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Tanya Habjouqa (Amman, 1975), Occupied Pleasures (série), Gaza, Za’tara, Hizma, Abu Dis, 2009 et 2013, photographies.

Pendant que le gouvernement israélien d’extrême droite commet les exactions les plus criminelles en Cisjordanie depuis la deuxième Intifada (2000-2005), l’Institut du monde arabe (IMA) célèbre à Paris « Ce que la Palestine apporte au monde ». À travers un parcours se déployant dans les sous-sols et au cinquième étage du bâtiment, les commissaires de l’exposition (Elias Sanbar, Marion Slitine, Albert Dichy et éric Delpont) appellent le visiteur à une « réflexion sensible » sur les manières de « faire musée » en et pour la Palestine.
Dans un premier espace, une sélection de la collection du Musée national d’art moderne et contemporain de la Palestine (MNAMCP) présente des œuvres d’arts plastiques qui ont été données par les artistes du monde en solidarité avec la cause palestinienne. Hébergé temporairement par l’IMA, ce musée ambitionne, quand la situation politique le permettra, de s’installer à Jérusalem-Est, capitale revendiquée de la Palestine occupée. Dans une petite salle au centre, celles et ceux qui sont munis des derniers smartphones pourront apprécier L’Atelier du nuage (2023), première œuvre collective d’un musée-en-devenir à Gaza, le Musée Sahab (nuage/cloud), impulsé par le collectif Hawaf (marges), qui valorise le patrimoine de la ville. Plus loin, dans un espace clos résonne la voix de Mahmoud Darwich proclamant son « Éloge de l’ombre haute » devant le Conseil national palestinien réuni à Alger, en février 1983, en réaction au massacre des camps de Sabra et Chatila (Beyrouth, septembre 1982).
Dans un deuxième espace, des photographies d’artistes issues des fonds du MNAMCP et de l’IMA rendent compte, non sans une touche d’ironie tragique, de la vie contrainte et des bonheurs rares des Palestiniens au quotidien, sur leurs terres ou en exil. Elles dialoguent avec des clichés du XIXe siècle d’une Palestine « orientalisée », destinés à susciter chez le regardeur colonial des envies de lointain. Deux manières de voir une terre, habitée ou sanctifiée ?
Enfin, une dernière salle au cinquième étage est dédiée à l’engagement de Jean Genet en faveur des Blacks Panthers et des Palestiniens. L’histoire de deux valises nous plonge dans un processus d’écriture fragmentaire et énigmatique qui aboutit, un mois après la mort de Genet , à la publication de sa plus grande œuvre : Un captif amoureux (1986).
Exposition à voir et revoir à l’Institut du monde arabe, à Paris, jusqu’au 1er octobre 2023.

Cause commune n° 35 • septembre/octobre 2023