Peter Saul, Abstract Expressionist Portrait of Donald Trump, 2018.
©Peter Saul, Collection privée, courtesy Michael Werner Gallery, New York and London.
Le peintre états-unien Peter Saul est projeté sur la scène artistique dans l’effervescence des années 1960, moment où, depuis l’exposition This is tomorrow de 1956, le Pop Art étend mondialement son influence. Le climat politique pesant des États-Unis en proie à la paranoïa du maccarthysme le pousse à quitter le pays en raison de ses idées radicalement contestataires. Une fois en France, il s’inspire des comics nord-américains ainsi que de nombreux thèmes de la culture populaire pour produire ses premières créations.
Progressiste assumé, Peter Saul accompagne les grands événements de la seconde moitié du XXe siècle qui bouleverse les États-Unis et, par projection, le monde. Le monde polarisé de la guerre froide, l’impérialisme yankee au Vietnam ou dans le Golfe, les crises économiques et le show médiatique de la politique états-unienne sont autant de source d’inspiration à parodier, malmener, défigurer dans ses œuvres aux allures exutoires. L’excentricité de sa palette fait éclater les chairs et tordre la matière, à l’instar du fracas avec laquelle son œuvre fut reçue dans une société américaine en pleine ébullition. Âgé de 85 ans aujourd’hui, Peter Saul s’est présenté en grande forme au vernissage de sa rétrospective toulousaine. « Je me suis toujours considéré comme un artiste pop, c’est-à-dire un artiste qui se préoccupe des questions de son temps », exprimant peut-être en ces mots une référence à sa création récente qui n’a pas manqué de caricaturer Donald Trump, dont nous percevons ici la mèche blonde exploitée comme motif illusionniste. La peinture continue d’être pour lui un média de résistance, offrant dans son style une nouvelle interprétation de la peinture d’histoire.
Peter Saul, Pop, Funk, Bad Painting and More, exposition du 20 septembre 2019 au 26 janvier 2020, Les Abattoirs Musée – Frac Occitanie, Toulouse.
Axel Loscertales
Cause commune n° 14/15 • janvier/février 2020