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Après la consultation des communistes et l’assemblée des animatrices et animateurs de section qui a permis de fixer l’ordre du jour du congrès extraordinaire, Émilie Lecroq, chargée de la vie du parti au sein de la direction du PCF, nous livre les enseignements qu’elle tire de cette première séquence et présente les enjeux de la poursuite du processus d’élaboration collective.

Comment s’est déroulée la consultation des communistes ?
Près de 14 000 questionnaires nous sont parvenus dans le cadre de la consultation des communistes qui avait pour objectif de définir collectivement les grands thèmes à aborder lors de notre congrès extraordinaire de 2018. À ce chiffre nous pourrions ajouter l’ensemble des camarades qui ont participé à une assemblée générale, une réunion de quartier ou de section qui n’ont pas forcément rempli le questionnaire. Ainsi, nous pouvons estimer que plus de 20 000 communistes ont participé, en un mois et demi, à la réflexion lancée dans cette première étape de préparation de notre congrès.

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Assemblée des animatrices et animateurs de section, le 18 novembre 2017.


Malgré ses imperfections, la consultation a permis d’entamer discussion et réflexion dans de nombreux endroits. Les échanges qui se sont déroulés ont souvent permis de dépasser les seuls questionnements proposés par le document pour en faire venir de nouveaux sur le devant des préoccupations et intérêts des communistes.
Ces échanges, ces rencontres ont eu lieu dans la quasi-totalité des départements. Et malgré le peu de comptes rendus qui nous sont parvenus, les échanges que nous avons eus avec nombre de communistes ayant rempli la consultation témoignent d’une multiplication de rencontres pour faire vivre la réflexion collective.
Ainsi la consultation a permis d’associer, dès le début du processus du congrès, de nombreux communistes. Parmi les adhérentes et les adhérents nous retrouvons bien sûr des camarades qui participent très régulièrement à la vie de notre organisation mais également d’autres plus éloignés des structures locales et parfois même certains pour lesquels nous ne possédions même plus une adresse postale valide.

Quels enseignements en tirez-vous pour la suite de la préparation du congrès ?
Le premier enseignement que nous pouvons tirer de cette consultation est que, quand nous ouvrons des espaces de construction collective, les communistes s’en emparent et y prennent toute leur place. C’est un élément important pour la suite de la préparation de notre congrès. Plus de communistes maîtrisant des sujets, des questions qui nous paraissent important d’aborder à l’occasion de notre congrès, c’est plus de communistes capables d’agir dans leur organisation et dans la société, et avec une meilleure efficacité.
Il nous faut travailler encore, dans les semaines et les mois à venir, à associer un nombre toujours plus grand de communistes à nos réflexions, nos activités, afin de leur permettre de prendre pleinement leur place dans notre parti pour l’enrichir et les enrichir de l’échan­ge de nos réflexions. La démarche de la consultation a créé une dynamique dans les fédérations, si bien que beaucoup nous ont indiqué que leurs animateurs et animatrices allaient continuer, dans leur département, de rencontrer des communistes les plus éloignés de nos structures et ainsi leur permettre de verser leurs avis aux débats à venir, en suscitant discussions et échanges. Il faut faire ce travail partout où cela est possible avec les outils qui nous paraissent les mieux adaptés pour cela.
Le second enseignement que nous pouvons en tirer est que, malgré l’année difficile que nous venons de vivre, le PCF, ses militantes et militants constituent une force importante. En effet, mobiliser plus de 20 000 communistes rien que dans la première étape de notre congrès est un signe encourageant pour le devenir et le développement de notre parti.

« Assises de l’écologie, campagne nationale pour le droit des femmes et contre les violences, mobilisation pour les communes et l’égalité des territoires dans la République ou encore bataille pour une nouvelle industrialisation avec Alstom, autant d’ initiatives qui nous permettent d’ancrer notre congrès dans le réel. »

L’assemblée des animateurs et animatrices de section a décidé de travailler « par chantiers ». Quels sont-ils ? Comment, concrètement, la discussion se mènera-t-elle ?
L’assemblée du 18 novembre a été un succès tant par l’affluence – plus de 930 délégués – que par la qualité du travail produit. À cette occasion, nous avons pris la décision de travailler autour de quatre grands thèmes :
• Les luttes et le combat communiste. Avec ce thème il s’agit d’avancer concrètement dans l’élaboration d’un projet communiste du XXIe siècle. Ainsi nous ouvrirons, à ce propos, des chantiers qui mêleront réflexions et actions sur des grands axes de bataille (écologie, progrès social…).
• Le deuxième thème est celui de notre démarche de transformation et de rassemblement dans la société française. Il s’agit de produire une analyse de la société française et notamment des conditions de la lutte des classes. Ce document constituera le cadre dans lequel nous élaborerons une proposition d’orientation de notre démarche stratégique de transformation et de rassemblement, sur la base d’un bilan de la période écoulée et des enjeux de la nouvelle période.
• Le troisième thème est celui de la transformation du parti. Il vise à définir l’organisation que nous devons être, ainsi que les changements à opérer pour y parvenir. Nous avons listé cinq premiers chantiers de travail : le lien de notre parti avec les classes populaires, au travail comme à la cité ; notre politique de formation ; notre communication ; la conception et le rôle de nos directions ; les nouveaux modèles d’organisation dont nous avons besoin.
• Enfin le dernier grand thème concerne les élections européennes. Nous souhaitons définir le sens de notre campagne pour 2019 et le type de liste que nous voulons construire. Contrairement aux autres thèmes, ce travail débouchera sur un conseil national fin mars, qui prendra des premières décisions d’orientation et fera des propositions, notamment un calendrier d’élaboration et de validation de nos listes.
Vous le voyez, cette feuille de route est très ambitieuse. Elle exige la participation, la réflexion d’un nombre important d’adhérentes et adhérents de notre parti afin de traiter largement et en profondeur l’ensemble de ces sujets. Mais cette diversité de chantiers permet également à chacune et chacun de rentrer dans la préparation de notre congrès par la porte d’entrée qui lui est la plus appropriée.

« Les états généraux du numérique en mars, notre convention pour l’art, la culture et l’éducation populaire fin septembre, les initiatives autour de la lutte pour la paix comme la lutte contre le racisme sont des éléments essentiels pour alimenter notre réflexion. »

Pour entamer les échanges autour de la feuille de route et passer concrètement dans le travail de chantier, nous devons, partout où cela est possible, faire des comptes rendus de la réunion 18 novembre. Cela facilitera la mise en place de plans de travail autour des différents chantiers. Bien sûr, chaque section ne pourra pas forcément traiter l’ensemble. Il est donc important de sélectionner ceux sur lesquels il semble plus judicieux de travailler, plus particulièrement, en fonction des priorités ou spécificités locales, tout en offrant évidemment la possibilité aux adhérentes et adhérents de participer aux débats en ligne sur les autres chantiers.
De plus, chacun des chantiers doit être l’occasion d’expérimenter concrètement, de partager sur nos actions et les transformations que nous appelons de nos vœux. Ces expérimentations seront des éléments importants pour alimenter la réflexion, pointer les difficultés à surmonter, comme les réussites à démultiplier.
Cette méthode de travail par chantier n’exclut pas la possibilité de contributions plus traditionnelles qui pourront nous parvenir par courrier postal ou sous format numérique.

Dans le même temps le comité national a décidé de la tenue d’états généraux du progrès social, mais aussi d’assises communistes de l’écologie et d’autres temps forts. Comment articuler l’ensemble ?
Nous l’avons affirmé dès le mois de juin : « Le PCF affrontera tous les défis de la prochaine période » et c’est avec cet esprit offensif que nous voulons aborder la préparation du congrès.

« Les états généraux pour le progrès social sont un moment important pour donner chair au rassemblement et à la construction citoyenne que nous appelons de nos vœux. »

Toutes ces initiatives sont au cœur de l’actualité. Que ce soit les assises de l’écologie, la campagne nationale pour le droit des femmes et contre les violences, notre mobilisation pour les communes et l’égalité des territoires dans la République ou encore la bataille pour une nouvelle industrialisation avec Alstom, comme dans d’autres initiatives. Toutes nous permettent d’ancrer notre congrès dans le réel, à partir des préoccupations concrètes de la population. Et parce que l’action nourrit la réflexion, ces batailles, comme les états généraux du numérique en mars, notre convention pour l’art, la culture et l’éducation populaire fin septembre, les initiatives autour de la lutte pour la paix (mobilisation du 22 septembre et le centenaire de la Première Guerre mondiale), comme la lutte contre le racisme avec une journée d’étude au printemps sont autant d’éléments essentiels pour alimenter notre réflexion et faire grandir, en permanence, le nombre de personnes qui souhaitent réfléchir et agir avec nous.
Les états généraux pour le progrès social ont une importance toute particulière. Ils seront l’occasion pour chacune et chacun de nous, dans nos quartiers, villages, villes ou départements, d’aller à la rencontre de syndicalistes, de militants associatifs, de citoyens, pour leur proposer de débattre à partir des sujets qui les intéressent, pour construire ensemble. C’est un moment essentiel pour donner chair au rassemblement et à la construction citoyenne que nous souhaitons.

Les outils numériques sont régulièrement évoqués car ils permettent d’innover dans l’organisation des débats. Quelle sera leur place pour le congrès ?
Les outils numériques sont d’abord des espaces de partage, de mise en commun et de coélaboration. Autant d’éléments qui structurent notre engagement communiste. Nous avons pour objectif d’élargir le nombre de communistes avec qui nous communiquons régulièrement afin de cocons­truire avec eux, dans le cadre de la préparation de notre congrès comme dans celui des initiatives et batailles qui l’accompagnent.
Ces outils doivent nous permettre, à partir d’un travail de recensement des adresses électroniques, d’inviter plus largement à participer aux initiatives et rencontres que nous organisons. Ils vont également nous permettre d’affiner la connaissance que nous avons de chaque adhérent afin de lui proposer des actions en lien avec ses centres d’intérêt, ses combats, ses compétences.
Les outils numériques doivent faciliter tout autant la mise en lien de toutes et tous, adhérentes et adhérents, animatrices et animateurs locaux du PCF de façon à élargir le cercle de celles et ceux qui peuvent s’investir et participer, avec leurs spécificités et selon leurs disponibilités, à la vie des structures locales de notre organisation. Ce sont des outils pour aider les animateurs locaux du parti à démultiplier les liens de proximité.

Propos recueillis par Léo Purguette

Cause commune n° 3 - janvier/février 2018