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Nous y sommes, notre parti fête sa centième bougie.

Interdit officiellement de 1939 à 1945, combattu par les plus hautes instances du pouvoir à de nombreuses reprises, enterré par avance bien des fois par les éditorialistes dominants, les communistes sont pourtant toujours là, partie prenante de luttes émancipatrices sur tous les fronts. Alors que le paysage politique subit une conflagration sans précédent depuis la Libération, que tant de forces à droite comme à gauche se déchirent, le PCF reste un point de repère, « une valeur sûre », et ce malgré le recul de son influence sur les quarante dernières années. Bien loin d’une opération de commémoration froide, notre centenaire peut être l’occasion de mettre en perspective les marques laissées par nos aïeux dans le pays avec l’avenir et de réactualiser en grand la pertinence de nos ambitions humanistes. Dans le prolongement du numéro spécial de début 2020, la rubrique « Militer » présente quelques exemples d’approches fédérales du centenaire. Faisons de 2020 une belle année d’expression communiste !


Préparer le centenaire du PCF dans les départements

Le centenaire est une belle occasion de renforcer la place du parti dans l’histoire collective, en faisant le lien entre des générations de combats marquants.

Une approche localisée
Si l’apport du parti sur le plan national est plutôt maîtrisé par les militants, et dans une certaine mesure dans « l’histoire officielle » – même si tant Front populaire, Résistance et programme du CNR sont l’objet d’âpres réécritures révisionnistes -, notre empreinte est bien plus large dès lors qu’on s’intéresse à l’histoire locale.
Alors qu’on observe un attrait pour les identités territoriales à l’heure de la mondialisation économique et culturelle, faire resurgir la place des communistes dans cette histoire est non seulement un bel hommage à nos aïeux, mais c’est aussi pertinent d’un point de vue stratégique : le parti n’est pas un « corps étranger » à la société française, il fait partie de son ADN profond.

Recherches locales
Nos vétérans sont souvent un puits d’anecdotes et de savoirs, que nous n’utilisons que peu au quotidien. Recenser les grands moments de notre histoire militante locale, les combats populaires, les réalisations des collectivités communistes… est un bon point de départ. Si des camarades sont disponibles, une fois quelques sujets identifiés, une recherche plus approfondie via les documents d’archives permettra d’étoffer nos connaissances. Ensuite, l’objectif sera de les rendre accessibles par un travail de synthèse et l’élaboration de supports et d’initiatives « grand public » (exposition, recueils de témoignages, etc.).

Des initiatives fortes et largement ouvertes
Travailler sur notre mémoire locale est une bonne chose, mais c’est la moitié du boulot ! L’autre moitié, c’est de penser à communiquer largement autour, pour ne pas en rester à un « anniversaire en famille » mais au contraire inscrire cette mémoire au cœur de la société.
Des initiatives variées peuvent être construites, de l’exposition au colloque, en passant par la fête fédéral ou le banquet républicain ; l’essentiel est de garder à l’esprit l’objectif d’ouverture la plus large. Des actions médiatiques peuvent abonder dans ce sens, comme l’interpellation des pouvoirs publics pour renommer une rue ou une place au nom d’une ou d’un camarade qui a joué un rôle important dans notre ville, ou notre département.
Mettre en perspective passé, présent et avenir
Le travail mémoriel n’a de sens profond que s’il est mis au service de combats actuels, de manière dynamique et non nostalgique. Ça vaut donc le coup de prendre le temps d’une réflexion commune avec les camarades autour de cet objectif, pour lier passé, présent et futur de manière fluide.


Abécédaire

Amicale des vétérans
association interne regroupant les communistes ayant plus de quarante ans d’appartenance au parti. Un bon outil pour valoriser notre mémoire militante !

Archives départementales
Le service public des archives historiques. Beaucoup de fédérations y ont transféré les leurs. Si ce n’est pas encore le cas chez vous, le centenaire peut en être l’occasion, le PCF fait parti du patrimoine du pays, préservons notre histoire !

Histoire locale
Le parti, c’est une empreinte dans l’histoire française au plan national, mais aussi dans les territoires. Mettre en lumière cette histoire locale est un bon moyen d’inscrire les luttes actuelles dans le prolongement du passé.

La Résistance
Une époque parmi les plus glorieuses de notre parti. À l’heure où les repères historiques sont brouillés, le centenaire permet de raviver l’héroïsme individuel et collectif de cette période, et de le mettre en perspective avec les enjeux du XXIe siècle.


Dans le Var (83)
Un livre du centenaire en ligne de mire et une année rythmée d’animations

Dans ce département, le moins qu’on puisse dire c’est que les communistes ont pris à cœur l’année du centenaire de leur parti. Un plan de travail a en effet été présenté en conseil départemental, articulant sur l’ensemble de 2020 initiatives et construction politique, pour mettre à l’honneur la vitalité du PCF durant ce siècle.
L’objectif est ambitieux : produire un livre du centenaire, donnant à voir la trace profonde laissée par les communistes dans le département depuis 1920. L’ouvrage, fruit d’un travail
collectif en lien avec les archives départementales, sortira le samedi 19 décembre à l’occasion d’une belle soirée ouverte au public.
D’ici là, plusieurs temps forts vont rythmer l’année. Tout d’abord, les vœux de janvier auront permis de donner le top du départ, avec la projection de courts-métrages sur la vie ouvrière et les luttes de 1936. Ensuite, en avril, c’est une projection du film Le Jeune Karl Marx,  suivie d’un débat autour du sens de l’engagement communiste au XXIe siècle qui sera organisée. Le premier semestre s’achèvera par une fête fédérale lors de la semaine du centenaire, avec stands, projections de films, débats, et même un mini jeu d’évasion (escape game) autour du thème de l’ubérisation, pour ajouter une tranche ludique à l’événement, le tout conclu par une soirée festive.
L’été ne sera pas en reste, puisque les camarades ont prévu de placer leur tournée des plages sous les auspices du centenaire. Puis l’automne, avec la présentation d’une exposition en octobre, pour arriver enfin sur la soirée de sortie du livre.
Un programme très riche qui affirmera l’identité communiste sur le département.
Une campagne de financement participatif a été lancée pour soutenir la publication de ce livre autour des cent ans du PCF dans le Var.
Pour y participer, rendez-vous sur : https://lespetitsbuvards.fr/la-ruche-centenaire-pcf/ - rentrez le mot de passe PCF100ans et faites un don.


Dans l’Indre (36)
Un centenaire sous le signe des militantes communistes 

Partant du constat que les femmes communistes, leurs activités ont peu été mises en lumière, les camarades de l’Indre ont décidé de saisir le centenaire du Parti communiste français pour travailler sur cent années d’actes de militantes communistes autour de la journée du 8 mars, journée internationale des droits des femmes. La tâche est ardue étant donné le manque de visibilité des femmes. Les archives les plus fournies partent de la période de la Seconde Guerre mondiale et de la Résistance, où l’implication des femmes commence à être timidement reconnue.
Quelques-unes sont entrées dans l’histoire, comme Yolande Rapoport, mais peu d’entre nous savent le rôle que nombre d’entre elles ont joué. Beaucoup faisaient passer des tracts, des journaux clandestins… Sans elles la Résistance n’aurait pu avoir lieu.
Pour reprendre les paroles du colonel Rol-Tanguy : « Sans les femmes, la moitié de notre travail eut été impossible. »
Le 23 février a été l’occasion d’un banquet républicain, inaugurant l’exposition Les femmes communistes dans la Résistance… aussi dans l’Indre.
Un livret, non exhaustif, sur cent ans d’engagement de femmes communistes dans l’Indre, paraîtra courant mars. Il marquera l’importance de l’action de ces militantes communistes trop souvent dans l’ombre de leurs homologues masculins, et pourtant à la pointe des combats, tels que le maintien de la paix avec la collecte de signatures pour l’appel de Stockholm, la loi sur l’égalité des salaires ou l’octroi d’un livret de famille pour mère célibataire.


En Dordogne (24)
L’occasion de relancer une fête fédérale

En plus d’une superbe fresque en hommage à Aragon, pour le centenaire de notre parti la Dordogne redonne vie à une nouvelle forme de fête fédérale. Si plusieurs sections au fil des ans ont continué à organiser des fêtes, celle de la fédération avait disparu. Mais le 20 juin prochain et, les camarades l’espèrent, les années suivantes également, c’est à Boulazac, mairie communiste, qu’aura lieu, sur une journée, la fête organisée par les communistes périgourdins.
Déjà, cet événement s’annonce riche en rencontres : pas moins d’une vingtaine de stands seront présents, des artistes de l’École des arts du cirque viendront divertir petits et grands, et la soirée sera clôturée par des concerts et une tête d’affiche nationale. L’idée est d’allier divertissement et matière grise. La journée sera ponctuée de débats, en particulier sur la situation internationale et le centenaire de notre parti. Et parce qu’au Parti communiste la fraternité rime avec la convivialité, un grand repas aura lieu à midi et snack le soir.

Et comment fait-on pour organiser une journée comme celle là ?
Il est important de se fixer une date et se donner quelques mois de préparation. Donner du sens à l’événement : établir une ou des thématiques, contacter les associations locales et, rapidement, des intervenants... La recette financière : à Boulazac, l’entrée sur la fête se fera grâce à un bon de soutien de 9 euros pour le soir, la journée étant en accès gratuit.
Et, bien sûr, les sections sont appelées à tenir stands et buvettes !

Le rouge fait toujours peur !

La fresque représentant le poète Louis Aragon, réalisée par le peintre José Correa sur la façade du local du Parti communiste à Périgueux, a été vandalisée quelques jours plus tard, suscitant une vague d’indignations.
« Le courage des lâches…» C’est par ces mots que José Correa a réagi, à chaud, aux dégradations commises.


Cent ans d’avenir

Trois questions à Guillaume Roubaud-Quashie, membre du comité exécutif national du PCF et animateur de l’organisation du centenaire

Quels sont les objectifs de cette « année du centenaire » ?
On peut retenir deux aspects. Le premier, historique : un individu, une classe sociale, un mouvement politique… s’ampute d’outils pour agir si elle n’a pas connaissance de son histoire, de sa mémoire. Et dans notre pays, l’histoire du mouvement communiste est occultée, alors qu’elle peut servir de moteur aux luttes présentes. Le second, politique : il s’agit de donner à voir en grand nos conceptions communistes actuelles, alors que nous sommes confrontés à un monde dévoré par un capitalisme fou qui génère des crises sans précédent – sociale, écologique, démocratique – qui appellent en réponse à des changements profonds. Le centenaire n’est donc pas uniquement un temps mémoriel, mais bel et bien une question politique actuelle. Alors que nous assistons depuis plusieurs décennies à une offensive idéologique visant à déconsidérer l’idée même de structures collectives, c’est une occasion de montrer la pertinence absolument actuelle de s’organiser !

« Le centenaire n’est pas uniquement un temps mémoriel, mais bel et bien une question politique actuelle. »

Peux-tu nous présenter les initiatives prises nationalement ?
En avril, une grande exposition d’affiches originales sera présentée, avec une version disponible pour les fédérations. Une seconde exposition autour des liens entre le Parti communiste et le monde de l’art sera aussi organisée à l’automne, avec des œuvres de Marcel Duchamp, Pablo Picasso, Ignazio Jacometti… car c’est aussi ça l’histoire du PCF. Ce temps sera l’occasion d’une création dédiée au centenaire par l’artiste Miguel Chevalier : ici aussi, passé et présent se conjugueront.
Enfin, l’année sera clôturée par un grand événement internationaliste le 12 décembre 2020. L’internationalisme, c’est l’ADN du PCF, ce temps sera l’occasion de projeter dans le présent ce combat planétaire.

« L’histoire du PCF a un rapport étroit avec celle du pays, tout comme notre ambition est liée avec son avenir ! »

L’université d’été sera également de la partie, davantage sur le volet théorique avec l’actualité de la pensée de Marx et Engels dans le monde contemporain : 2020 est également le bicentenaire de la naissance d’Engels.

Et dans les fédérations, comment s’y prendre ?
Tout d’abord, une douzaine de débats seront organisés en région, autour des enjeux du siècle. Mais les fédérations sont aussi invitées à organiser des initiatives locales, un dossier d’animation sera envoyé en février. L’idée, c’est de ne pas se limiter à de petites animations « en famille » : l’histoire du PCF a un rapport étroit avec celle du pays, tout comme notre ambition est liée avec son avenir !
Les camarades peuvent aborder les choses à partir de leurs lieux de militantisme et de leur histoire locale, avec un esprit d’ouverture sur la société, en liant travail de mémoire, construction politique et temps conviviaux. Ces initiatives peuvent se tenir durant la semaine du centenaire, du 15 au 21 juin, mais aussi tout au long de l’année. Soyons créatifs !
2020 est aussi le quarantième anniversaire de l’espace Niemeyer, le siège du parti place du Colonel-Fabien : les fédérations sont invitées à organiser des visites sur place, pour faire connaître l’un des joyaux du patrimoine de tous les communistes.


Élections municipales, suite…

Préparer l’après-15 mars
à l’heure où ce numéro est mis en pages, la campagne électorale bat son plein. Mais les élections municipales, ça ne s’arrête pas le 15 mars (date du premier tour), et c’est important d’anticiper les phases qui suivent immédiatement derrière.

Anticiper les fusions de deuxième tour
Après la proclamation du premier tour, les listes ont vingt-quatre heures pour décider de fusionner en vue du second tour.

Rappels 
Pour se maintenir au second tour, une liste doit rassembler 10 % des suffrages exprimés et, pour fusionner, elle doit en rassembler 5 %. Plusieurs listes peuvent donc fusionner entre elles, mais l’une d’elles doit avoir fait plus de 10 % au premier tour. La tête de liste est seul maître à bord juridiquement pour valider une fusion…
Vingt-quatre heures c’est court… pourtant, l’élection se joue souvent à ce moment-là, un bon rassemblement de second tour pouvant l’emporter malgré la division au premier. Il convient donc de prendre le temps de réfléchir avec la direction de la campagne sur les grandes configurations possibles, pour « dégrossir » le travail – y compris en matière de hiérarchisation des candidatures – même s’il ne faut surtout pas que ces réflexions grèvent la dynamique de campagne.

Anticiper le troisième tour d’agglomération
Une fois les élections municipales passées, les exécutifs se mettent en place dans les intercommunalités. Bien que tributaire des résultats électoraux dans les communes, cette phase mérite un peu d’anticipation sur les alliances et les revendications à porter en matière de délégation : souvent les tractations se mènent déjà plusieurs semaines avant… et l’on peut parfois transformer une défaite en victoire partielle, par exemple en faisant élire à l’exécutif d’intercommunalité un ou une camarade élu sur une liste battue, mais ayant décroché un siège intercommunal…

Anticiper l’après-campagne militante
La campagne, c’est une dynamique collective exaltante qui révèle bien souvent des personnes de grande qualité, mais trop souvent le soufflé retombe dès le scrutin passé. L’objectif, c’est bien qu’une campagne puisse renforcer concrètement le parti dans la durée, ce qui passe par des adhésions. S’il est illusoire d’espérer maintenir le niveau d’engagement au même niveau que celui atteint sur les dernières semaines avant le vote, c’est important d’anticiper pour préserver l’esprit collectif et concrétiser des adhésions juste après la campagne.
Pour ce faire, rien de mieux que la convivialité : prévoir un temps festif – banquet, barbecue, soirée… – fin avril, permet de ne pas perdre le contact et d’assurer la transition d’un activisme ponctuel vers une activité militante plus traditionnelle. Toutes et tous ne franchiront pas le pas de l’adhésion, c’est bien normal, mais si l’on ne les accompagne pas aucun ne le fera naturellement. Et pour les autres, entretenir le réseau de sympathisants construit sur la campagne est tout aussi important ; c’est un point d’appui pour développer l’influence du parti sur le territoire dans la durée.

Cause commune n° 16 • mars/avril 2020