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Rubrique coordonnée par Valentin Brouillard-Dusong

Faire le choix de la bataille financière comme thématique de notre deuxième rubrique n'est pas le fruit du hasard. Sans remettre en cause les capacités de mobilisation financière du parti, de par ses cotisants, ses souscripteurs et ses élus, nous savons bien que la question des moyens est de plus en plus prégnante dans notre engagement quotidien.

En effet, qu'y a-t-il de plus frustrant pour nous, communistes, que de ne pas avoir les moyens financiers de nos ambitions militantes ? D'autant plus que nous savons mieux que quiconque combien les moyens financiers sont gages d'indépendance politique autant que d'efficacité militante. L’objectif n’est pas de nous étaler sur les débats à proprement parler de la trésorerie du parti. En outre, il ne s’agit pas non plus de déconnecter la bataille financière des batailles politiques que nous menons. Il s’agit plutôt de les faire se développer simultanément, de faire en sorte qu’elles se complètent.

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Partons donc simplement du constat que les communistes, dans leurs secteurs d'engagement (cellules, sections, fédérations) ont constamment besoin de moyens supplémentaires. Ajoutons à cela un second constat : les moyens ainsi que l’expérience pour les mobiliser sont très inégaux d'une section et d'une fédération à l'autre. Cette différence est évidemment inhérente à notre structure et à notre implantation historique. Mais nous avons une marge de manœuvre considérable dans le développement du partage d’expériences et de savoir-faire dans ce que l'on appelle la vie financière.
Nous avons choisi dans ce numéro d'apporter notre pierre à ces enjeux. Nous avons donné la parole à des camarades qui organisent des événements permettant la mobilisation de moyens financiers. Ces quelques exemples, agrémentés d’éléments techniques, répondent à l'exigence du partage d’expériences.
La rubrique sera également largement inspirée de l'idée que, dans toutes nos pratiques, nous pouvons évoluer pour réussir le pari de la bataille financière. C'est également en ayant cette idée en tête que nous avons donné la parole au MJCF, concerné par cette problématique – d’autant qu’est posée l'exigence d'apporter dans les prochaines années de nouvelles pratiques pour notre organisation.

Valentin Brouillard-Dusong

Ne laissez pas passer Noël !

Noël est l'occasion de mener une activité financière. Les possibilités sont nombreuses, parmi lesquelles la vente d’huîtres, de chocolats, de vins, etc. Les huîtres peuvent être commandées chez un ostréiculteur et du coup permettre à la trésorerie de se remplir un peu, et aux camarades de bénéficier de prix plus raisonnables. Les camarades commandent en amont et viennent récupérer leur commande à la fédération ou ailleurs. Aucun risque n'est pris pour la trésorerie !

 

Bataille financière en quelques mots

Trésorerie. Nos instances nationales, nos fédérations, nos sections et nos cellules ont tout intérêt à développer une trésorerie à l'échelle de leurs besoins, sans cesse renouvelés, davantage dans un esprit de conquête que de gestion. L'investissement est primordial mais nécessite une organisation rigoureuse.
Initiatives. Elles sont le moteur de notre évolution. Ce sont toutes les rencontres avec les sympathisants, les curieux ou les partenaires qui permettent de faire connaître nos batailles politiques, nos campagnes de terrain, à travers une multitude d'idées et de déclinaisons.
Militants. Une grande partie de notre activité repose sur l’implication qu'apportent les communistes dans chacune des initiatives que nous prenons. Couplé à des moyens financiers, le travail militant se transforme en mine d'or pour le rayonnement du parti, et doit être sans cesse valorisé.
Cotisations. Premier poste de recette des sections, les cotisations matérialisent le lien entre l'adhérent et l'organisation. Le prélèvement automatique rend la cotisation bien plus efficace pour le parti et doit être une bataille permanente.
Événements. L'organisation d'un tournoi sportif, d'un concert, voire d'un festival, sont des exemples d'initiatives qui permettent de coupler vie financière et animation culturelle. En travaillant avec des associations, nous pouvons mettre sur pied des projets de grande envergure qui marquent les cons­ciences par la solidarité qui s'y manifeste.
Publications. L’utilisation des publications communistes est un élément à part entière de la bataille financière. Vente de L’Humanité-Dimanche, abonnement à Cause commune, diffusion des livres publiés régulièrement par des camarades, comme celui d’Alain et éric Bocquet, sont des exemples de ce que nous avons à notre disposition.
Souscriptions. Pour le conseil national, pour les fédérations ou pour  L’Humanité, les appels aux dons lancés aux adhérents et aux sympathisants sont généralement un succès et démontrent le soutien populaire dont bénéficie aujourd’hui notre parti. Elles restent un bon levier pour lever des fonds pour nos actions.
Objets. Des tee-shirts, des gobelets ou des briquets siglés de nos visuels et slogans sont les bienvenus pour accompagner nos tables politiques, nos comptoirs. Ils participent à propager nos idées, à populariser nos batailles, souvent avec humour et ouverture d’esprit.
Partenaires commerciaux. Travailler régulièrement avec les mêmes fournisseurs, créer des liens de confiance, valoriser des petites productions respectueuses de nos valeurs doivent être des boussoles pour nous. Une gestion audacieuse de nos partenaires est souvent l’occasion de faire des économies pour l’organisation de nos initiatives.
Repas. Organiser des repas internes ou en direction de nos sympathisants et partenaires est souvent une occasion de lier convivialité militante et activité financière. Ces repas sont l’occasion de conjuguer la valorisation militante,  le lien avec les organisations amies ou avec les partenaires commerciaux.
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Vous avez besoin de conseils pour organiser une initiative ?
Vous voulez partager une expérience militante dans les colonnes de la rubrique ?
N’attendez plus, contactez notre équipe !
militer@causecommune-larevue

Le Rove : les communistes, présents au quotidien !

La section de Rove (Bouches-du-Rhône, entre Marseille et Martigues,
4 600 habitants) organise tout au long de l’année des événements populaires
qui permettent de financer l’activité du parti.
Comme nous l’explique Vivienne Rosso, responsable de l’animation financière et de l’organisation des initiatives, « la clé, c’est l’organisation ». Chaque événement est conçu comme un temps de convivialité et de partage. Deux fois par an, à l’automne et au printemps, la section organise une soirée dansante rassemblant plus de deux cent cinquante personnes.
Celle d’automne prend la forme d’un buffet de qualité, avec une animation musicale, et la place est à 25 euros par personne. Le buffet est préparé la veille par une équipe de camarades, puis il faut installer la salle, tenir les entrées et la buvette, et enfin ranger et nettoyer. En tout, ce sont près de cinquante camarades qui s’investissent de près ou de loin. La communication est traditionnelle : tracts, affichettes, bouche-à-oreille… et les inscriptions sont prises tout le long du mois précédent. Au printemps, le format change légèrement, c’est une soirée repas à 15 euros par personne, mais la philosophie reste la même.
En parallèle, deux autres temps rythment l’année : l’assemblée de rentrée en septembre, et les vœux du parti. Là, le repas est offert à la population (spaghettis, bien préparés et peu onéreux), et c’est l’occasion de présenter les combats du parti à tous ceux qui participent. La jauge des deux cent cinquante personnes est presque systématiquement atteinte ou dépassée, une tombola est organisée en complément. En septembre 2017, nous explique Viviane, les camarades ont vendu « sur table » plus de deux cents billets à 2 euros, le tout dans la bonne humeur ! Un loto vient compléter le tableau. Ainsi les communistes rythment toute l’année la vie du village.
Un exemple magnifique d’une pratique politique populaire et émancipatrice, le tout en intégrant pleinement la dimension du combat financier : bravo aux camarades !

Le loto de la section de Fontaine (38)

Entretien avec Michel Barrionuevo, trésorier de section
La section de Fontaine tient chaque année son loto, vers le mois de novembre. Générant 3 200 euros de bénéfices, pour une participation oscillant entre quatre cent cinquante et cinq cents personnes, il est un événement majeur de l’agenda politique et financier communiste de la section.
La clé du succès, c’est la communication : en 2016, le loto était référencé sur plus de trente-sept sites internet différents. Il a fallu répertorier tous les sites d’information locaux, ceux qui relayent les événements à l’échelle du département et de la région, ceux des passionnés de lotos, ceux qui permettent de poster des annonces gratuites, etc. (liste des sites concernés sur http://www.pcf-fontaine.fr/noel-avant-lheure-au-super-loto-du-10-decembre-2016-20h-salle-edmond-vigne-a-fontaine/).
Ce mode de communication, en plus de nos traditionnels flyers, affichettes, publications Facebook… est réellement celui qui permet de garantir une large participation : plus de 75 % des participants répondent qu’ils ont eu l’information par ce biais. Pour quelques demi-journées de « copier-coller », c’est intéressant ! évidemment, il faut s’y prendre à l’avance : publier les annonces au moins un mois avant l’événement, ce qui veut dire acheter les gros lots plus tôt encore. Plus l’annonce internet est déployée largement et publiée tôt, plus elle « montera » dans les moteurs de recherche, et c’est ainsi qu’on garantit sa visibilité !
En ce qui concerne les lots, nous privilégions ce qui est « visuel » plutôt que les bons d’achat : VTT, télé écran plat, outillage, paniers garnis… le tout en guettant durant les mois précédant les promotions, et en ayant quelques bons plans avec des commerçants amis. Nous prévoyons aussi des lots de consolation en cas d’égalité, pour le gagnant qui perd le tirage au sort.
Enfin, deux choses à ne pas oublier : faire le fléchage de la salle une semaine à l’avance… et prévoir deux camarades ayant une voix forte et une bonne diction pour le tirage et l’annonce des numéros !

Réussir un loto

Recette pour quatre cent cinquante participants /
3 000 euros de bénéfice net
Les ingrédients
• 1 000 euros de lots, dont 500 euros consacré aux trois gros lots,
• une buvette avec sandwichs et crêpes, 12 litres de pâte à crêpes (+ de 200 crêpes) env. 600 euros d’achat de consommables (boissons + nourriture),
• 5 000 cartons,
• des pâtes sèches en guise de pions,
• de quoi tamponner le dos des cartons à l’entrée, lors du paiement,
• une sono, un boulier et un tableau de marquage empruntés à une association de la ville.
Les délais
• acheter les « gros » lots un mois et demi à l’avance,
• commencer à communiquer sur Internet au moins un mois à l’avance.
Des prix populaires pour les cartons
3 euros = 1 ; 10 euros = 4 ; 16 euros = 7 ; 20 euros = 10.
Le jour J
• ouverture à 19 heures, début à 20 heures, fin autour de minuit trente.
• 6 parties à 2 quines (ligne complète) et 1 carton plein,
• 4 parties à 1 carton plein,
• 2 pauses de 20 minutes chacune pour faire tourner la buvette.
Contrôler les cartons des gagnants : seuls les cartons tamponnés à l’entrée ont été payés.

Une philosophie d’action

Deux questions au Mouvement jeunes communistes de France, Doric Curto, administrateur, et Gwenn Herbin, coordinatrice à la vie financière.

Comment le MJCF aborde-t-il les enjeux du financement ?
Doric : Le MJCF est une organisation autonome. La subvention du PCF couvre environ 40 % du budget national, les 60 % restant correspondent aux cotisations et aux initiatives financières. Dans les fédérations, il n’est pas rare que cette part d’autofinancement représente plus de 80 % des ressources du MJCF. Comme les jeunes ont le plus souvent de faibles revenus, les initiatives financières sont primordiales dans la vie du mouvement.
Gwenn : Nous impulsons une véritable philosophie d’action, consistant à mener la bataille de l’autofinancement tout au long de l’année, par un ensemble de gestes quotidiens. Les jeunes communistes organisent une multitude d’initiatives d’ampleur diverse, de la simple « table petit déjeuner » dans une fac (où ils vendent café et croissants) à la soirée-concert. Notre objectif peut se résumer ainsi : faire le nécessaire pour nous donner les moyens de nos ambitions politiques. Pour cela, nous lions en permanence animation politique et animation financière.

Pouvez-vous développer ce que vous entendez par là ?
Gwenn : Nous essayons toujours de donner une dimension politique à nos initiatives financières, et vice-versa. Lorsque le MJCF, y compris l’UEC, organisent une soirée, il s’agit tout à la fois de permettre aux jeunes de pouvoir sortir pour pas trop cher, de sensibiliser sur nos actions, et donc pas seulement de « faire rentrer des sous ». Idem, une distribution de tracts peut très bien être agrémentée d’une vente de gâteaux… et ainsi favoriser, d'une autre ma­nière, la discussion, l’échange.
Doric : Faire vivre un mouvement qui est aujourd’hui la plus importante organisation politique de jeunesse de France, ça nécessite des moyens : rassembler plus de six cents jeunes lors d’un congrès, plus de deux cents lors de notre camp d’été annuel, envoyer des délégations en voyages de solidarité… Pour cela, nous encourageons les fédérations à collecter des fonds tout au long de l’année. Faire appel au parti doit se faire uniquement en dernier recours : c’est aussi ça l’apprentissage de l’autonomie.

Un engagement militant et populaire

« Nous avons d'énormes marges de manœuvres ». Cette phrase, prononcée avec certitude par le trésorier national du PCF lors de notre rencontre, témoigne du chemin qui reste à parcourir dans le domaine de la bataille financière. Entretien avec Jean-Louis Le Moing.

Cinquante pour cent, environ des communistes sont à jour de cotisations poursuit-il, montrant bien que la bataille des cotisations est bien la « mère des batailles ».

La cotisation – La mère des batailles.
Ce constat – un communiste sur deux est à jour de cotisation – soulève plusieurs questions. À la fois directement la question financière, mais également notre conception de la place de l'adhérent dans l'organisation.
Sur la question financière, Jean-Louis nous rappelle qu'elle représente six millions d'euros par an, soit 21 % des ressources du parti. Cela explique l'enjeu essentiel que représente le fait que les communistes cotisent plus. C'est une garantie quant au développement du parti, ses actions militantes, ses événements futurs.
Mais « elle est éminemment politique » cette question, rappelle-t-il à plusieurs reprises. Derrière cette bataille de la cotisation se pose bien la question du lien à l’adhérent, de notre capacité à mettre en mouvement un maximum de communistes, de leur garantir une pleine souveraineté (le droit des adhérents étant souvent lié à la question de la cotisation comme lors des consultations).

« La cotisation représente six millions d'euros par an, soit 21% des ressources du parti. »

D'ailleurs, il le souligne, les structures qui font des efforts et qui mettent en place des choses pour améliorer leur gestion des cotisations connaissent un développement général que ce soit sur la trésorerie mais également sur le nombre d'adhérents, voire de militants.
D’événements du parti pour faire de la « vie financière » il ne sera pas directement question lors de cet entretien. Ce n'est pas réellement son sujet, mais pour lui le lien est pourtant évident. Il est convaincu qu'amener le débat des finances à tous les échelons du parti est un vecteur de développement d'initiatives.

Amener le débat partout dans l'organisation
Il faut permettre aux communistes de se saisir des enjeux financiers. Il ne faut pas seulement avoir une réflexion reposant exclusivement sur le trésorier (sans remettre en cause sa responsabilité) mais mettre ce débat dans l'esprit des camarades, ouvrant l’opportunité à chacun de s'en saisir. Cela est bénéfique y compris dans l'organisation d’événements « vie-financière » qui « motivent plus les camarades », sachant les enjeux. « La transparence n'est pas qu'une question de principe, elle est d'abord un gage d'efficacité » conclut-il.

La souscription – marqueur de notre singularité
Elle représente près de 20 % de nos moyens. Elle est pleine de symboles. Elle représente à la fois la force populaire de notre organisation, qui n'a nul pareil en France. Elle est gage d'indépendance financière pour notre organisation. Mais la souscription est également un levier important pour maintenir un rayonnement et un lien avec ceux qui gravitent autour du Parti, sympathisants et partenaires. Et ce n'est pas à négliger.

Propos recueillis par Valentin Brouillard-Dusong

La brocante, un lien avec le quartier

Entretien avec Jean Baptiste Pallares
L'action des camarades du 5e arrondissement de Paris lors de la brocante annuelle du quartier montre bien que mener de l'animation « vie financière » est une manière efficace de développer du lien dans les quartiers.
Au départ, le mode d'emploi est simple : la section récupère souvent des livres et les bibliothèques du parti regorgent déjà d'ouvrages disponibles pour les militants ; alors, pourquoi pas les vendre ?
Et c’est ce que les camarades ont fait à la brocante le  15 octobre dernier. Le succès financier a été au rendez-vous d'autant plus que la météo a été du bon côté ! Les organisateurs de la brocante avaient demandé aux camarades d'être discrets et d'éviter « l'affichage » communiste. Qu'à cela ne tienne, sur les tables, certes pas de drapeaux, mais des flyers pour inviter à une réunion publique et des Humanité Dimanche à disposition des plus curieux.
Autre bénéfice de cette initiative, l'implication des militants, soit pour vendre, soit pour discuter avec les passants, soit les deux. Cette action a été une bonne occasion pour mettre en dynamique les adhérents, dans une action de proximité. Elle a permis également d’apparaître de manière différente et efficace auprès des habitants du quartier. Elle a enfin renfloué leur trésorerie.