Le président Salvador Allende assiste aux obsèques de son compagnon de route,
Carlos Cortés Díaz, ancien syndicaliste et ministre de l’Urbanisme de l’Unité populaire.
Santiago, 11 septembre 1971.
© Raymond Depardon (Magnum photos).
Le coup d’État au Chili du 11 septembre 1973, dirigé par le général Augusto Pinochet, est l’un de ces événements tragiques qui a marqué l’histoire mondiale au XXe siècle. Dans le cadre du 50e anniversaire de cette tragédie, la galerie Le Château d’Eau à Toulouse présente une exposition sensible de photographies sur le Chili des années 1971 et 1973, prises par les célèbres photojournalistes Raymond Depardon et David Burnett.
Au premier étage, dans une salle circulaire où pénètrent encore les rayons du soleil, le regard de Raymond Depardon nous plonge dans les espoirs suscités par l’Unité populaire, en ville, dans les quartiers pauvres, comme dans le monde paysan. Son appareil scanne les réalités chiliennes pendant le gouvernement de Salvador Allende sans faire l’économie des difficultés rencontrées par cette coalition (problèmes de ravitaillement, grèves des camionneurs, manifestations d’opposition menées notamment par le groupe d’extrême droite Patria y Libertad).
La scénographie est mise au service du propos de l’exposition en invitant le visiteur à monter pour redescendre. Il faut dire que l’architecture du bâtiment s’y prête bien. Le sous-sol, plus obscur et humide, nous fait revivre la journée terrible du coup d’État et les exactions militaires qui ont suivi (autodafés, arrestations arbitraires, le Stade national de Santiago transformé en camp de concentration). De la capture du palais de la Moneda aux funérailles de Pablo Neruda, les photographies de David Burnett, qui dialoguent aussi avec celles de Luis Poirot, réveillent, pour les plus anciens d’entre nous, les souvenirs terribles d’un espoir piétiné.
Exposition à découvrir à la galerie Le Château d’Eau, Toulouse, du 3 octobre 2023 au 7 janvier 2024.
Elodie Lebeau-Fernández
Cause commune n° 36 • novembre/décembre 2023
