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Entretien avec Véronique Mahe, responsable « Vie du parti » dans la fédération de Loire-Atlantique (44).

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Dans ta fédération, comment abordez-vous le lien entre le parti et les adhérents ?
Nous avons la chance de disposer de sections avec des cellules actives, ce qui permet un lien dans la proximité. Les cellules organisent les communistes au plus près du terrain, ce qui facilite l’intégration et la mise en action des adhérents, autour des remises de cartes ou de timbres annuels notamment : c’est pour cela que nous portons l’idée de revitaliser ces structures !
Plus globalement, nous insistons sur la nécessité de mettre les adhérents dans l’action : si la tenue de débats entre les camarades est essentielle, l’activité de terrain permet de rassembler largement, tout en assurant la visibilité de notre parti. Nous avons constaté que l’on n’adhère pas au Parti communiste par hasard : les adhérents veulent s’engager, être utiles au combat commun, et le parti doit répondre à cette attente !

Concernant l’accueil des nouveaux adhérents, quelles actions menez-vous ?
Tout d’abord, en tant que responsable à l’organisation (« l’orga »), lorsque je reçois une nouvelle adhésion, j’envoie immédiatement un courriel à la personne concernée pour confirmation. Une fois qu’elle m’a répondu, j’informe le secrétaire de section, pour qu’il prenne rapidement contact avec le nouvel adhérent en lui proposant de participer aux prochaines actions sur son territoire. C’est très important d’être réactif, pour ne pas perdre l’élan suscité par l’acte d’adhérer. Par ailleurs, nous avons organisé, le 2 décembre dernier, une rencontre d’accueil des nouveaux adhérents. Le format était assez simple : sur une matinée, un samedi, d’abord un mot d’accueil, puis un échange en « ruches » autour des motivations et des attentes de chacun, animé par des camarades du conseil départemental, et enfin une présentation générale du fonctionnement du parti, le tout terminé par un repas fraternel. Le temps en ruches est important, car il permet à chacun de s’exprimer et donc de se sentir « chez lui » au PCF. De même, la convivialité associée à l’événement permet de cultiver la fraternité militante, ce qui est aussi important que n’importe quel temps formel !

Et pour la suite, quels sont vos projets ?
Nous allons prolonger cette matinée d’accueil par un stage de formation de base, en avril 2018, et rééditer ce « cycle » une fois par an à l’avenir. La formation doit aussi faire partie du lien des adhérents avec leur parti comme force organisée, elle permet de donner à chacun des outils pour défendre nos idées au quotidien. Une jeune camarade disait justement que le communiste dans la population, c’est celui qui est là quand il y a besoin. Il faut donner à nos adhérents les moyens de cela, tant d’un point de vue politique que pratique.
L’implication des adhérents dans la vie de notre parti est une clé fondamentale de notre visibilité, je suis donc convaincue que chaque direction locale doit s’y consacrer le plus fortement possible. Comme le disait une adhérente, le communisme est un humanisme, nous combattons car nous avons confiance en l’humanité : ayons confiance en nos adhérentes et adhérents pour mener le combat politique, donnons-leur les moyens de ce combat !

 


L’expérience de Grigny

Entretien avec Nicolas Jarminion, secrétaire à l’organisation de la section de Grigny. Il assure également la formation au niveau de la fédération de l’Essonne.


Le point de départ pour Nicolas, c’est le choix de la section en 2010 de s’impliquer dans l’utilisation beaucoup plus rigoureuse du fichier d’adhérents et de sympathisants. Les résultats, explique-t-il, sont convaincants. Les avantages sont multiples, concernant l’efficacité des campagnes militantes, la capacité de mieux cibler les adhérents sur des sujets particuliers ou encore d’avoir une vision plus précise de la population qui est touchée par le travail des camarades. Cela permet également d’avoir des informations précieuses sur la qualité des campagnes menées.
« Au-delà des chiffres, c’est la manière même de militer qui a évolué dans la section. »
Cette idée n’était pas évidente au départ et Nicolas le rappelle : « Il y avait beaucoup de sceptiques ! » Il y a également de nombreux débats autour de l’utilisation du fichier. Mais le saut qualitatif est évident pour tous. Par exemple, la moitié des signataires de pétitions a signé au moins deux fois une pétition du parti, un quart a signé plus de trois pétitions.
C’est une évidence : pour parvenir à la réalisation de cette véritable révolution, il n’y a pas de miracle, cela exige un certain nombre de règles de base qu’il ne sera pas possible de développer de manière exhaustive. Tentons tout de même de traduire l’essence de la méthode.
Pour commencer, et pour ne pas travestir les propos du camarade, il n’existe pas de méthode totalement applicable partout et chaque section doit travailler ce sujet à l’aune de sa propre réalité locale et ses propres objectifs. Par contre, il y a des règles générales qui peuvent se dégager.
Un seul ou une seule camarade doit s’occuper de ce fichier, et de préférence un ou une qui n’est pas le ou la secrétaire de section, disponible pour ce travail indispensable. Cette tâche doit être menée sérieusement et soigneusement ; il s’agit de données personnelles de gens qui ont confiance en nous.
Les connaissances informatiques ne doivent pas être pointues, l’utilisation d’Excel ou Open Calc suffit pour le traitement du fichier, davantage même que des logiciels spécialisés.
Il faut un seul fichier, qui peut être précisé par de nombreuses colonnes. Il doit être alimenté régulièrement et constituer le point d’appui d’une gestion plus rigoureuse des contacts au moment des rappels.
Le fichier doit être d’une lisibilité optimale. Pour cela, il faut éviter l’abus de couleurs, favoriser les colonnes « écrasées » contenant des titres d’une lettre ou deux plutôt que des grandes colonnes. Avec le cumul des informations et des types de personnes qui peuvent se retrouver dans le fichier, il est très important de l’organiser toujours de la même manière, avec ce type d’affichage (EU pour élection européenne, par exemple, ou FDG pour Front de gauche).
Nous ne nous étendrons pas en détail sur la réussite à Grigny mais elle est avérée et si, à l’occasion d’une formation sur le sujet, vous rencontrez Nicolas, il saura vous en faire la démonstration, chiffres à l’appui. Au-delà de ces chiffres, c’est la manière même de militer qui a évolué dans la section. Les campagnes sont mieux ciblées, mieux pensées, et la capacité de mesurer leurs résultats est bien plus aisée. Outre la recherche naturelle d’efficacité pour notre organisation, c’est également la garantie de mieux utiliser l’énergie si précieuse des camarades sur les lieux de militantisme.

Propos recueillis par Valentin Brouillard-Dusong

Cause commune n° 3 - janvier/février 2017