réellement issus du monde du travail, posent leurs congés pour militer ? Mais nous n’avons pas fait que cela ; nous n’avons pas parlé que de l’hôpital, notre combat était beaucoup plus vaste. C’était un infirmier à l’Assemblée. Donc un travailleur pour relayer tous les sujets, se préoccuper de tout ce qui touche les gens.

Oui, vous avez soutenu de nombreuses causes
Nous avons voulu être un relais des luttes locales. Il y a eu le soutien à Farida, soignante violemment agressée par la police, et la lutte contre la fermeture des hôpitaux Beaujon et Bichat. Mais aussi au personnel de la Poste, au monde culturel, avec le mouvement qui se tenait à l’Odéon. Et puis, bien sûr, à toutes les luttes que nous avons vécues dans cette période. Nous avons donc favorisé une mise en avant de nos engagements de campagne au sein des mobilisations sociales, manière d’aborder des questions de fond tout en montrant que nous sommes un parti mobilisé, vivant et ancré dans les combats collectifs.

Comment avez-vous communiqué sur ces actions ?
La communication a été un véritable enjeu parce que nous avions peu de temps et que nous étions encore dans une phase de covid avec de nombreuses restrictions, le masque dans la rue... Nous avons donc beaucoup travaillé la vidéo, le retour du terrain, les réseaux sociaux, l’alimentation d’une page internet. C’était un enjeu pour se faire entendre, faire passer nos messages. Sur les réseaux, ce sont les vidéos qui ont le plus marché. Nous avons essayé d’être ambitieux et il ne faut donc surtout pas hésiter à se filmer. Il est important de souligner qu’à l’échelle d’une campagne locale, nos réseaux sociaux ne touchent que les premiers cercles autour de la section. Mais s’ils sont bien alimentés et renvoient une image d’ambition sérieuse, ils peuvent attirer l’attention de beaucoup de journalistes et soutenir le dynamisme des camarades.

Vous avez aussi fait beaucoup de terrain !
Oui, nous n’avons pas délaissé le terrain. D’autres sections sont venues nous aider, pour les différentes initiatives, marchés, porte-à-porte, distributions, réunions… C’était fatigant mais surtout enthousiasmant. Voir les camarades ne rien lâcher, malgré la situation nationale, pour aller chercher des votes, ça renforce encore plus les convictions.

« C’était : Un infirmier à l’Assemblée. Donc un travailleur pour relayer tous les sujets, se préoccuper de tout ce qui touche les gens. »

Nous avons distribué plusieurs tracts, présentant les candidats et nos propositions. Le dernier tract, de même que les réseaux sociaux, ont repris la liste de nos soutiens, indiquant ce qui motivait leur engagement individuel. Nous avons aussi couplé notre campagne aux actions du parti, de la section. Le 1er mai par exemple, mais aussi à l’occasion des activités régulières, comme les collectes de solidarité. Les cellules organisées dans l’arrondissement ont permis de déployer la campagne partout et d’être efficaces.

En regardant votre page sur Facebook, on voit que vous n’avez pas limité votre communication aux photos de marché et au contenu politique.
On a essayé de communiquer au mieux. D’abord sur les dates, qui ont été différées en cours de campagne. Il fallait continuer à capter l’attention tout en disant bien que « ce n’est pas pour demain ». Nous avons travaillé les contours de la circonscription parce que dans le 20e on croise tout Paris. Nous avons fait un appel à inscription sur les listes électorales. Nous avons proposé de participer à un comité de soutien, pour les distributions de tracts et autres actions militantes. Et nous avons lancé un appel à procurations, parce que nous savons que c’est souvent ce petit rien qui fait la différence, en proposant aux gens absents le jour du scrutin de leur trouver quelqu’un pour voter en faveur de notre candidat.

« Dans un de nos tracts, nous avons écrit : “Vous l’avez applaudi, votez pour lui.” Cette candidature a fonctionné car elle relève de deux indicateurs importants que sont la jeunesse et la légitimité du monde du travail. »

Le résultat et la suite ?
Notre binôme avec ma suppléante, Charlotte Laurent, a doublé le score du PCF qui est passé de 4,55 % à 10,57 %, meilleur score depuis 1988. La suite se joue en 2022, notamment avec la campagne de Fabien Roussel. Nous allons garder le même schéma de campagne : Un infirmier à l’Assemblée, tout en essayant d’être plus incisifs sur nos priorités et notre programme. L’intitulé et la méthode de notre campagne nous semblent toujours d’actualité puisque la crise de la covid a mis en exergue les contradictions du capitalisme et qu’il va falloir se battre toujours plus pour imposer les Jours heureux, notamment à l’hôpital mais aussi pour la jeunesse ou l’environnement.

Thomas Roger est militant du PCF Paris 20e, candidat aux législatives partielles de 2021.
Entretien réalisé par Delphine Miquel


Val-de-Marne, 1re circonscription, 2017

Quand une circonscription réunit plusieurs sections

Par David Courteille

Du choix du candidat aux priorités de campagne, ce n’est pas toujours simple quand plusieurs sections sont regroupées sur une circonscription. Dans la nôtre, composée de Saint-Maur-des-Fossés (75 000 habitants), une partie de Champigny-sur-Marne (17 000 habitants), Bonneuil-sur-Marne (17 000 habitants) et une partie de Créteil (24 000 habitants), la campagne s’est réellement attachée, malgré la disparité des forces, à être présente partout. Un comité de campagne de la circonscription s’est réuni afin d’établir un calendrier d’actions, d’événement, et de thématiques propres aux problématiques locales et aux enjeux nationaux du moment.
Nous avons ainsi organisé des ateliers et des réunions dans les quatre villes concernées. La solidarité intersections a bien joué, notamment par le déploiement régulier des camarades de la section de Bonneuil-sur-Marne, plus nombreux, sur les autres villes. Marchés, distributions aux RER, métros et bus, collages, porte-à-porte en commun : cette campagne a été un vrai moment de camaraderie, de rencontre avec des camarades jusqu’alors connus seulement de loin, en manif ou dans les initiatives départementales. Chacun apportait sa spécificité. À Saint-Maur, nous avons particulièrement contribué aux documents de campagne.

« Un comité de campagne de la circonscription s’est réuni afin d’établir un calendrier d’actions, d’événement, et de thématiques propres aux problématiques locales et aux enjeux nationaux du moment. »

Ainsi cette campagne, au-delà du résultat dépassant les 5 %, nous a permis de tisser de réels liens entre sections. Cette solidarité et cette mise en commun se sont retrouvées lors de la campagne des départementales en 2021 mais aussi hors élections : nous avons ainsi partagé des formations, mieux suivi les luttes dépassant le local et nous nous sommes retrouvés à la fête de l’Humanité et pour la campagne des européennes. Bien sûr, chacun est tout de même retourné à son action militante ordinaire : il faut plus que la volonté de sections pour s’entraider ! Le partage des savoirs et des moyens d’actions est nécessaire au niveau départemental et national pour cons­truire notre parti.

David Courteille est secrétaire de section de Saint-Maur-des-Fossés (94).


Mener une campagne législative

S’organiser dans le temps, c’est nécessaire !

Il est conseillé de :
• monter un collectif de campagne (direction de campagne, communication, propagande, organisation, responsables de diverses activités comme le tractage, le collage, ou par quartier...) et le réunir régulièrement pour programmer des initiatives, faire des retours, améliorer ce qui peut l’être ;
• proposer à la population de s’impliquer dans l’écriture du programme, via des ateliers, des débats, une adresse mail...
• établir un calendrier rétroactif de marchés, boîtages, distributions de tracts (immeubles, entreprises, transports...), collages, réunions publi­ques... Même si tout ne peut pas être fait, il est important d’avoir une vision globale de ce qui est possible, afin de mieux prioriser ;
• travailler le sens de la campagne : Y a t-il des publics cibles ? Un problème particulier qui touche la circonscription ? Selon les forces, des petits groupes de travail peuvent se monter pour réfléchir aux thématiques ;
• mettre en place un comité de soutien, en recueillant les noms et l’accord pour publication, des textes de soutien, des vidéos ;
• cela peut aussi être l’occasion de valoriser le rôle du Parlement ! Proposer une visite du Parlement, inviter un parlementaire ou ses collaborateurs afin d’expliquer en quoi consiste leur action, identifier les élus porteurs de questions, de propositions de loi.

Outils numériques :
• un site internet : éviter d’en faire un trop complexe, il faut que des articles ou des photos puissent y être publiés rapidement et régulièrement. Exemple de Paris 20e : une page d’accueil – toutes les actus – le candidat – mes engagements – les soutiens ;
• une page sur Facebook, Instagram, Twitter : pour partager l’activité de la campagne, donner des rendez-vous, réagir à l’actualité politique... Il faut également penser ces outils sur le temps long : ils peuvent être réutilisés pour mettre en avant des candidats qui « montent » localement ;
• des vidéos : surtout sous-titrées. Elles n’ont pas besoin d’être belles et bien travaillées, il faut surtout qu’elles portent des messages clairs, qu'elles permettent d'identifier les candidats et qu'elles soient lisibles ;
• les communiqués de presse : il faut répertorier les journaux locaux, et ne pas hésiter à leur écrire, leur communiquer les actions prévues, leur faire des comptes rendus avec photos.
profiter d’internet et des questionnaires en ligne pour les procurations et le comité de soutien
• Les procurations : sur Internet vous pouvez proposer de contacter ceux qui ne peuvent pas venir voter le jour J : ils s’inscrivent et vous leur trouvez un porteur de procuration ;
• S’inscrire au comité de soutien : bien sûr il y a la pétition sur les marchés, mais pourquoi ne pas aussi étendre ce comité aux personnes qui nous suivent sur Internet ? Un formulaire, une liste d’actions qu’ils peuvent être disposés à faire : collage, porte-à-porte, distribution, réunion, écriture, photo, film, accord pour le comité de soutien...

Faire le lien avec la campagne présidentielle et le futur
Travailler sur les contenus est essentiel. Et comme les deux campagnes, présidentielle et législatives, vont se mener de front, pourquoi ne pas décliner localement, à l’échelle de la circonscription, les sujets portés nationalement ? Cela permet de s’appuyer sur une documentation déjà travaillée, des axes politiques affirmés.

Et après ?
Une campagne, c’est aussi un moyen de s’ancrer plus profondément dans le paysage : marquer le terrain dans certains quartiers, certaines rues, c’est penser le futur de l’organisation. Il faut avoir tout cela en tête. Ce sympathisant qui vient chaque dimanche, ce camarade qui a produit un texte de soutien, ce jeune qui a filmé un discours, ce sont des jalons pour le futur.
Cela implique un travail sur les fichiers de soutiens : peut-être certains souhaiteront-ils adhérer ? Cela peut commencer en les invitant à un moment convivial de remerciements après la campagne, leur proposer de venir à certaines actions liées à des thématiques qui les intéressent. Une campagne électorale permet aussi de mettre en lumière les endroits où on a une capacité militante plus affirmée, là où on constate des faiblesses. Il faut toujours faire un bilan.

À quoi être particulièrement attentif ?
- aux comptes de campagne,
- aux dates de dépôt des candidatures,
- aux dates de campagne officielle.

À venir : un kit militant national.


Pas-de-Calais, 6e circonscription, 2020-2021

Une campagne de huit mois en zone rurale

Par Patricia Duvieubourg

C’est en novembre 2020 que devait avoir lieu l’élection législative partielle pour remplacer notre députée devenue ministre (son suppléant avait refusé de lui succéder). Mais en raison de la crise de la covid, l’élection a été reportée à avril, puis au 30 mai. Huit mois de campagne sans trop savoir quand elle se terminerait, c’est long ! Il a fallu retourner trois fois inscrire les candidats à la préfecture d’Arras.
Voir le temps de campagne s’allonger à plusieurs reprises a rendu compliqué les plannings et l’échelonnement des tracts. Nous avons dû réimprimer 90 000 professions de foi, et refaire tout le matériel qui comportait déjà des dates.

« Nous avons dû réimprimer 90 000 professions de foi, et refaire tout le matériel qui comportait déjà des dates. »

La circonscription en question est très vaste et tout en longueur : nous avons parcouru pas moins de 3 000 kilomètres en voiture, pour nous rendre dans les villages les plus éloignés. Cet effort pour aller à la rencontre des électeurs dans des endroits reculés, parfois pour quelques personnes seulement, a été apprécié. Ou simplement d’y coller une affiche ! La campagne a été très sympathique : avec les camarades de Desvres, du Boulonnais et du secteur de Pernes, nous avons souvent été présents sur les marchés et fait de nombreux « boîtages ». Cela s’est traduit en adhésions et en contacts, mais aussi dans le score : nous avons dépassé les 5 %, ce qui est déjà une victoire, malgré le peu de relais dont nous avons bénéficié dans les journaux.
Hors des villes, les panneaux d’affichage ne sont pas toujours aux nor­mes… Nous avons eu des surprises, des collages à faire sur un mur, des panneaux partagés avec les élections départementales qui se déroulaient conjointement. Des candidats se sont même trompés de panneaux, les délimitations de circonscription n’étant pas simples à cerner.

Patricia Duvieubourg, candidate suppléante.

Cause commune • novembre/décembre 2021