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Le baromètre Kantar pour le journal La Croix sur la confiance des Français dans les média est publié chaque année depuis 1987.

Le baromètre Kantar pour le journal La Croix sur la confiance des Français dans les média est publié chaque année depuis 1987. En janvier dernier, l’Institut a interrogé, en face-à-face à leur domicile, mille Français « représentatifs de la population », comme on dit. La défiance de l’opinion, qui n’est pas nouvelle, s’amplifie à l’évidence. L’enquête portait notamment sur la couverture des gilets jaunes. Pour 51 % des sondés, le mouvement est « mal » traité par les média et même « très mal » par 17 %. Les média se voient notamment reprocher une dramatisation excessive (67 %) et « trop de place laissée à des gens qui expriment un point de vue extrême ». Seuls 43 % estiment que les moyens d’information leur ont permis de bien comprendre le mouvement. Les plus insatisfaits ? Ceux qui s’informent sur Internet (61 %), les proches de la France insoumise ou du Rassemblement national. Quant aux « critiques et agressivité » touchant les journalistes pour la couverture des gilets jaunes, 24 % les trouvent justifiées, pour 39 % ce n’est « pas vraiment justifié » et 32 % les condamnent.
Plus généralement, la crédibilité accordée à la télévision, la radio et la presse écrite est en net recul. Chute de 10 points pour la télévision qui obtient son pire score avec 38 % de confiance, score qui tombe encore à 28 % chez les 18/24 ans et chez les employés. La radio reste le média le plus crédible à 50 % mais en chute de 6 points, soit le plus mauvais score depuis 1987. La presse est à 44 % (- 8). 48 % des sondés pensent que « ce qu’on lit dans les journaux n’est sans doute pas tout à fait conforme à la réalité ». Côté télé, cette défiance grimpe à 59 %. « Un aussi grand écart entre la défiance et la confiance envers le petit écran (21 points de différence) n’avait pas été enregistré depuis 2000 ». Quand on leur demande quel est le support favori pour suivre l’enjeu des gilets jaunes, la télé reste tout de même en tête (63 % pour les journaux des grandes chaînes, 37 % pour les chaînes d’info en continu) ; Facebook fait 25 %, les quotidiens 16 % et les sites d’info 15 %.
Le réseau social est le support préféré pour suivre l’actualité chez les 18/24 ans (54 %) ; c’est le cas de 41 % des ouvriers/employés, de 36 % du RN et de 33 % de la FI.

Une information à deux vitesses
Autre enseignement : « L’information à deux vitesses est déjà là et cela doit alerter », estime Jean-Marie Charon, sociologue des média. Une double fracture est en effet perceptible dans le comportement à l’égard des média. Une fracture de classe. Toujours sur la question des gilets jaunes, les moins diplômés se tournent vers la télévision (+ 80 %) ; les cadres choisissent la radio (57 % contre 38 % pour l’ensemble des Français) et les grands quotidiens (31 % contre 17 %). Une fracture d’âge aussi. Les 18/24 ans sont sur Internet (53 % sur smartphone) ; pour approfondir ils regardent les réseaux sociaux (34 %) et les sites de la presse écrite (31 %). Seul 1 % (!) a l’habitude d’ouvrir un newsmagazine ; ils sont encore moins nombreux (!) à évoquer la radio : en fait aucun jeune sondé ne parle de ce média.

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