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Le précédent dossier de la rubrique inaugurait une série sur la préparation élections municipales, autour d’une démarche générale.

Ce scrutin sera, plus encore après les élections européennes qui installent le clivage mortifère Rassemblement national/La République en marche au centre du paysage politique, un temps primordial pour la gauche et pour les communistes. La question est la suivante : allons-nous laisser une forme de « normalisation » s’installer dans l’échelon le plus proche des Françaises et des Français, allons-nous laisser les libéraux réactionnaires de LREM et l’extrême droite RN s’installer dans les collectivités ? Ou, au contraire, ferons-nous de ces élections municipales un temps de résistance fort, et pourquoi pas le début d’une reconquête populaire à gauche ?
Alors que l’horizon semble sombre au niveau national, le terrain local est celui où la gauche et singulièrement notre parti ont encore le plus de ressources, et où les rassemblements les plus larges peuvent être réalisés : des dizaines de milliers de citoyennes et de citoyens s’engagent au quotidien sur les territoires pour faire vivre nos valeurs communes, dans les associations, les syndicats, les collectifs de quartiers… C’est là où se trouve une part non négligeable des forces disponibles à gauche , chez ces hommes et ces femmes « orphelins » d’une gauche politique forte.

« Sortons des sentiers battus, construisons les conditions d’un large rassemblement citoyen dans le réel, autour d’objectifs concrets, et reprenons la main ! »

En parallèle, la bataille des services publics locaux est engagée ; les forces de la finance entendent ramener dans le giron du profit toutes ces activités qui leur échappent pour le moment. Nous pouvons donc faire de ce scrutin municipal un grand temps de résistance et de reconstruction.
Ce numéro se consacre davantage aux outils pratiques, avec pour ambition de vous doter d’un « couteau suisse militant » dont l’utilisation de chaque « lame » doit s’inscrire dans un plan stratégique pour être efficace. Et les différents retours d’expériences locales mettent particulièrement en avant cette dimension stratégique, avec un outil central, le « questionnaire citoyen », qui permet d’entrer en campagne en associant le plus largement possible la population. Au-delà du quantitatif, c’est bien une démarche qualitative que nous encourageons, notamment au travers du suivi des contacts (à ce titre, on renverra à la rubrique du Cause commune n° 3, « S’engager, s’organiser, ça fait du bien »), car tout le travail déployé jusqu’en mars 2020 devra servir pour la suite. l

Jérémie Giono


Abécédaire

Comité de campagne. Collectif d’organisation de la campagne, destiné à distribuer et organiser les tâches pratiques dans l’esprit de la stratégie de campagne définie collectivement.

Comité de soutien. Comité regroupant l’ensemble des personnes qui soutiennent la liste ou la démarche politique, récoltées au moyen d’un appel de soutien. L’objectif est de rendre ces personnes actrices à leur échelle, l’animation et le lien direct sont donc essentiels.

Communication segmentée. Méthode consistant à s’adresser spécifiquement à des catégoriesde citoyennes et citoyens en fonction d’un sujet particulier les concernant (les retraités, les parents d’élèves, etc.).

Liste électorale. établie par la mairie, elle comprend tous les électeurs de la commune, et elle est mise à jour régulièrement par une commission. Pour lesélections européennes et municipales, une liste complémentaire concerne les ressortissants de l’Union europénne.

RGPD. Le règlement général sur la protection des données régit l’utilisation des données collectées par les organisations et les entreprises. Il interdit notamment l’établissement de fichiers sur des critères ethniques, religieux ou d’orientation sexuelle.

Sens. Double signification, compréhension d’une situation et direction pointée. Le rôle des communistes en toute circonstance, c’est de « donner du sens », y compris et surtout lorsqu’ils organisent des consultations largement participatives. Problématiser et poser des perspectives ensemble.


Le questionnaire citoyen, un outil pour associer les gens

Démarrer sa campagne par un questionnaire citoyen est une bonne façon de co-construire le programme et d’impliquer une large frange de citoyens, pour ensuite en faire des relais de la démarche. Mais cela nécessite une organisation rigoureuse, car rien de pire qu’une démarche participative qui n’est pas menée au bout : les gens auraient l’impression que ce n’est que de l’affichage.

Les points clés
Des questions ni trop ouvertes, ni trop centrées sur nos propositions : problématiser politiquement sa rédaction.
Des questions qui recouvrent les champs essentiels de la politique municipale, sans pour autant en faire trop : il doit pouvoir être rempli en cinq minutes.
Un formulaire de contact complet (téléphone, adresse, mail) et un traitement sérieux des coordonnées récupérées.
Une boîte aux lettres pour les retours par courrier.
Pour favoriser son appropriation par celles et ceux qui vont le faire remplir, le mieux c’est d’organiser un atelier collectif pour le construire ensemble, en proposant une trame de départ.

Le plus
Une version remplissable en ligne (googleform ou framaform).

L’organisation
Fixer une période de collecte, avec des objectifs individuels et collectifs, et une date butoir.
Construire un plan d’actions pour rythmer le travail de collecte avec des initiatives sur l’espace public, conçues à la fois pour collecter des questionnaires et pour dynamiser la collecte individuelle via les sympathisants.
Organiser une séance d’analyse des réponses « en interne », puis un ou plusieurs temps de retours publics, en recontactant pour l’occasion les citoyens qui l’ont rempli, l’objectif étant de déboucher sur des lignes et des propositions du programme. 


Angers (49) Faire exister la gauche

Angers, préfecture du Maine-et-Loire (151 000 habitants), n’échappe pas à la règle sur ce territoire de tradition catholique : la droite y est forte et aujourd’hui dominante. Pourtant, malgré un poids historiquement assez faible, les communistes entendent jouer un rôle dans la reconstruction d’une gauche conquérante.
Longtemps « centre gauche », la ville bascule en 2014 sur fond de division entre les socialistes. À cette occasion, le Parti communiste français ayant participé à une liste d’union de la gauche retrouve toutefois une présence au conseil municipal. Alain Pagano est élu, et il va rapidement apparaître comme une personnalité locale émergente dans une gauche en panne de leadership. En lien étroit avec la section du parti, il saisit l’occasion des conseils municipaux et communautaires pour donner de la visibilité aux positions des communistes, y compris en liaison avec la presse locale. Les camarades font le choix de « creuser le sillon » sur la gratuité des transports, pour en faire une proposition identifiante des communistes : dès 2014, une campagne locale est lancée avec tracts, affiches et pétitions, et depuis aucune occasion n’est manquée de rappeler publiquement ce combat. Au fil des années, cette stratégie paye, à tel point qu’aujourd’hui le PCF est associé à cette revendication. C’est d’ailleurs l’occasion de tisser des liens inattendus, avec les commerçants du centre-ville par exemple. Le parti retrouve ainsi une visibi­lité locale : aux élections départementales de 2015, dans un rassemblement « PCF/Nouvelle Donne/divers gauche », les candidats décrochent 7 % des voix sur la ville, là où les scores aux autres scrutins plafonnent à 2,5 %. Pour les communistes, c’est la démonstration qu’une démarche de rassemblement et de construction locale peut fonctionner, même dans un contexte défavorable.

« Au-delà des discussions entre formations politiques, les militants ont donc décidé d’entrer en campagne auprès de la population, en lançant une grande consultation citoyenne. »

Aujourd’hui, face à un maire « Macron-compatible », les communistes angevins sont bien décidés à reconstruire un rassemblement de forces de gauche identifié pour 2020, en avançant sur deux axes simultanés : la construction d’un projet partagé d’une part, et la défense d’une démarche de rassemblement d’autre part, les deux étant liées.

La visibilité de leur élu est un point d’appui, plusieurs élues et élus « Divers gauche » pourraient s’engager, et les discussions avancent positivement avec Génération.s. Si EELV entame une démarche solitaire après les élections européennes, il pourra en être différemment pour la FI qui ressort affaiblie de ce scrutin (sous les 5 % sur Angers), ou encore pour une partie des socialistes.
Au-delà des discussions entre formations politiques, les militants ont donc décidé d’entrer en campagne auprès de la population, en lançant une grande consultation citoyenne. Sous la forme d’un questionnaire portant à la fois sur les propositions du parti et sur des questions ouvertes. Cette phase doit permettre de fédérer un maximum d’électeurs et d’étoffer un projet. C’est aussi quelque chose qui pèsera favorablement pour réussir le rassemblement, en fédérant les nombreux « orphelins de la gauche », ces citoyens qui ne sont engagés nulle part mais qui sont attachés aux mêmes valeurs que nous.
Si le chemin s’annonce rude, la voie est tracée, et les communistes entendent bien redonner de la voix à la gauche sur Angers !

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Avoir sa caricature dans la presse quotidienne régionale,
une forme de reconnaissance sur la scène politique locale !

Choisy-le-Roi (94) Vers une campagne de maintien aux allures de reconquête

Ville de 45 000 habitants à direction communiste depuis 1959, Choisy-le-Roi n’est pas pour autant une de ces « cités ouvrières » historiquement rouges. Elle est moins touchée par la gentrification que les villes limitrophes de Paris, mais sa sociologie est très contrastée : un tiers de logements sociaux, un tiers de propriétaires occupants et un tiers de locatif privé. Aussi bien des quartiers populaires que des zones pavillonnaires. En 2008 comme en 2014, la gauche conserve la majorité municipale, mais à moins de 50 % des voix au second tour, face à une droite divisée. C’est ce qui motive, pour 2020, une campagne aux allures de reconquête.
Les communistes de Choisy se sont lancés dès le lendemain des élections européennes dans une stratégie de large implication citoyenne. Prenant appui sur des porte-à-porte réguliers des élues et élus depuis deux ans, c’est autour d’un questionnaire à la population que la première phase de campagne va s’organiser. Un dépliant comportant une page de questions sur le bilan et deux pages sur le projet sera largement diffusé durant l’été, sur Internet, dans les réseaux et en porte-à-porte, avec un objectif : récolter cinq mille questionnaires remplis. Pour préparer ce travail, des ateliers et des documents de formation ont été mis en place pour aider les militantes et militants à animer les échanges avec la population.
Des ateliers participatifs se tiendront à l’automne, pour restituer et prolonger les retours des questionnaires. Ils permettront d’exploiter collectivement les retours et de construire de la perspective politique. Le projet et la liste arriveront donc en bout de course, après des mois d’échan­ges et de constructions collectives, à partir du vécu, des opinions et des besoins des habitantes et habitants.

Une démarche originale
Cette stratégie de campagne est relativement à rebours de ce que le parti avait l’habitude de faire – défendre le bilan, rassembler les organisations politiques, puis intensifier la campagne sur les dernières semaines. Alors que le poids des forces organisées a considérablement décliné, l’électorat est plus volatil que jamais, et se comporter « en terrain conquis » aurait été une grave erreur. Au contraire, cette stratégie largement participative se fixe pour objectifs de faire monter graduellement la mobilisation citoyenne et de susciter une multitude d’effets « boule de neige ».

« Cette stratégie largement participative se fixe pour objectifs de faire monter graduellement la mobilisation citoyenne et de susciter une multitude d’effets “boule  de neige” dansles différents quartiers. »

L’ouverture permanente doit se doubler d’une organisation rigoureuse, dans laquelle le parti est bien évidemment la cheville ouvrière. Des référentes et référents sur chacun des quartiers de la ville ont pour mission de démultiplier les initiatives et d’élargir sur leur secteur. Une règle simple s’applique : à chaque nouvelle activité, en confier l’organisation à de nouvelles personnes en les accompagnant plutôt que de se reposer sur le « noyau ». L’enjeu est d’impliquer le plus largement possible. L’objectif initial de deux cents citoyennes et citoyens investis qui semblait au départ très ambitieux est ainsi à portée de main.
Enfin un outil de suivi des contacts réalisés a été mis en place pour vérifier les objectifs fixés. Il s’agit de passer du « ressenti » subjectif à la quantification objective, et de faire des évaluations régulières – contacts pris, questionnaires retournés, appels à voter signés, etc. – bureau de vote par bureau de vote, pour ajuster efficacement les efforts. Face à la désorientation de l’électorat de gauche, dans un contexte national difficile, les communistes de Choisy ont pour ambition de construire un lien durable avec le plus grand nombre de citoyennes et de citoyens, pour que la dernière phase de la campagne vienne confirmer les milliers d’engagements construits en amont. C’est aussi un moyen de répondre au « tir de barrage » médiatique des dernières semaines.
Pour conserver Choisy à gauche avec un maire communiste, les communistes sont donc partis sur une dynamique de reconquête !


Portes-lès-Valence (26) Le chemin de la reconquête

Portes-lès-Valence, 10 500 habitants, est une commune ouvrière de la banlieue de Valence. À direction communiste depuis la Libération, elle bascule à droite en 2001 en raison du maintien de la liste PS au second tour. En 2008, Pierre Trapier (PCF) devient maire, à la tête d’une liste d’Union de la gauche. Et la commune retombe à droite en 2014, à moins de cent voix, à la faveur d’une campagne particulièrement nauséabonde (stigmatisation des quartiers populaires, contre-vérités destinées à mobiliser l’électorat RN, etc.).

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Quelle est la situation sur la commune depuis 2014 ?
La maire (Union des démocrates et indépendants [UDI]), contrairement à ce qu’elle prétend, n’est pas à l’écoute des habitants, mais entretient un climat de peur et de suspicion, ainsi qu’un clientélisme forcené vis-à-vis des associations, et elle utilise le bulletin municipal comme un véritable outil de propagande. En face, nous disposons de cinq élus d’opposition, et nous avons été actifs sur le terrain durant tout le mandat.
Nous avons constitué une association ouverte, « Portes citoyenne », dans la foulée de notre liste de 2014. Cette association réunit une centaine de personnes d’horizons divers, qui partagent les valeurs de la gauche : solidarité, fraternité, justice sociale… Elle organise un repas annuel, et publie régulièrement un journal diffusé sur la ville. Nous tenons également des points de rencontre dans les différents quartiers : annoncés à l’avance, nous installons un petit stand avec du café, et discutons avec les habitants. Cela nous permet d’assurer une visibilité et une présence dans les quartiers, avec des cahiers citoyens mis à la disposition des habitants.

Comment abordez-vous 2020 ?
Nous avons fait le choix d’entrer en campagne dès le printemps 2019, pour prendre le temps de déployer une démarche de proximité et de contacts directs. Notre porte d’entrée est un questionnaire largement ouvert, où on sollicite l’avis des habitants quant à leurs priorités. Sa diffusion est mixte : boîtes aux lettres et porte-à-porte sur les quartiers pavillonnaires, porte-à-porte systématique sur les quartiers d’immeubles, et sur Internet. Un « bugne à bugne » indispensable, en somme. L’objectif est d’avancer avec les gens sur l’élaboration d’un projet municipal, qui concrétisera le débouché de cette démarche. Ces questionnaires intitulés « Portes citoyenne vous consulte » nous permettent aussi de rassembler une liste de coordonnées d’habitants, recoupées avec les listes électorales, pour maintenir le lien et le faire fructifier.

Au-delà du questionnaire, quels outils utilisez-vous ?
Nous avons une page Facebook ainsi qu’un blog. Et nous réalisons régulièrement de courtes vidéos. Personnellement, je n’étais pas trop familiarisé avec ce mode de communication, mais avec les camarades on s’y est mis et cela permet de toucher plus largement les Portois.

La question du rassemblement citoyen est donc au cœur de votre démarche ?
Oui, car si l’on s’adresse évidemment aux autres forces de gauche, il faut reconnaître qu’elles ne sont plus aussi fortes que par le passé. Le Parti socialiste a explosé entre La République en marche et Génération-s – ces derniers ont annoncé leur intention de partir seuls, sans affirmer une tête de liste, mais nous continuons d’œuvrer pour une liste commune –, les écologistes et la France insoumise ne comptent que quelques militants isolés… Alors le rassemblement citoyen est vraiment nécessaire !
L’association « Portes citoyenne », que j’anime comme ancien maire, en est un outil, de même que notre démarche participative constante et reconnue. Nous ne laissons pas les gens intéressés dans une posture de « spectateur », nous leur proposons systématiquement d’agir avec nous. C’est vraiment ce qui permet d’élargir, car si nous voulons battre la droite, nous aurons besoin de construire une véritable mobilisation populaire ! l

Entretien avec Pierre Trapier


Outils, méthodes et modes d’action

Distribution dans les boîtes aux lettres
Ce mode de diffusion, s’il peut être utile, n’entraîne toutefois qu’un faible taux de lecture ; une grande majorité des tracts finiront directement à la poubelle avec la publicité. Par contre, c’est une tâche facile à déléguer au plus grand nombre, chaque sympathisante ou sympathisant, chaque citoyenne ou citoyen, proche de la démarche, peut faire sa rue ou son ensemble d’immeubles. Leur proposer de s’impliquer de la sorte permet de leur mettre un premier pied à l’étrier, pour qu’ils passent du statut de « supporter passif » à celui d’« acteur de la campagne », ce qui les amènera naturellement à être plus engagés auprès de leur entourage. Et déléguer au maximum cette tâche très chronophage permet aux militants plus chevronnés de se concentrer sur d’autres actions plus « qualitatives ».

  • Le plus
    À partir de la liste électorale, il est possible d’éditer des étiquettes, afin de diffuser certains documents dans des enveloppes personnalisées. Ainsi, notre communication prend un ton individuel, et sera davantage lue. Inutile de procéder systématiquement de la sorte, mais ça peut ponctuellement être un plus.

Distribution sur les lieux commerçants (marchés, supermarché, etc.)
On y croise les habitués – souvent les retraités –, ça permet d’échanger avec eux. Les tracts donnés « de la main à la main » sont aussi davantage lus. Mais attention, souvent les marchés rayonnent au-delà de la commune même, ce qui fait que beaucoup de passants ne seront pas électeurs sur la ville. Les distributions de ce type restent donc un « incontournable », mais il ne faut surtout pas s’y limiter.

  • Le plus
    Plutôt qu’une présence toutes les semaines (sauf lorsque celle-ci préexiste de par l’activité de la section, avec des ventes de L’Humanité par exemple), privilégier quelques démonstrations de force rassemblant des dizaines de militants, et communiquer avec photos à l’appui sur les réseaux sociaux : ça donne à voir l’ampleur de la dynamique collective.

Distributions ciblées (sorties d’écoles, de crèche, gare, etc.)
De nombreux lieux permettent de croiser des habitants que l’on ne rencontrera pas ailleurs. Les identifier est donc primordial. Pour y organiser des distributions, le plus efficace est de s’appuyer sur les contacts que l’on peut avoir sur place (un parent dont l’enfant est à telle école ou telle crèche, etc.), afin de disposer d’une « porte d’entrée », mais ce n’est pas indispensable. Dans la mesure du possible, adapter à votre objectif le temps choisi, en fonction des possibilités d’échanges avec les gens (exemple : pour la distribution d’un tract, on choisira l’arrivée à l’école, les parents sont pressés mais ils liront le tract au boulot ; pour un échange autour d’un questionnaire, on choisira la sortie, où les parents ont plus de temps pour échanger).

  • Le plus
    Plutôt que de communiquer de manière uniforme, il est préférable de s’adresser aux gens directement sur le sujet de préoccupation que matérialise le lieu, avec des tracts dédiés se rattachant à la démarche municipale globale. Ainsi, on diffusera un tract sur les politiques de transports aux arrêts de bus, un tract sur le périscolaire aux sorties des écoles, etc.

Affichage et affichettes
Le collage d’affiches est une activité souvent maîtrisée par les militants, mais si elle permet de donner une visibilité il ne faut pas en surestimer la portée. Attention aux « collages sauvages » sur l’espace public, qui sont souvent mal perçus par les habitants qui y voient un manque de respect.

  • Le plus
    Éditer des affichettes format A3 à coller dans les montées d’immeubles, pour annoncer des initiatives par exemple. À privilégier sur les parcs de logements sociaux où les espaces communs sont collectifs, là où les copropriétés privées peuvent le prendre comme une forme d’intrusion.

Les tracts et autres supports écrits
Un tract, c’est du travail d’écriture, de mise en page, et de diffusion, sans parler du coût (et du délai) d’impression. C’est donc important d’intégrer ces documents dans un plan de campagne, pour anticiper leur production et leur diffusion. Attention, nous avons souvent tendance à vouloir « tout mettre » dans nos tracts, ce qui brouille le message et décourage la lecture. Il faut donc commencer par se poser la question suivante : « Quel message nous voulons faire passer ? », et décliner ensuite autour de mots d’ordre clairs et synthétiques, visuellement bien présentés. Le respect d’une charte graphique commune tout au long de la campagne est aussi essentiel, pour garantir l’identification de notre démarche. Enfin, « trop » produire de supports généralistes est parfois contre-productif, puisque nous consacrons ensuite une énergie importante à une diffusion large et risquons de fait de négliger l’aspect qualitatif, les échanges avec les gens (voir « Distribution dans les boîtes aux lettres »). À l’inverse, multiplier les supports spécifiques en ciblant leur diffusion, assortie d’échanges avec différents publics, est une bonne façon d’élargir notre audience (voir « Distributions ciblées »).

  • Le plus indispensable
    Tout tract doit comporter un formulaire de contact, ainsi que les liens vers un mail, une page Facebook et le site internet de campagne.

Les réseaux sociaux
Une page Facebook est la base d’une communication numérique. Publier régulièrement des photos dynamiques des initiatives – voire de courtes vidéos – permet de donner à voir l’élan de notre démarche, de prolonger l’enthousiasme collectif. Attention toutefois, les algorithmes qui régissent ce réseau tendent à « fermer les cercles » sur eux-mêmes, il faut donc garder comme boussole l’objectif qualitatif d’élargissement. En clair, on peut avoir une page avec beaucoup de likes, mais issus de l’univers communiste de partout en France, donc avec un rayonnement quasi nul sur la commune.
Pour répondre à cet objectif, il est important que militants, sympathisants et citoyens engagés dans le collectif partagent les publications de la page, invitent leurs amis habitant la commune à la suivre, etc.

Porte-à-porte
C’est l’échange qualitatif par excellence. Il faut en faire un des piliers de la campagne. Pour cela c’est important de favoriser l’implication du plus grand nombre – militants et personnes engagées dans notre campagne – en créant les conditions d’une mise en confiance. On peut organiser par exemple des ateliers préparatoires sous la forme d’un jeu de rôle bienveillant, ou produire une fiche pratique « argumentaire ». Ensuite, il suffit de former des équipes de deux avec un militant expérimenté ou à l’aise et un plus novice, pour faire monter en confiance celles et ceux qui hésitent.
Il faut garder à l’esprit qu’il y a schématiquement deux discours en porte-à-porte : un qui vise à mobiliser activement autour d’un message clé, à réserver aux dernières semaines de campagne et aux éventuelles mobilisations ciblées (« Signez la pétition pour le maintien de la gare »), et un qui doit susciter l’échange, inciter les gens à s’exprimer, à utiliser dans 90 % des cas. Car le porte-à-porte n’est pas une distribution améliorée, ça doit bien être un temps privilégié pour écouter les habitants. À ce titre, un questionnaire citoyen est un bon outil. C’est effectivement indispensable d’avoir un support pour noter les coordonnées des gens afin de les tenir informer, et de « qualifier » les échanges pour les prochains passages, de sorte par exemple à ne plus perdre de temps avec le « facho de service » mais à aller directement vers cette famille qui semblait intéressée par notre démarche. Également, laisser un petit papillon aux portes fermées pour informer les absents de notre passage.
Pour le « moral des troupes », encouragez celles et ceux qui s’y engagent, et terminez toujours par un temps convivial autour d’un verre : le porte-à-porte doit susciter l’envie pour s’inscrire dans la durée !

  • Le plus
    Annoncer le passage d’une équipe quelques jours avant, avec un flyer dans les boîtes aux lettres, le questionnaire si vous en avez un – comme ça les gens peuvent le remplir à l’avance – et éventuellement des affichettes dans les montées d’escalier.

Les ateliers participatifs
Réunir les gens au-delà de nos rangs reste toujours compliqué, souvent mieux vaut aller à leur rencontre « là où ils sont ». Mais quelques ateliers ouverts peuvent être un point d’appui pour approfondir et susciter l’implication. Il faut alors les inscrire dans un plan d’organisation, en prenant le temps de les préparer : invitations ciblées, rappels téléphoniques des contacts, etc., en s’assurant évidemment de la présence des personnes déjà engagées dans le collectif. Ce temps permet d’ouvrir, mais aussi de faire travailler le collectif autour des retours de terrain, par exemple d’un questionnaire citoyen.

  • Le plus indispensable
    Toujours terminer les temps collectifs par un moment convivial avec verre de l’amitié et grignotage, pour souder le groupe, et instaurer une ambiance positive.

Les réunions d’appartement
Il s’agit d’une rencontre chez l’habitant, à son initiative, avec des voisins, amis, etc. C’est un bon moyen de mobiliser les cercles proches de nos sympathisants, dans la proximité directe avec des candidats ou des représentants du collectif. Ce mode d’échanges relativement informel peut être organisé tout au long de la campagne, à ne pas négliger bien au contraire. Pour démarrer, on peut envisager que chaque militant ou citoyen du collectif essaye d’en organiser une, idéalement en présence du tête de liste/chef de file, puis de pointer sur la liste électorale les personnes que l’on connaît et que l’on pourrait solliciter pour en organiser.

 

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Cause commune n° 12 • juillet/août 2019