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Joseph Ayerle, Leaving Bergamo, 2017, image mouvante Glitch (détail), NFT, du cycle
The Art Of Surviving One Day On Planet Earth In 2017, © Wikimedia Commons

Les œuvres numériques peuvent être reproduites à l’identique en grande quantité, sans aucune perte de qualité. C’est la raison pour laquelle, elles ont été longtemps difficilement commercialisables. Pourtant, les NFT (Non Fongible Token, jeton non fongible) permettent d’authentifier une œuvre numérique comme étant unique. Ils bouleversent l’art traditionnel, nous interrogent sur l’original, sur la nature de l’art, et transforment l’économie de l’art, dans un marché qui attire de plus en plus les professionnels de l’art.
Comme la cryptomonnaie, les NFT reposent sur la technologie blockchain (chaîne de blocs) qui est une base de données partagée, sécurisée, infalsifiable, sans « tiers de confiance » (une personne ou une institution qui vérifie les transactions) où ils sont enregistrés et cryptés, avec l’historique des propriétaires afin d’authentifier les œuvres et d’en garantir la propriété exclusive. Ils sont donc traçables grâce à leur signature numérique – le cryptage – qui garantit leur authenticité et leur unicité (chaque NFT a une identité unique ; il ne peut pas être remplacé par un autre qui serait identique – c’est la non-fongibilité). Le propriétaire n’est pas détenteur d’une œuvre tangible mais uniquement d’un jeton dans lequel est intégrée l’œuvre numérique, ses propriétés, un certificat d’authenticité et un droit de propriété. Les artistes, dans tout cela, sont rémunérés sur la vente et la revente des œuvres numériques, celles-ci étant traçables.
Mais qu’en est-il de la valeur artistique ? Comme l’avait fait Walter Benjamin en son temps avec la photographie, nous pouvons nous interroger sur la transformation de la nature de l’art et sur sa redéfinition à l’ère des NFT. Certains NFT peuvent atteindre des sommes considérables, la valeur de l’objet étant définissable sur la base de l’offre et de la demande. Les NFT ne représentent-ils pas avant tout un marché de spéculation, l’œuvre étant alors considérée comme un placement qui escompterait un retour sur investissement ?

Carole Hoffmann est professeure des universités en arts plastiques

Cause commune n° 33 • mars/avril 2023