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En juin dernier, le Mouvement de la paix, en partenariat avec La Croix et Planète paix, via l’Institut français d’opinion publique (IFOP), a sondé l’opinion sur « les dépenses militaires et l’élimination des armes atomiques ». Le résultat, s’il n’est pas très surprenant, est plutôt navrant.

Commentaires de l’institut : « Depuis 2010, de moins en moins de Français se prononcent pour une baisse des dépenses publiques dans le secteur militaire. Ainsi, si, en 2010, la défense et l’armée recevaient 45 % des citations parmi les domaines où les dépenses devaient être baissées en priorité en cas de disette budgétaire, seuls 18 % des personnes interrogées réitèrent ce choix en 2018. Ils étaient encore 37 % en 2012. »

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Vu les menaces (terrorisme, opérations extérieures, etc.), ça se comprend, ajoute l’IFOP. Certes, certes. Les dangers sont multiples, réels, et le besoin de protection est justifié. Mais l’idéologie dominante a su transformer les risques d’instabilité en fantasmes, en propagande de guerre, propres à banaliser les conflits, justifier les dépenses de surarmement et l’argumentaire de guerre froide de l’Orga­ni­sation du traité de l’Atlantique nord (OTAN).
Un numéro commun de grands journaux européens réputés « sérieux » (Le Monde, The Guardian, Gazeta, La Stampa et Süddeutsche Zeitung) se permettait récemment de publier un dossier alarmiste, intitulé « Sur tous les fronts : Russie, terrorisme, cyberespace : jamais depuis la Deuxième Guerre mondiale l’Europe n’a dû faire face à autant de menaces à la fois » et agrémenté d’un photomontage où un char (russe ?) explosé au pied de l’Arc de Triomphe donnait à Paris des airs d’apocalypse.
Ainsi Macron, l’apôtre de la diminution de la dépense publique, a pu annoncer, la veille du 14 juillet, une augmentation du budget de la Défense de 16 milliards d’euros sur sept ans, pour passer 34 à 50 milliards d’euros, soit de 1,7 à 2 % du PIB. C’est le seuil qu’exigeait l’OTAN, Paris suit.
La même enquête, cependant, montre que l’opposition aux armes atomiques reste majoritaire dans l’opinion. 76 % des sondés sont pour l’élimination totale des armes atomiques dans le cadre de l’Organisation des Nations unies (contre 81 % en 2012). 67 % pensent aussi que la France doit ratifier le traité d’interdiction des armes nucléaires, adopté à l’ONU le 7 juillet 2017 mais boycotté par la France.
Une minorité (44 %) est en faveur du renouvellement de l’arsenal atomique français, mais elle n’était que de 36 % en 2012.

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Cause commune n°8 • novembre/décembre 2018