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Alors que le sentiment de défi vis-à-vis « des politiques » grandit dans la population, l’échelon municipal reste relativement épargné, encore perçu comme le niveau de la proximité.

 

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Alors que le sentiment de défi vis-à-vis « des politiques » grandit dans la population, l’échelon municipal reste relativement épargné, encore perçu comme le niveau de la proximité. Et pour cause, de nombreux sujets du quotidien se jouent au niveau municipal : urbanisme et cadre de vie, services publics (petite enfance, école, culture, propreté urbaine, eau et assainissement, etc.), logement… Par ailleurs, les élus municipaux sont bien plus proches des populations que ceux des autres institutions. Pour ces raisons, l’élection municipale est un enjeu capital dans les rapports de forces qui structurent la société, et donc un enjeu capital pour les communistes.
Ces élections sont à la fois l’occasion de conserver ou de gagner des positions institutionnelles, points d’appui non négligeables pour nos combats, et un temps de politisation particulier. Alors que l’abstention moyenne avoisine désormais les 60 % aux élections européennes, qu’elle flirte avec les 50 % aux législatives, régionales et départementales, elle plafonne autour de 35 % aux municipales : après la présidentielle, cette élection reste celle qui mobilise le plus nos concitoyens. En parallèle, le scrutin de liste locale favorise des formes de mobilisation et d’implication citoyen­nes plus larges.
L’objectif de ce dossier est donc de commencer à donner quelques outils pour se lancer dans cette bataille qui démarre dès à présent – quand elle n’est pas déjà engagée depuis plusieurs mois. Le parti pris est le suivant : se saisir collectivement des enjeux locaux pour faire émerger des dynamiques de politisation citoyen­ne, dans une logique de mobilisation populaire la plus large possible. La période particulière que nous traversons fait de ce scrutin un temps clé pour le mouvement populaire, l’occasion de construire des points de repère ancrés dans le réel, de fédérer largement les énergies disponibles, et notre parti peut y jouer un rôle important.
Nous y consacrerons donc d’autres dossiers, mais en attendant, bonne lecture et en avant !
Jérémie Giono


Construire une campagne municipale

Voici quelques principes généraux destinés à nourrir la réflexion stratégique. Ces éléments ne sont en aucun cas un dogme, chaque situation étant unique.

Avant tout, ne pas se disperser, et prendre un temps de réflexion préalable pour poser les différentes phases envisagées dans le temps, en fixant à chaque étape des objectifs définis. Une fois ce « plan » tracé, il servira de guide général dans le feu de l’action ; c’est primordial même s’il ne faut pas s’enfermer dans des schémas trop détaillés : le réel vient toujours faire bouger les choses. Une campagne doit s’organiser comme un récit, une histoire que l’on déroule, où chaque étape permet de mobiliser un cercle différent, toujours plus large jusqu’au scrutin.

Phase 1 : Rassembler les siens
Il faut commencer par mobiliser les militants du parti. Pour cela, la discussion collective autour de l’analyse politique du territoire et des grands enjeux est importante, cela permet de déterminer une stratégie globale partagée. Le piège à éviter à ce stade est de vouloir tout définir dès le départ, et de fermer des questions qui pourraient rester ouvertes alors que l’on ne dispose que de quelques retours subjectifs.

Phase 2 : Rassembler son premier cercle
Une fois le parti mobilisé, le premier élargissement concerne nos proches : associations amies, sympathisants investis dans leur quartier, etc. L’élargissement peut se faire sur la base d’un large partage entre les militants « Tu penses à qui dans ton quartier ? », « Et lui/elle, qui en pense quoi ? », etc., mais aussi par un travail plus sérieux à partir des listes électorales – qui sont récupérables auprès de la mairie ou en préfecture – pour être sûr de n’oublier personne. Dès lors, on peut engager une démarche identifiée, avec une charte graphique, un intitulé,
des rencontres ciblées, une première communication publique. Les premières réunions doivent permettre de définir ensemble les grandes orientations politiques que l’on souhaite mettre en avant.

Phase 3 : Rassembler son camp
Normalement, à ce stade, on dispose d’un collectif qui commence à s’étoffer, et selon la situation locale c’est le moment d’aller s’adresser aux autres forces de gauche organisées sur la commune. Si les rencontres officielles sont importantes, elles ne doivent pas mettre un frein à la dynamique de terrain : rien de pire que de se paralyser pendant d’interminables négociations de coulisses ! À l’inverse, le déroulé de notre activité, voire les appels publics au rassemblement pèsent souvent positivement sur les discussions. À ce stade, il faut aussi éviter de s’enfermer dans des présupposés : ce n’est pas parce qu’on pense que tel ou tel président d’association est proche de tel ou tel parti que c’est réellement le cas, rien ne vaut le contact direct pour s’en assurer. Comme la dynamique va à la dynamique, il est aussi possible que des personnes initialement proches d’autres forces fassent finalement le choix de s’associer à notre démarche, si on les sollicite directement.

Phase 4 : Rassembler la population
Une fois le périmètre des rassemblements acté, une nouvelle phase d’élargissement est indispensable pour passer à la vitesse supérieure. Dans cette phase intense, l’objectif est de mobiliser de façon coordonnée les forces que l’on a fédérées précédemment, de multiplier les contacts et le rayonnement de notre campagne. Il est important de toujours se poser les questions : « Som­mes-nous audibles ? », « à qui parlons-nous ? » Et si la réponse est « aux convaincus », il faut revoir notre copie ! De même, si la tentation est grande de rester sur un discours critique vis-à-vis des autres forces en présence, ça ne paye jamais : c’est le projet qui mobilise, le « positif », il doit occuper 95 % de notre énergie et de notre communication. Enfin, nous devons garder à l’esprit que ce qui touche le plus, ce sont les sujets du quotidien, et que les différentes strates de la population n’ont pas forcément les mêmes priorités de but en blanc : segmenter notre communication en utilisant des formules simples et percutantes, en ciblant nos actions en fonction des publics (parents d’élèves, sportifs, retraités, etc.), est bien plus efficace que diffuser massivement un livret indigeste regroupant toutes nos propositions en vrac.


Financement de campagne et règles juridiques

Une campagne municipale, ce sont des dépenses (réceptions, tracts, site internet, etc.), mais aussi des recettes (dons…). Un ensemble de règles à respecter, sous peine de sanctions.

La période officielle de campagne : six mois avant le scrutin
C’est la période où la campagne est officiellement en cours ; pour les municipales, elle débute en septembre 2019. À partir de ce moment, les règles de campagne s’appliquent.

Les « comptes de campagne »
Durant la période de campagne, toutes les dépenses liées à l’élection doivent être répertoriées précisément, car elles sont plafonnées par la loi. Un coefficient est appliqué en fonction du nombre d’habitants.
Pour les communes de plus de 9 000 habitants, il est impératif de désigner un mandataire financier, chargé de gérer les finances de la campagne. Le mandataire ouvre un compte dédié, et toutes les dépenses doivent transiter par ce compte. Cette règle est incontournable, toute erreur sur ce plan entraîne l’annulation du remboursement ! Les dépenses sont en partie remboursées, jusqu’à hauteur de 47,5 % du plafond. Ce qui veut dire qu’une campagne économe peut intégralement être remboursée, si elle ne dépasse pas ce seuil. Les apports sont aussi encadrés : les dons de personnes physiques sont plafonnés à 4 600 euros, et ceux des personnes morales (entreprises, associations…) sont strictement interdits.
Attention : si les apports des candidats sont remboursables, ce n’est pas le cas des autres dons. Il vaut donc mieux privilégier la souscription via l’assemblée des départements de France (ADF) du parti, suivie d’un prêt du parti au candidat. Le rôle de mandataire est primordial, il faut quelqu’un de confiance. C’est donc une question à poser relativement tôt, y compris dans le cadre de listes de rassemblement : si le parti est le principal contributeur financier, il est politiquement légitime pour désigner le mandataire, en accord évidemment avec le collectif. Des formations spécifiques seront disponibles pour accompagner les mandataires dans leur rôle.

Les interdits
Le recours à la publicité payante est strictement interdit en période de campagne. Attention, sponsoriser une publication sur les réseaux sociaux, c’est de la publicité, à bannir donc durant cette période, vous risqueriez l’annulation des remboursements ! L’utilisation des positions institutionnelles est également encadrée, pour empêcher les élus sortants d’utiliser les moyens de la collectivité à des fins de promotion électorale. Ce qui n’interdit pas les inaugurations et autres discours de vœux, mais il ne faut pas évoquer directement ou indirectement l’élection.
Enfin, les « procédés déloyaux » sont également interdits. Cette notion floue recouvre la diffusion de fausses nouvelles, de calomnies ou les menaces diverses. Ce ne sont pas nos pratiques, mais c’est bon à savoir ! l

Pour toute question technique, n’hésitez pas à vous rapprocher du secteur « élections » du parti, au niveau fédéral ou au niveau national.


Commune et intercommunalité

Si la commune reste le niveau de base pour beaucoup, de plus en plus de compétences sont transférées aux intercommunalités. Les grandes décisions tendent à se prendre dans ces espaces.
Il est important d’aborder les élections de 2020 avec cet enjeu en tête.Un mode d’élection semi-direct Pour les communes de plus de 1 000 habitants, les conseillers communautaires sont élus sur les listes des municipales, par un système de fléchage indiqué sur
le bulletin. L’ordre des candidats est encadré, il faut donc anticiper cette dimension lors
de la constitution des listes et des fusions d’entre deux tours. Étant donné ce mode de scrutin on peut avoir intérêt à construire une liste d’opposition dans une commune que l’on ne pense pas gagner, pour renforcer notre présence à l’intercommunalité et gagner une visibilité dépassant celle de simple conseiller d’opposition (surtout si les majorités ne sont pas les mêmes).

Un espace territorial de plus en plus concret
Les espaces intercommunaux sont de plus en plus perçus par les Français. Même si on ne cède pas sur notre défense de l’échelon communal comme base de la démocratie locale, il est important de mener une réflexion programmatique à cette échelle. Ce type de dynamique « parallèle » peut aussi permettre de raccrocher des militants isolés comme des citoyens souhaitant s’engager à nos côtés dans des petites communes, et in fine de rayonner politiquement au-delà.


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Schiltigheim (67) Gagner à gauche

Retour sur les élections anticipées de mars/avril 2018 avec Antoine Splet, conseiller municipal communiste.

Commune de la banlieue de Strasbourg  à gauche depuis 1977, Schiltigheim connaît une guerre de succession en 2008 : un adjoint socialiste est élu, en face d’un autre ancien adjoint de centre-droit. Et en 2014, ce dernier, rallié à l’Union des démocrates et indépendants, fait basculer la ville, s’alliant aux  Républicains. En parallèle, le Parti communiste entame une stratégie de réancrage local, après une campagne municipale « Front de gauche » centrée sur des enjeux nationaux qui, si elle a permis de passer les 5 %, n’aura pas débouché sur l’élection d’élus. La section réoriente son militantisme au plus près du terrain : participation aux enquêtes publiques, communication sur les sujets de politique locale (opposition à la privatisation des assistantes maternelles notamment), rencontres ciblées avec la population. Le PCF s’inscrit dans le paysage politique local comme une force existante.
C’est là qu’arrive 2018 : la majorité explose, aboutissant à la convocation d’une élection anticipée. Les Républicains jouent leur va-tout, espérant conquérir la municipalité.
Le Parti communiste lance alors deux démarches parallèles : d’un côté un appel public au rassemblement des forces de gauche, et de l’autre un appel citoyen au rassemblement signé individuellement par les militants et les sympathisants. Le second est utilisé pour aller à la rencontre du tissu associatif et des sympathisants des autres forces, pour pousser à la base et nouer des contacts. Des rencontres bilatérales se déroulent et, si le dialogue se noue avec les socialistes de gauche
– après le départ des caciques centristes à La République en marche –, c’est plus compliqué avec les écologistes, et complètement fermé du côté de la France insoumise. Néanmoins, l’appel citoyen met en avant une diversité d’horizons sociaux et professionnels et permet de positionner les communistes au centre du paysage, tout en posant les bases d’exigences de fond (urbanisation raisonnée, services publics, démocratie participative et développement durable). C’est ainsi qu’un premier rassemblement se forme, regroupant les réseaux socialistes et communistes. Cette construction ne part pas sur un modèle d’union « à l’ancienne », mais au contraire d’une démarche d’intérêt général largement citoyenne, rendue possible par le respect mutuel. « Un nouveau cap pour Schilik » part donc en campagne assez tard, mais tient des ateliers regroupant jusqu’à quatre-vingts personnes, et engrange au soir du premier tour plus de 15 % des voix, le double du score des deux formations politiques aux législatives de l’année précédente. La liste écologiste, captant la position de « principale opposition » et un fort travail de réseaux dans les collectifs citoyens ayant émergé contre les projets municipaux, enregistre 20 % des voix. La FI paye quant à elle sa posture, avec 7,5 %. À droite, la liste LR arrive en tête avec 36 %, suivie du maire UDI sous les 20 %.
Il apparaît donc que le deuxième tour sera décisif : à cet instant, les discussions préalables vont s’avérer utiles, puisque chacun a appris à se connaître, et que les points de rapprochement comme les divergences sont bien identifiés. Les listes écologiste, socialiste et communiste fusionnent donc sur un accord aussi bien programmatique que de répartition respectueuse de chacun.
Alors que le sortant UDI se retire, les communistes font le choix de déplacer le curseur de la campagne d’entre deux tours : d’un duel « gauche/ droite » classique, le récit est repositionné autour d’une polarisation entre « démocrates/droite extrême ». Des tweets et des publications des candidats de droite proches du racisme ou antipauvres sont exhumés et diffusés, et, si le débat se tend sur la ville, les associations antiracistes appellent unanimement à voter à gauche. La mobilisation des ressorts antifascistes permet de faire voter aussi bien l’électorat de «  gauche de la gauche » que celui du centre, et la droite est battue à 54 % contre 46 % !
La nouvelle majorité plurielle s’installe, avec trois élus communistes : une adjointe, un conseiller à la métropole et un conseiller délégué. Un grand retour après une absence de près de trente ans ! L’objectif pour 2020 : consolider les positions, et ancrer Schilik à gauche !


Fleury-Mérogis (91) Le patrimoine militant au service de la dynamique citoyenne

Février 2019 : la victoire de la liste conduite par Olivier Corzani (PCF), lors de l’élection municipale anticipée de Fleury, enthousiasme les communistes. Retour sur une expérience.

Après la perte de la ville en 2009, il a longtemps été question de maintenir l’existence d’une organisation communiste sur la ville avant de pouvoir enclencher un cycle plus dynamique. Ce fut un enjeu important pour disposer d’atouts, notamment militants, sur lesquels pouvoir s’appuyer par la suite.
Lorsqu’il devient secrétaire de section en 2015, Olivier a un leitmotiv : ancrer le PCF les deux pieds dans le réel, pour le transformer. Il s’attache à organiser une activité militante régulière, avec une présence toutes les deux semaines devant le supermarché, et un porte-à-porte hebdomadaire. « C’était important que nous soyons sur le terrain, y compris en dehors des périodes électorales », nous confie le nouveau maire. Une attention particulière est mise sur les temps conviviaux qui donnent une autre image du militantisme et permettent de tisser des liens au-delà de nos rangs : banquets républicains, barbecues de quartier, ventes solidaires de fruits et légumes… Enfin, un gros travail d’organisation qui est mené, et le fichier de contacts de la section passe en quelques années de soixante-dix noms à plus de huit cents. Tous ces temps « auront permis de nous connecter au réel, d’entendre les préoccupations des gens, tout en étant visibles et utiles ».
Cette action est mise au service de la construction d’une dynamique citoyen­ne bien plus large. La bataille pour le maintien du bureau de poste sera une étape importante, avec la constitution d’un collectif ouvert permettant d’intégrer tous les citoyens souhaitant se mobiliser sur ce sujet. La mobilisation paye, et le bureau est maintenu. La même démarche est engagée pour défendre la présence médicale de proximité : là encore, la force militante du PCF est mise au service du collectif, et l’élargissement est au rendez-vous.
Lorsque se profilent les élections, la construction d’une démarche municipale partagée partira de ces collectifs, débouchant sur une dynamique largement participative. Des réunions thématiques ouvertes sont organisées pour construire ensemble le programme, et le collectif de campagne est lui aussi largement ouvert : « Plus de quatre-vingts personnes s’y sont impliquées régulièrement, nous prenions toutes les décisions importantes ensemble. C’était fondamental pour qu’elles soient portées collectivement avec conviction ! » Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça paye : alors que le PCF avait fait 11 % en 2014, la liste conduite par Olivier est élue dès le premier tour en 2019 avec près de 56 % des voix.
Le nouveau maire nous explique ses grandes lignes de conduite durant ces quatre années :
• Rechercher l’efficacité dans toute action militante, « en commençant par se poser la question du pourquoi avant celle du comment : ça évite de disperser nos forces ».
• Rechercher en toutes circonstances une connexion forte au réel, au détriment des présupposés subjectifs. « Pour agir sur la réalité, il faut être en phase avec la réalité, être capable de partir de cette réalité pour la politiser avec des mots simples », et l’élu évoque en guise d’exemple la propreté urbaine : « Il ne s’agit pas des “crottes de chien”, d’un sujet secondaire : c’est au contraire le droit de vivre dignement, et on débouche sur les services publics, l’éducation, l’appropriation de l’espace public… »
• Enfin, ne pas miser sur le rejet des adversaires – même s’il existe –, construire de la perspective, mobiliser les citoyens autour d’un projet collectif ambitieux.
« Je dois dire que les résultats ont dépassé mes espérances, mais avec le recul ce n’est pas surprenant : on est parfois “dans notre bulle”, mais lorsque l’on sort de cette zone de confort pour impulser des dynamiques populaires, qu’on crée du lien humain, ça produit des effets positifs inattendus ! » Un bel exemple de dynamique concrète !


Vizille (38) Les communistes jouent la gagne dans le berceau de la Révolution française

Vizille, municipalité de 7 500 habitants en périphérie de Grenoble, communiste de 1956 à 2008. Dans cette bourgade, théâtre des États généraux provinciaux de 1788 qui donnèrent le coup d’envoi de la Révolution française, les communistes misent sur un contexte favorable pour reprendre la tête de la municipalité.

 En 2008, c’est une équipe « gauche alternative/écolos », fruit de divisions de la famille communiste dans la décennie précédente, qui prend la mairie. Le maire, affilié au Parti de gauche, décède en 2013, et un écologiste relativement impopulaire lui succède. Ce dernier est battu en 2014 face à une équipe « sans étiquette » composée d’anciens élus d’avant 2008. Pour sa part, le parti entame une dynamique de reconstruction, après six années compliquées en raison de la perte de la ville. Notre liste réalise 9,9 % de voix, une cellule se reconstitue et devient rapidement une force militante reconnue. Toutefois, les militants ne s’engagent pas d’emblée dans les municipales de 2020, malgré des sollicitations de part et d’autre. Ils privilégient les batailles de terrain, autour de la défense de l’antenne CPAM ou encore pour les transports en commun. Ces combats, menés à partir de pétitions, rassemblements, réunions publiques… remportent des succès partiels : l’accueil CPAM est maintenu, et un projet de tram-train est inscrit au PDU (plan de déplacement urbain) de la métropole. Ils contribuent à légitimer les communistes comme utiles au quotidien.
Fin 2018, décision est prise d’engager la bataille des municipales : un chef de file est désigné, en la personne de Bernard Ughetto-Monfrin, syndicaliste dans l’industrie chimique, et une démarche s’engage. L’objectif est annoncé lors des vœux de la cellule en janvier, et les contacts se multiplient durant les mois qui suivent. Une première réunion publique rassemblant une cinquantaine de personnes se tient le 18 avril, pour un échange autour de la démarche, des attentes de la population et des projets qui pourraient être envisagés. Une fiche de contact circule, les participants étant invités à noter s’ils souhaitent intégrer le collectif, aider aux distributions de tracts ou aux collages d’affiches, et noter les thèmes sur lesquels ils souhaitent s’investir. Cette fiche, que les militants feront aussi remplir aux contacts qui n’étaient pas présents ce soir-là, servira de base pour organiser les initiatives des mois à venir avec toutes celles et tous ceux qui sont prêts à participer. L’objectif va être de multiplier les rencontres de terrain et d’élargir le collectif jusqu’à l’été, pour rendre la démarche incontournable dans le paysage politique local.
En parallèle, un travail est engagé avec une graphiste, qui élaborera une charte graphique identifiable dans les semaines qui viennent. Logo, visuels, maquettes de tracts et de journal de campagne… tout le nécessaire pour garantir une identification claire et lisible sur l’ensemble du matériel de campagne. De courtes vidéos du tête de liste sont aussi en préparation, une de deux minutes et demie pour présenter la démarche, et trois ou quatre de une minute et demie, chaque fois sur un sujet particulier. Ces clips, tournés le même jour sous des angles différents, seront égrainés semaine après semaine en mai/juin, pour rendre visible la page Facebook créée pour la campagne. Du sponsoring (ciblé géographiquement) est envisagé pour faire connaître ces vidéos et la page, puisque ce mode de communication n’est interdit qu’à partir de septembre.
La fédération de l’Isère a engagé un plan d’aide financière pour les quelques communes où le parti peut « jouer la gagne » ou se renforcer ; la cellule pourra en bénéficier. Enfin, une rencontre entre l’équipe rapprochée d’animation de la campagne et des camarades plus expérimentés dans ce domaine – notamment le responsable d’une entreprise de communication/animation – est prévue, pour aider les communistes vizillois à construire leur plan de campagne autour d’un objectif central : construire avec les gens, et pour cela aller à leur rencontre, là où ils sont, sur les sujets qui les préoccupent.
Bref, rien n’est joué d’avance, et ça ne sera pas simple, mais les communistes vizillois sont sur le pont pour mener ce combat !


Isère (38) Un projet communiste pour Grenoble-Alpes-métropole

 Alors que la métropole grenobloise prend de plus en plus d’envergure, la fédération de l’Isère a engagé en septembre 2018 une réflexion sur le sujet. Un groupe de travail incluant les sections du territoire, les cabinets des maires communistes, des syndicalistes terri­toriaux adhérents au parti et les collectifs thématiques fédéraux s’est réuni plusieurs fois, aboutissant à un séminaire en février 2019. Organisé en deux temps, cet événement aura d’abord permis de former les militants sur les logiques et les enjeux du nouveau paysage institutionnel, avec une excellente intervention d’Éric Canobbio, géographe proche de la CGT. Puis un échange autour de la situation locale, de ses contradictions et des propositions que nous pouvons défendre à l’échelle de la métropole, en plénière puis en ateliers, a servi de base à la rédaction d’un document projet. Ce document a ensuite fait des allers-retours dans le groupe de travail, et sera finalisé lors d’une soirée d’échange ouverte aux adhérents et sympathisants fin avril, pour ensuite finir par être soumis au vote des adhérents.
Ce projet métropolitain communiste permettra de décliner un matériel complémentaire aux campagnes municipales, donnant à voir notre cohérence politique sur tout le territoire – force de mobilisation de notre électorat – et préparant les discussions et les batailles politiques à mener durant le prochain mandat au sein d’une majorité nécessairement plurielle à cette échelle.


Abécédaire

Conseillers communautaires.
élus à l’intercommunalité, ils sont élus dans les communes soit par fléchage pour celles de plus de 1 000 habitants, soit par désignation dans le conseil pour celles de moins de 1 000 habitants.

Directeur de campagne.
Militant chargé de coordonner la campagne. Rôle important puisqu’il s’agit de faire le lien entre l’activation des différents réseaux, la mobilisation de toutes les énergies – plus large que celles du seul noyau militant de la section – et de garder en tête la stratégie d’ensemble.

Intercommunalité à fiscalité propre.
Communauté de communes, d’agglomération, urbaine ou encore métropole, il s’agit d’un regroupement de communes mutualisant un ensemble de compétences auparavant communales. Ces espaces ont de plus en plus de pouvoirs, au détriment des communes.

Mandataire financier.
Obligatoire pour les communes de plus de 9 000 habitants, il gère le compte de campagne par lequel doivent transiter toutes les dépenses.

Prime majoritaire.
La moitié des sièges sont attribués d’office à la liste victorieuse, et l’autre moitié est répartie à la proportionnelle entre toutes les listes (y compris la victorieuse).

Seuils pour le second tour.
Une liste doit réaliser 10 % des suffrages exprimés au premier tour pour pouvoir se maintenir au second, et 5 % pour pouvoir fusionner avec une autre liste qui, elle-même, doit avoir fait plus de 10 %. La seule personne habilitée à discuter fusion est la tête de liste.

Syndicats intercommunaux.
Distincts des intercommunalités à fiscalité propre, ils se concentrent généralement sur une compétence technique (eau, assainissement, distribution d’énergie…). Peu connus, ils sont pourtant des outils clés de l’aménagement du territoire où des décisions importantes sont prises.


Arles (13) La démocratie au cœur

 Dès le début du troisième mandat d’Hervé Schiavetti, maire PCF, la préparation de la continuité débute collectivement, sous la houlette de Nicolas Koukas, adjoint aux finances et vice-président de la caisse centrale d’activités sociales. En 2015, son élection en tant que conseiller départemental sert de tremplin au lancement d’une association, « Arles en mouvement », qui a vocation à rassembler les forces vives de la commune pour construire l’avenir en s’appuyant sur le bilan des trois mandatures à direction communiste.
Nicolas nous décrit un fonctionnement largement ouvert : « Nous avons cherché à construire le creuset d’une véritable démarche participative, bien au-delà des seuls sympathisants communistes », même si les militants y sont fortement partie prenante et qu’un lien permanent est assuré entre eux et la section locale du PCF. Rapidement, l’association – présidée par une non-communiste – s’organise autour de commissions thématiques animées par des référents qui organisent le travail collectif, et de nombreux acteurs locaux rejoignent l’aventure. Puis la dynamique passe à l’étape supérieure, avec la mise en place des « laboratoires itinérants citoyens », des rencontres participatives délocalisées dans l’espace public. À chaque thème son lieu et son horaire : un matin dans la gare pour discuter des transports, un après-midi sur une place publique pour discuter de la vie de quartier, au sein du festival « Rencontres de la photographie » pour échanger autour de la culture… « L’idée, c’est à la fois de se réapproprier l’espace public et d’aller à la rencontre des gens autour des sujets du quotidien, pour construire avec eux », nous détaille Nicolas. Un moyen aussi de prendre en compte toutes les spécificités du territoire, dans la commune de France la plus étendue – 75 000 hectares – forte d’une grande diversité tant rurale qu’urbaine.
Le lien entre le souhaitable et le possible est permanent, car la collectivité n’est pas en dehors des réalités de l’austérité. « Nous tenons le fil par chaque bout, pour construire un chemin concret avec la population, dans une logique de mise en commun. »
Espoir et pragmatisme, c’est aussi la marque de fabrique de cette démarche originale dans son rapport à la métropole : « Aujourd’hui, le pays d’Arles c’est vingt-neuf communes, demain si l’intégration à la métropole d’Aix-Marseille se concrétise, ça sera 17 millions d’euros d’impôts en plus pour les Arlésiens et les Arlésiennes, sans amélioration tangible. Alors d’un côté nous mobilisons la population pour défendre l’autonomie de notre territoire à taille humaine, et de l’autre nous sommes d’ores et déjà en lien avec les municipalités communistes de la métropole pour cons­truire des combats communs ! »
Quels que soient les sujets, le fil rouge est bien la démocratie au cœur, et c’est ce qui fera la différence !

Cause commune n° 11 • mai/juin 2019