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Marc Saint-Saëns, Cinq poings, circa 1966, encre, 98 x 68 cm. Fonds fédération de Paris/PCF
© Adagp, Paris, 2022. Crédit photographique : Thierry Débonnaire

Pendant deux mois (du 29 novembre 2021 au 29 janvier 2022), une exposition artistique a été installée Espace Niemeyer à Paris, pour fêter le centenaire du Parti communiste français. Plus de cent cinquante œuvres étaient présentées afin de montrer les liens unissant cette organisation à certains – et pas des moindres ! – artistes plasticiens du XXe siècle. Proximité idéologique, luttes et engagements politiques communs, nombreux étaient les prétextes ayant amené ces créateurs à côtoyer, et parfois se lier d’amitié avec des personnalités communistes du siècle dernier. Force omniprésente dans les milieux intellectuels tout au long de cette période, ce parti a attiré de nombreux artistes dans sa sphère d'influence, adhérents ou compagnons de route. Les tableaux et œuvres d'art exposés sont pour la plupart des cadeaux faits à ses dirigeants par leurs auteurs. Ces œuvres constituent un fonds unique, d'une richesse artistique inouïe.
Yolande Rasle et Renaud Faroux, les deux commissaires de l'exposition, souhaitaient mettre ces productions en valeur et les replacer dans leur contexte politique d'origine. Fernand Léger, Pablo Picasso, Marcel Duchamp, Ernest Pignon-Ernest, Bernard Rancillac, Michel Parré, la coopérative des Malassis… L'art devient engagé avec ces artistes. Les classes populaires sont représentées avec réalisme, leurs héros sont magnifiés, leurs victimes honorées. Les toiles d'Édouard Pignon et de Fernand Léger expriment cette volonté, tout comme le choix de montrer les conflits destructeurs menés par des dictateurs semant leurs horreurs mortifères, comme dans le diptyque d’Eduardo Arroyo, La colombe est étranglée (1963).
Une émulsion artistique et politique se crée, initiée par les avant-gardes du début du XXe siècle. Et la liberté s’exprime partout, à l’image du poème de Paul éluard qui retentit dans une tapisserie de Fernand Léger : « Sur le front de mes amis / Sur chaque main qui se tend », peut-on y lire. Les poings de Marc Saint-Saëns, reproduits exceptionnellement ici, la réclament hardiment. Ces artistes sont libres, comme leur art.

Victorine Prévost-Meyniac

Cause commune • mars/avril 2022