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Répondre aux besoins des jeunes en matière d’enseignement et d’emploi,
en particulier, exige leur implication pour une autre voie européenne.

Pour beaucoup de jeunes, la question européenne apparaît comme très lointaine, trop floue. On nous répète en permanence que le parlement européen n’a aucun pouvoir et que la politique européenne n’aurait pas de conséquences directes sur notre quotidien. Ce qui est complètement faux ! Les politiques libérales et d’austérité au niveau européen ont une influence directe sur nos vies, il y a donc un vrai enjeu à se mobiliser.

Le processus de Bologne
Ce que nous vivons autour de la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), c’est une problématique européenne. Depuis des années, la casse de l’enseignement supérieur public et sa privatisation résultent des différents modèles européens ; c’est le cas depuis la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU.) Le processus de Bologne en est à la base. Il a débuté en 1998, il vise à faire de l’enseignement supérieur en Europe un espace marchand. Il a conduit en 2010 à la création d’un espace européen de l’enseignement supérieur. Tout ce processus entraîne la destruction, ou des tentatives de destruction de l’enseignement supérieur tel qu’il est en France. Cette politique génère le développement de la précarité et la sélection à la formation, facteurs d’exclusion sociale pour des millions de jeunes sans formation ni qualification. Elle a fait preuve de son échec patent pour répondre à l'objectif d’une classe d’âge formée à un haut niveau de qualification.

Les jeunes ont leur mot à dire
Ce n’est donc pas sans conséquences et nous avons notre mot à dire. Il y a une vraie nécessité de porter le refus des projets européens de privatisation de l’enseignement supérieur, de la marchandisation des savoirs et de la concurrence pour promouvoir ainsi des coopérations au service de la recherche et de la réussite des étudiants. Au nom des exigences de rentabilité et de compétitivité, les jeunes sont la cible privilégiée de politiques structurelles de marchandisation et de privatisation. Quels que soient leur niveau de formation, leur situation dans l’emploi, ils sont victimes de cette décennie d’attaques contre leurs droits. La pauvreté se développe avec les difficultés d’accès à des biens ou services fondamentaux. La solidarité familiale ne parvient plus à compenser ce phénomène.

« Au nom des exigences de rentabilité et de compétitivité, les jeunes sont la cible privilégiée de politiques structurelles
de marchandisation et de privatisation. »

Cette situation, c’est évidemment cette Union européenne qui en est responsable en menant une véritable opération de renforcement de la déqualification, de la mise en concurrence des travailleurs et notamment des jeunes. Depuis des années, les instances européennes travaillent à mettre en place divers dispositifs afin de favoriser l’accès à l’emploi des jeunes. Mais, malheureusement, ce n’est pas efficace et cela ne répond pas au fond du problème. Proposer des mesures de sortie de crise et de promotion de l’emploi des jeunes sera impératif, ce qui nécessite une sortie de l’austérité pour investir massivement dans les besoins fondamentaux de la jeunesse.
Cette incertitude de l’avenir provoquée par les difficultés d’accès à l’emploi et aux poursuites d’études fait le terreau de l’extrême droite. Il nous faut combattre les discours racistes qui pullulent et le climat de haine. De plus, alors que l’Union européenne n’a jamais été aussi engagée dans des conflits armés, il faut construire, en lien avec le mouvement populaire, une politique qui prône la fin des guerres, au service de la paix. l

Camille Lainé est secrétaire générale du Mouvement des jeunes communistes.

Cause commune n°8 • novembre/décembre 2018