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Gracia Barrios, Se abrirán las grandes avenidas… S. Allende, 1976, Museo de la Solidaridad Salvador-Allende, Santiago, Chili

Le MO.CO. Montpellier Contemporain ouvre ses portes à une exposition inédite en France consacrée aux « musées en exil ». Sur le modèle de l’exil du Guernica qui, selon les volontés de Picasso, ne pouvait rentrer en Espagne qu’une fois la dictature franquiste terminée, ces musées constituent des institutions temporairement situées à l’étranger. Ils sont hébergés dans des pays qui assurent leur accueil dans l’attente de leur (ré)installation dans la patrie pour laquelle, ou dans laquelle, ils ont été créés, une fois que des conditions politiques favorables seront réunies.
Présentant une sélection d’œuvres issues de trois collections – celles du Musée international de la résistance Salvador-Allende (MIRSA, 1975-1991), aujourd’hui Museo de la Solidaridad Salvador-Allende à Santiago du Chili, du Musée d’art contemporain de Sarajevo (Ars Aevi, 1992-1999), et, pour la plus récente, du futur Musée national d’art moderne et contemporain de la Palestine (2014-à nos jours), déposée actuellement à l’Institut du monde arabe à Paris –, l’exposition propose également quelques détours sur l’histoire des collections déplacées, notamment celles du Prado à Madrid, du Louvre et du musée Fabre de Montpellier, pour les protéger respectivement des désastres de la guerre d’Espagne puis de la Seconde Guerre mondiale.
L’œuvre ici reproduite a été réalisée par une artiste chilienne, Gracia Barrios (1927-2020), lors de son exil en France, au côté de son époux, le célèbre peintre José Balmes. Elle appartient à la collection française du MIRSA et illustre une des phrases du dernier discours de Salvador Allende, prononcé au cœur même du bombardement du palais présidentiel de la Moneda et retransmis sur les ondes radiophoniques. Gracia Barrios symbolise ici les « grandes avenues où passera l’homme libre » par un chemin blanc lumineux où s’avancent des pieds et des jambes colorés. Il semble écarter par la force de sa lumière la réalité morne et tragique de la vie sous la dictature, représentée en noir et blanc par des jambes humaines, parfois couchées pour rappeler le prix mortifère du coup d’État.

Élodie Lebeau-Fernández

Exposition ouverte du 11 nov. 2022 au 5 fév. 2023, au MO.CO., 13, rue de la République, Montpellier.

Cause commune n° 31 • novembre/décembre 2022