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L’artiste plasticien Bruce Clarke signe une œuvre aussi esthétique que politique avec la série des Fantômes de la mer.

 

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Fantômes de la mer, 2016 © Bruce Clarke.

Artiste engagé dans les luttes anti-impérialistes, Bruce Clarke intègre ses questionnements sur l’ordre du monde dans sa recherche plastique, aussi délicate qu’éloquente.
Ces toiles ont été conçues en 2016, année particulièrement meurtrière pour les migrants, dont plus de cinq mille ont disparu lors de naufrages au large de la Libye. Ce projet rend hommage aux victimes du trafic humain en mer Méditerranée, à celles et ceux qui fuient la guerre, la misère et la terreur constante qui font le quotidien de leur pays natal. Celles et ceux en quête de refuge et d’avenir, dont nombreux n’atteignent pas le rivage européen et périssent en mer, sous l’œil indifférent des États qui refusent toute aide aux bateaux de fortune qui dérivent sur leurs côtes. Celles et ceux qui, une fois arrivés, comprennent bien vite le mirage de l’accueil des réfugiés et n’en finissent pas d’être traqués.
Les personnages sont représentés grandeur nature, debout et la tête haute, marcheurs dignes à qui on refuse la condition humaine. Ces œuvres sont également pensées pour être reproduites en très grand format et être exposées en extérieur, pour interpeller les passants qui ne peuvent plus détourner le regard et rendre visibles celles et ceux dont l’existence est bafouée.
Fantômes de la mer, fantômes de la société, les migrants sont invisibilisés, humains sans droit ni reconnaissance, errant parmi les citoyens qui refusent de voir la misère d’en face et d’admettre la responsabilité de leur gouvernement, si ce n’est leur propre culpabilité.
Les Fantômes de la mer font partie de l’exposition Invisible memories qui a eu lieu au centre d’art Jean-Pierre-Jouffroy de Bonneuil-sur-Marne. Ces œuvres ont aussi été exposées à la galerie Art-Z à Paris.

Laura Verdugo

Cause commune n° 21 • janvier/février 2021