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La rubrique « militer » de Cause commune se cherche. Donner des clés aux sections, aux fédérations, en partageant les expériences, en réfléchissant aux termes qu’on emploie et à l’articulation entre réflexion et action de terrain… un tour d’horizon important a été fait ; pourtant, parce que militer jour après jour n’est pas un éternel recommencement mais bien une (des) suite(s) d’actions, pensées, réfléchies pour renforcer notre parti, diffuser nos idées, il nous faut réinventer ces pages, dans la continuité.

Pourquoi braver le confinement et, alors que le numérique semble tout absorber, sortir et défendre des femmes et hommes salariés, revendiquer une société plus juste, repeindre des murs à nos couleurs, rendre au partage et à la solidarité ses plus beaux atours en rencontrant ces familles de travailleurs aux fins de mois difficiles ? Être solidaire comme nous nous y attachons, c’est l’être en dénonçant les contradictions du système capitaliste, en mettant en débat nos solutions progressistes, en proposant à chacune et à chacun de s’investir avec nous, de participer aussi à cette solidarité.
Quelle communication penser, à la mesure de ces ambitions ? Alors que nous (re)découvrons notre histoire, riche de cent ans d’affiches et de liens avec de nombreux artistes, nous communiquons pour faire réfléchir, au dehors et entre nous, pour faire penser, pour donner aussi, donner de l’espoir de changement, donner à voir et à entendre autre chose, faire percer une autre musique.
Souvent, sur les marchés, le passant qui prend notre tract nous dit « merci », comme ça, par politesse. Ne sachant peut-être pas trop quoi dire, conscient qu’il faut faire quelque chose, mais quoi ? À nous de l’amener, jour après jour, en continuant à penser nos actions et leurs issues, à nous dire : « Je vous rejoins. »
Delphine Miquel


Var (83)
Le PCF solidaire, actif et disponible pour pérenniser un fleuron industriel

Les Constructions navales et industrielles de la Méditerranée (CNIM) sont un fleuron industriel varois, héritier des savoir-faire seynois. Une débâcle de 100 millions d’euros et la suppression de 619 emplois à Londres ont déstabilisé les CNIM et provoqué l’effondrement de sa valeur en Bourse. Le ministère de l’Économie est intervenu et a fait prévaloir le « marché capitaliste », avec le démantèlement de CNIM pour assurer provisoirement (prêt usuraire à 6 % et vente du siège) sa stabilité financière dans la réalisation des commandes en cours qui, pour l’essentiel, sont des commandes d’entreprises publiques et de l’État… La question se pose de la souveraineté industrielle française et des emplois induits menacés mais aussi de la perte d’activités, de commandes et d’emplois rendus défaillants par le marché financier, ce qui a déjà conduit aux crises boursières de 2008.
Les concurrents de CNIM n’ont aucun intérêt aux chantiers navals, ils veulent récupérer les marchés et surtout les brevets dont CNIM est titulaire. La Seyne, le Var, les emplois, l’intérêt général leur sont étrangers : le capital et ses administrateurs n’ont pas d’identité nationale, ils veulent toucher des dividendes extorqués du travail.

« Nous cherchons à construire un rassemblement citoyen d’intervention populaire agissante. »

Nous cherchons à construire un rassemblement citoyen d’intervention populaire agissante, afin d’assurer par des rapports de force sociaux, syndicaux, politiques, la pérennité des emplois, activités, et donc celle des chantiers eux-mêmes. Avec notre pétition et nos tracts, nos forces militantes parcourent les entreprises et les marchés de l’agglomération afin d’informer, de solliciter et de susciter l’intervention citoyenne de la population varoise, et nous soutenons la pétition publique en cours qui circule sur Internet*.
Alors que certains tentent de sauver leur capital et la propriété des brevets justifiant l’activité et l’existence des CNIM mais surtout leur fortune, nous agissons pour l’intérêt général et le développement social et économique de la région PACA, du Var et de La Seyne-sur-Mer.
Nous revendiquons une nationalisation partielle et un soutien bancaire de l’État stratège industriel, non pas soudoyé, qui se traduisent par un pôle public national de l’industrie de défense. Nous estimons qu’ici c’est possible. Cela l’a été pour Saint-Nazaire face au retrait de STX, cela doit l’être aujourd’hui pour CNIM et d’autres comme General Electric que Macron a bradé pour de vils intérêts particuliers.

*https://www.change.org/su/p/prefet-du-var-cnim-var-laseyne-sécuriser-l-emploi-pérenniser-l-entreprise-industrielle/



Paris (75)
On colle pour interroger

à Paris, dans le 13e, à l’occasion d’un collage, les militants communistes ont combiné différentes activités. Le collage en lui-même bien sûr, masqués, tant que le couvre-feu n’avait pas lieu. Michel est un ancien ouvrier en orfèvrerie, il verse la colle en poudre pendant qu’un jeune camarade, étudiant de 20 ans, mélange avec l’eau dans ce seau qu’ils emporteront au fil des rues. Le confinement ne doit pas nous empêcher de nous exprimer. Le collage est un moment fort du militantisme, il permet de la cohésion, importante en ces temps de confinement où nous voyons moins les camarades, mais aussi une rencontre différente des uns et des autres et, parfois, amène à frissonner en bravant l’interdiction : l’affichage hors des panneaux dédiés à l’expression libre…
Un camarade graphiste a composé spécialement des affiches pour le centenaire du parti : ce sont celles qui serviront ce soir. Elles ont été réalisées pour provoquer, faire réfléchir et réagir celles et ceux qui vont les regarder. Des images politiques, là pour porter des revendications mais surtout faire réfléchir, pas « faire de la com » : qu’importe si les militants ne portent pas le même regard dessus, si elles permettent d’amener du débat et de faire progresser nos idées en s’attardant sur le message que nous faisons passer et sa compréhension.
Ces images ont été partagées sur les réseaux, envoyées à d’autres sections, et pourraient peut-être inspirer ; des graphistes de métier peuvent apporter ce plus à nos activités militantes, à l’image sûrement de nombreux autres camarades dont les compétences sont à découvrir !



« On est une bande de communistes, on s’fend la gueule » (d’à-peu-près Coluche)

Dans le syndicat où je milite – le syndicat national des artistes plasticiens de la CGT (SNAPCGT) – on a une banderole qu’on déploie en manif’ où il est inscrit : « Militer sans se faire chier ». Pour moi, c’est aussi valable au PCF du 13e où j’ai pris ma carte. C’est cet état d’esprit que j’aime partager avec mes nouveaux camarades. Pour les affichettes qu’on a choisies ensemble, après des discussions sur ce que chacun a envie de porter, mais sans imposer et en conservant la diversité d’appréciation, c’est la même volonté qu’on affiche. Les images sont des détournements de sales gosses, un peu potaches, sans prétention, un soupçon provoc’. Elles n’ont pas d’autre fonction que de marquer le coup pour les 100 ans du PCF en essayant de faire sourire et d’exister un peu dans l’espace public par une différence de ton. Pour le journal de la section, qu’on a crânement appelé Bande de communistes et qui vient de paraître, c’est pareil. L’expression est libre et sans complexe. Un peu de sérieux, un peu de sensible, un peu d’humour, parce que ça ressemble à ceux qui l’ont fait. Chacun a envie de dire et de faire des choses et ces outils de militance que la section édite et diffuse sont un ciment supplémentaire pour porter et pour partager de la pensée politique du collectif dans la rue et sur les réseaux sociaux. Et si, en plus, ils sont bien faits, alors on est un peu plus fiers de les diffuser et les gens sont un peu plus heureux de les recevoir.
Tout ça, c’est une expérience à partager mais elle est forcément unique et non reproductible à l’identique car elle repose sur des individus, des personnalités qui s’accrochent, s’entendent, s’organisent et se regroupent pour échanger et agir. Ailleurs, ce mélange sera d’une autre nature et produira des actions, des paroles et des images différentes.

Bruno Charzat est militant PCF de Paris 13e.



Nord (59)
Parier sur la communication visuelle

Par Soizic Lozachmeur

Des affiches sur les réseaux sociaux pour créer la discussion et poursuivre l’activité militante en temps de crise sanitaire.

Communistes, nous sommes attachés à l’activité sur le terrain : être présents sur les marchés, faire des collages, discuter directement avec les gens pour les convaincre, etc. Mais comment faire quand une pandémie nous force à rester chez nous alors qu’à la crise sanitaire se mêlent des crises économique et sociale ? Heureusement, n’étant pas d’un naturel résigné, face à l’adversité, nos réflexions collectives nous apportent des solutions.
Ainsi, dans la fédération du Nord, pour que nos messages continuent de se propager, de toucher le plus de personnes possible, nous parions sur la communication visuelle, surtout sur les réseaux sociaux. C’est pour nous un début de réponse à cette situation exceptionnelle. Trente-neuf millions de Français et de Françaises utilisent activement les réseaux sociaux. Tout le monde peut constater que la bataille idéologique se mène aussi en ligne et nous devons nous investir activement et massivement dans cette dernière.

« La bataille idéologique se mène aussi en ligne et nous devons nous investir activement et massivement dans cette dernière. »

C’est pourquoi, tout particulièrement pour les 100 ans de notre parti, nous avons veillé à rappeler, par le biais d’affiches, les avancées obtenues en partie grâce au PCF, ainsi que les valeurs qui nous guident. Nous arrivons à toucher en moyenne dix mille personnes, seulement pour Facebook. Ce n’est pas encore optimal, mais sur le long terme nous espérons un développement. Certes, par rapport à la discussion sur un marché ou en porte à porte, il est plus difficile d’estimer si nos idées emportent la conviction. Néanmoins, avec cette série d’affiches pour notre centenaire, nous voyons fleurir des débats et des échanges entre hommes et femmes, militants et citoyens qui se sont engagés pour la libération de Nelson Mandela. Des jeunes prennent le relais pour la cause palestinienne et la libération des prisonniers politiques. Ce genre d’initiative crée du lien entre les générations de militantes et de militants et aide à convaincre.
Cette crise sanitaire nous isole. Les réseaux sociaux ne sont pas LA solution politique au contexte actuel mais ils peuvent contribuer à la conscientisation de la population et à créer le débat ; ils sont un complément à l’activité de terrain.

Soizic Lozachmeur est responsable départementale à la communication de la fédération du Nord du PCF.



Charente (16)
Soutien aux salariés de Verallia : les luttes continuent !

Par Christophe Grassullo

Les communistes de Charente suivent de près et soutiennent fortement le combat des verriers de Verallia à Cognac. Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, s’est déplacé pour la troisième fois, le 28 décembre, à Cognac pour participer à l’assemblée générale des salariés en grève depuis cinq semaines et apporter le soutien du PCF à leur mobilisation.

La fermeture d’un four et la suppression d’environ quatre-vingts emplois (dont vingt-cinq licenciements secs) sur le site de Cognac sont l’enjeu de cette lutte. Tout cela a été décidé par un actionnariat où prédominent des fonds de pension et d’investissement, américain et brésilien. Ce groupe n’est pas menacé par les conséquences de la crise sanitaire. Il a connu une production record en 2019, à peine écornée par un ralentissement en 2020. En juin dernier, le conseil d’administration décidait d’ailleurs de verser 100 millions d’euros de dividendes, en cash ou sous forme de rachat d’actions.
Et le 21 juin 2021 est déjà sur les agendas pour un conseil d’administration qui prévoit d’ores et déjà un nouveau versement de 100 millions d’euros a minima en faveur des actionnaires. Les travailleurs savent ainsi déjà à quoi répondent les objectifs assignés par leur direction. Il ne s’agit pas de sauvegarder et de créer des emplois, encore moins de satisfaire les besoins d’un marché où le verre est en pleine croissance. Il convient de répondre aux exigences de rentabilité financière d’investisseurs qui n’ont en fait aucun projet industriel, contrairement aux salariés.

« Une gabegie écologique nourrie par la mise en concurrence entre les travailleurs et une recherche forcenée d’une baisse du “coût du travail”. »

Les salariés et leurs organisations syndicales défendent leurs emplois, leur outil de production mais pas seulement. Le groupe entend ainsi faire fabriquer encore plus de flasques dans des usines basées en Ukraine voire en Chine, dont une partie serait importée pour répondre aux besoins du marché français. Une gabegie écologique nourrie par la mise en concurrence entre les travailleurs et une recherche forcenée d’une baisse du « coût du travail ».
L’État, au travers de la Banque publique d’investissement (BPI), actionnaire de Verralia, n’est pas démuni pour agir et empêcher une nouvelle saignée dans l’emploi et un nouveau démantèlement de production. Mais le ministre de l’Économie, en réponse à la CGT et aux parlementaires communistes, s’est pour l’instant contenté de reprendre les éléments de langage de la direction du groupe et de défendre sa logique de rentabilité immédiate. Il se déclare impuissant face aux mécanismes d’évasion fiscale mis en place par le groupe
La lutte, soutenue par les communistes charentais et les parlementaires, peut encore empêcher un nouveau plan de destruction des activités et des emplois. La collecte de fonds en solidarité aux grévistes avec la CGT et les distributions dans les localités proches pour informer et agréger les soutiens se poursuivent.

Christophe Grassullo est membre de la commission nationale entreprises et lieux de travail du PCF.



Vendée (85)
Solidarité, on n’a rien inventé de mieux…

Par Marie-Françoise Michenaud et Bernard Violain

Depuis trois ans désormais, les communistes de la Roche-sur-Yon ont pris l’habitude de planter leur Barnum rouge de la solidarité chaque jeudi dans un quartier de la ville. C’est devenu une « institution ».

L e rendez-vous est attendu. Les familles nous donnent leurs adresses et leurs coordonnées téléphoniques ou numériques. Ce n’est pas une « distribution de denrées alimentaires », c’est chaque semaine un rendez-vous politique qui permet aux gens de dialoguer avec nous et entre eux, et d’agir dans l’actualité, de rejoindre également le parti. C’est aussi un rendez-vous d’éducation populaire. Nous sommes « à fond » dans tout ce qu’il y a de plus noble dans la prise en charge de l’humain et de la planète. « Éduquer » au bien manger, au manger sain, c’est aussi ouvrir les consciences sur l’importance capitale de s’occuper de la planète et de ses écosystèmes.
Pris par ce bout-là, tout naturellement ceci a ouvert des champs nouveaux de discussion avec les producteurs bio du département qui s’appliquent semaine après semaine à nous fournir des produits de « haute qualité ». La question nous est posée : « Combien ça coûte ? » Nous pourrions répondre : « La solidarité n’a pas de prix. » Bout à bout entre les recettes glanées sur place près des familles et les efforts des communistes, le budget s’équilibre. Certes, pour le « Noël de la solidarité », ce mardi 22 décembre, le budget était plus élevé. Ce sont environ cent vingt familles qui y ont participé. Familles accompagnées la plupart du temps par leurs enfants, en tout près de trois cents personnes. « Une grande foule », comme l’aura noté le directeur départemental adjoint de la rédaction de Ouest-France qui découvrait l’initiative des communistes. Un très bel article fidèle à l’esprit de la journée.
Comme elle le fait régulièrement à l’occasion des « Jeudis de la solidarité », la municipalité de la Roche-sur-Yon a apporté son soutien actif : mise à disposition du marché couvert, fourniture du matériel pour le marché solidaire, convention avec le cinéma pour l’organisation de deux séances spécialement dédiées aux enfants. Nous avons vu des « gamins » les yeux pétillant, lorsque l’élu municipal leur remettait l’enveloppe contenant l’invitation.
La « solidarité » ne s’est pas limitée à un seul sens. Elle était aussi entre les communistes. La section du PCF du canton de Luçon avait tenu à être présente et active, accompagnée d’une famille luçonnaise. Idem pour Valentin des Herbiers et pour Julien, syndicaliste CGT à EDF, président de la caisse mutuelle des gaziers et électriciens de Vendée-Loire-Atlantique, Jean-Marc Jolly secrétaire régional CGT Agroalimentaire Bretagne, Pierrick, un compagnon de route du PCF de longue date… C’est tout un esprit d’équipe et de fraternité qui a régné sur ce très beau Noël de la solidarité. Vingt-cinq communistes ont participé à cette initiative dont de nombreux nouveaux adhérents.

Marie-Françoise Michenaud et Bernard Violain sont membres de la fédération de Vendée du PCF.

Cause commune n° 21 • janvier/février 2021