© Claude Lazar, Une lueur paradoxale, 2009.
Profondément engagé dans les combats antifascistes des années 1970, le peintre Claude Lazar se rend en 1972 à Avignon au colloque « Pour un front culturel révolutionnaire », convoqué par les revues Les Cahiers du cinéma, Cinéthique et Tel Quel. Il assiste à une commission sur le thème de la « Crise idéologique de la bourgeoisie », qui lui inspire durablement toute une série de toiles représentant des vues urbaines désertées. Peints sur fond noir, les villes et intérieurs exsangues symbolisent la fissure du pouvoir, la tragédie inévitable d’un système à bout de souffle. Un temps dystopique où la structure aurait finalement eu raison de l’individu.
Prémonition ou avertissement ? Si l’artiste ne définissait pas vraiment quelle serait la nature de cette crise (alerte nucléaire, krach boursier, catastrophe écologique), le confinement qu’il nous est donné de vivre nous amène à percevoir ces œuvres avec un sentiment renouvelé d’intense proximité.
Alors que l’épidémie emporte nos proches, elle dévoile également les failles d’un système trop avide d’incantations illusoires et de beautés éphémères. Les consciences sortent alors de la caverne et tout est inversé : la fiction devient réalité. Les vrais héros, celles et ceux que l’on foulait du pied, apparaissent au grand jour, tandis que les imposteurs sont démasqués. C’est le début du printemps et les solidarités bourgeonnent. Ça chante, ça crie, ça vit au balcon, d’une tout autre manière. L’humanité reprend ses marques, vers quels horizons ?
Lien vers le site de l’artiste : http://www.claudelazar.com
Merci à Claude Lazar pour son témoignage.
Élodie Lebeau