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En 2019, les services de police et de gendarmerie nationales ont enregistré 5 730 crimes et délits et 5 100 contraventions à caractère raciste (en raison de l’ethnie, de la nation, d’une prétendue race ou de la religion) sur le territoire français. Plus de 70 % de ces crimes et délits sont des injures, provocations ou diffamations publiques.
Cependant, ces données ne représentent qu’une faible part des actes racistes réellement commis. En 2018, selon l’enquête Cadre de vie et sécurité, 1,2 million de personnes ont été victimes d’au moins une atteinte – injures, menaces, violence ou discrimination – à caractère raciste, antisémite ou xénophobe. Entre 2013 et 2018, en moyenne, seulement 5 % des victimes d’injure raciste et 25 % des victimes de menace ou de violence physique racistes ont déclaré s’être déplacées au commissariat de police ou en brigade de gendarmerie. Elles ne sont respectivement que 2 % et 14 % à porter plainte. 3 % des victimes d’injure raciste et 10 % des victimes de menace ou de violence physique racistes se sont donc déplacées auprès des services de police et de gendarmerie mais ont renoncé à porter plainte. Ces services sont pourtant tenus de recevoir les plaintes déposées par les victimes d'infraction pénale, y compris lorsqu’elles sont déposées dans un service territorialement incompétent.
L’enquête révèle également que les immigrés et descendants d’immigrés sont particulièrement exposés à ce type d’atteinte : 2,5 % des immigrés et 3 % des descendants d’immigrés ont été victimes de discrimination raciale, contre 0,5 % pour les personnes ni immigrées ni descendantes d’immigrés (respectivement 2,8 %, 2,2 % et 1 % pour les injures racistes). Les personnes privées d’emploi et résidents des quartiers prioritaires (QPV) sont également plus exposées. Enfin, les actes à caractère raciste se caractérisent par une fréquence importante de faits commis par des groupes, dans les espaces publics ou ouverts au public, ou liés à des querelles de voisinage.

Cause commune n° 21 • janvier/février 2021