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Une enquête de BVA pour la MACIF et la Fondation Jean-Jaurès (fin 2022) confirme combien le rapport au travail a changé ; c’est particulièrement net avec la nouvelle génération, celle des 18-24 ans. Là, le besoin de reconnaissance, d’être entendu est très fort. « Les jeunes stigmatisent une carence globale d’écoute et de participation, alors que ce sont des éléments fondamentaux dans leur recherche d’épanouissement professionnel », note le directeur de la fondation Jérémie Peltier. Pour 40 % des (jeunes) sondés, l’un des rôles principaux d’une entreprise est de donner à ses salariés les moyens de s’épanouir professionnellement. Quand on leur demande ce qui manque surtout aujourd’hui dans l’entreprise, 36% répondent « la place accordée à la parole et à la participation des salariés » et pour 29 %, c’est « un management basé sur la confiance et l’autonomie ». Ces jeunes ont parfois des aspirations paradoxales. Ainsi pour 38 % (et même pour 49 % de diplômés au-delà de bac+3), l’environnement de travail idéal, c’est un bureau attitré. Dans le même temps, ils n’entendent pas renoncer au télétravail occasionnel (32 %), voire à la possibilité de travailler chez soi quelquefois (44%, et même 63% à partir de bac+3). Ainsi le travail n’est plus limité à un seul lieu ni un seul temps ; toutefois ces jeunes « rejettent les espaces anonymes et sans intimité tels que les open spaces et le flex office (ou “bureau opéré” par équipe). Cela correspond à leur besoin de reconnaissance ».
Les sondés ne semblent pas dupes des « chartes de valeurs » qui fleurissent un peu partout : « Si une entreprise a défini de “belles” valeurs mais que la façon dont ses salariés sont traités s’inscrit en décalage avec ces dernières, ils percevront cette contradiction » (Jérémie Peltier).
Les valeurs qui leur donnent le plus envie de travailler dans une entreprise sont le respect (57 %), la confiance (44%), l’écoute (29 %) et la solidarité (28 %). « Il s’agit d’une riposte à une société jugée individualiste et apathique. La notion revendiquée d’épanouissement, assez surprenante, englobe cette quête de sens. »
Notons encore que les jeunes disent préférer les entreprises « locales » aux grands groupes et ils ne sont que 20 % à désirer vivre dans des métropoles. « À l’inverse des préjugés les concernant, les jeunes n’ont pas la bougeotte et vivre à l’étranger n’est pas une aspiration majeure », constate encore cette étude.

Cause commune n° 35 • septembre/octobre 2023