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Sources : Projections COR – juin 2021, INSEE-DGI et INSEE, modèle DESTINIE.

 

Alors que la question d’une réforme des retraites est relancée par la campagne présidentielle, le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), publié en juin dernier, donne plusieurs éléments importants pour contextualiser le sujet.
Le premier est que, malgré la poursuite du vieillissement de la population en France, les dépenses de retraites ne devraient pas exploser en France dans les prochaines années. Au contraire, elles pourraient même être amenées à diminuer assez fortement. Selon les différents scénarios de projection, elles pourraient passer d’environ 14 % du PIB actuellement à 13 %, voire moins de 12 % dans les scénarios les plus optimistes. La raison de cette maîtrise des dépenses est simple : les dernières réformes ont eu l’effet escompté et non seulement l’âge de départ moyen va continuer d’augmenter, mais les pensions vont diminuer par rapport aux revenus d’activité. Alors que le niveau de vie des retraités est actuellement légèrement supérieur à la moyenne, il pourrait diminuer jusqu’à 80 % de la moyenne d’ici 2070. Au-delà des seules dépenses, le COR donne aussi une perspective pour l’ensemble de la branche vieillesse, en regardant l’équilibre de celles-ci avec les recettes. Et là aussi, les prévisions sont plutôt bonnes dans le système actuel : dans la plupart des scénarios, le solde du système deviendrait positif, autour de 2040 ou 2050.
Il est donc clair que la question de l’âge de départ à la retraite, et celle de notre système de retraite en général ne sont dé­sormais plus des questions financières liées à la prise en compte du vieillissement. Il s’agit plutôt aujourd’hui d’aller gratter quelques points de croissance sur le dos des seniors, ou de se conformer à des cibles européennes d’emploi qui ne tiennent aucunement compte des spécificités nationales sur le sujet de la fin de carrière.
D’autres publications récentes rappellent d’ailleurs que la question de l’âge de départ à la retraite dépasse largement celle des enjeux financiers ou de l’adaptation aux transformations démographiques. L’état de santé au moment de la cessation d’activité est par exemple un élément fondamental du débat. D’après une enquête de la DREES, déjà pour plus d’une personne sur quatre partie à la retraite en 2019 et 2020, des conditions de santé qui rendaient le fait de travailler plus difficile ont joué sur la décision de partir à la retraite. Des projections réalisées pour le compte du COR montrent également que les dépenses d’invalidité augmenteraient fortement en cas de décalage de deux ans de l’âge de départ, en partie à cause d’une augmentation de la part de personnes en situation d’invalidité.

Cause commune • mars/avril 2022