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Andreï Molodkin, Dead Man's Switch (L’interrupteur de l’homme mort), installation, The Foundry, Maubourguet (Hautes-Pyrénées), 2024.

Les 20 et 21 février dernier, la Haute Cour britannique s’est penchée sur le dossier de l’Australien Julian Assange, lanceur d’alerte et fondateur de WikiLeaks. Les juges doivent trancher : peut-il bénéficier d’un procès en appel, comme il le réclame, ou son extradition vers les États-Unis est-elle légitime en vertu de l’Espionage Act ? Le verdict tombera après le 5 mars. Dans le second cas, cent soixante-quinze ans de prison l’attendent. Autrement dit, c’est un arrêt de mort.
Dans ce contexte, l’artiste russe Andreï Molodkin, résidant à Maubourguet dans les Hautes-Pyrénées, a annoncé que si Julian Assange trouvait la mort en prison, il ferait exploser seize œuvres majeures de l’histoire de l’art moderne et contemporaine (Pablo Picasso, Andy Warhol, Rembrandt, Andres Serrano, Santiago Sierra, Sarah Lucas) qui lui ont été confiées par des collectionneurs et des galeristes. Au sein de la Foundry, son centre d’art expérimental établi depuis une décennie, trône désormais un imposant coffre-fort de vingt-deux tonnes, renfermant plusieurs caisses en contreplaqué. Selon ses mots, « il s’agit d’un mécanisme similaire à celui qu’employait la CIA dans les années 1970 pour détruire des documents. Toutes les vingt-quatre heures, quelqu’un doit nous donner une preuve de vie de Julian Assange. Si Assange meurt, les œuvres seront détruites. S’il est libéré, les œuvres le seront aussi. Les termes de la négociation sont simples. »
Avec ce nouveau projet Dead Man’s Switch, l’artiste cherche à susciter une réflexion sur la contradiction existante, dans la pensée bourgeoise, entre la valeur de l’art et celle de la vie humaine.

élodie Lebeau-Fernández